25 LIEUX QUI FONT L’INDUSTRIE EN VILLE : PARTIR DES LIEUX POUR BÂTIR UN NOUVEAU RÉCIT INDUSTRIEL
Après une première publication sur “25 lieux qui font l’innovation en France”, France urbaine s’est de nouveau alliée à la Banque des Territoires, à Patriarche et à JLM Conseils pour produire un nouvel ouvrage consacré cette fois à “25 lieux qui changent l’industrie en France”.
À rebours des grandes envolées (louables) sur la souveraineté industrielle ou de la focalisation (nécessaire) sur les “gigafactories”, la démarche vise à repartir des lieux industriels pour saisir ce qui change dans les écosystèmes industriels territoriaux et pour appréhender les contours du nouveau récit local sur l’économie productive.
Faire et refaire de l’industrie un sujet politique, embrassant les compétences et volontés de tous les acteurs locaux, tel est également l’objectif de ce travail, basé sur la conviction que porte France urbaine : la présence d’une industrie innovante et progressivement décarbonée est un élément clef de la cohésion des territoires.
Coïncidant avec la sortie du nouvel ouvrage d’Olivier Lluansi : Réindustrialiser, le défi d’une génération (Déviations, 322 pages, 23 euros), le travail mené sur tout le territoire national pendant un an (visites de terrain, rencontres avec les entrepreneurs et leurs partenaires…) permet de mettre en évidence un principe clef : la consolidation de la part de l’industrie dans le PIB passe d’abord par celle des entreprises déjà présentes dans les territoires. Le “tapis rouge” déployé pour accueillir les projets industriels exogènes doit aussi être proposé aux PME et ETI actuellement implantées en France et qui doivent bifurquer pour faire face aux transformations qui les attendent. “Il faut activer le potentiel industriel caché des territoires” affirme Olivier Lluansi en ouvrant la séance de présentation de l’ouvrage sur les 25 lieux.
Quelques caractéristiques clefs issues de ce voyage subjectifs dans les 25 lieux qui représentent autant de facettes des mutations de l’industrie française :
- Chaque territoire doit connaître, comprendre et valoriser son histoire et sa culture industrielle ; la place de l’industrie à Strasbourg, essentiellement sur le site du Port Autonome, n’est pas comparable à celle de Grenoble ou de Toulouse.
- Cette parole des acteurs locaux sur l’industrie est la condition d’une acceptabilité des développements industriels co-construite avec la population.
- Collectivités et industriels sont co-responsables de leurs projets, leur complicité est essentielle à la consolidation des écosystèmes soutenus par les dispositifs publics tel que Territoires d’Industrie ; l’intérêts des collectivités pour leurs industries doit être équilibré par un engagement des entrepreneurs dans leur territoire (la Responsabilité Territoriale des Entreprises…).
- Les gains de compétitivité des sites industriels français sont intimement liés à leur capacité à se transformer pour faire face à l’impératif de décarbonation ; l’exemple du site papetier Blue Paper à Strasbourg, présenté par Karima Chakri, en coordination avec Anne-Marie Jean, présidente du conseil d’administration du Port et vice-présidente de l’Eurométropole, est emblématique des synergies crées par un investissement majeur dans la transformation durable du process industriel.
- Les collectivités doivent s’impliquer de façon croissante dans la question des ressources essentielles à l’activité productive : accès à une énergie décarbonée et fiable (continuité de l’approvisionnement et stabilité des tarifs), sécurisation de l’approvisionnement en eau,.3 accompagnement dans la collecte, le traitement et le recyclage des déchets, maîtrise du foncier dans le cadre de la sobriété posé par le ZAN…
Au travers des 25 lieux qui changent l’industrie en France, c’est bien un double écosystème qui se dessine : celui des fondamentaux de l’activité productive (main d’œuvre, foncier, filière, ressources…) ; celui des nouvelles aménités de l’attractivité industrielle : logement et services aux salariés, solutions de mobilités, qualité de vie. Une double bonne raison d’impliquer encore plus les territoires dans les dynamiques de réindustrialisation…