STRATÉGIE TOURISTIQUE : LA ROCHELLE CONSTRUIT DE NOUVEAUX ÉQUILIBRES
Quelle feuille de route touristique pour un territoire déjà très attractif ? Comment faire du tourisme une politique publique vectrice de transversalité et porteuse de cohérence pour la collectivité ? Et comment faire du tourisme une activité contribuant positivement à la réduction de l’empreinte carbone d’une grande agglomération… ?
Pour tenter de répondre à ces questions, la Communauté d’Agglomération de La Rochelle a adopté au printemps 2023 une ”stratégie d’équilibre touristique” récemment présentée lors d’une séance de la Commission Tourisme de France urbaine, réunie sous la co-présidence de Cécile Helle, maire d’Avignon et Jean-Luc Bohl, 1er vice-président de l’Eurométropole de Metz.
L’agglomération a placé le mandat 2020-2026 sous l’objectif “Territoire zéro carbone en 2024” et attend du tourisme qu’il soit pleinement partie prenante de cette trajectoire volontariste. Cette approche, qui ne fait pas du tourisme une activité isolée, permet de multiplier les croisements et transversalités avec les autres politiques publiques territoriales : déplacements, eau, déchets, logement, gestion du recul du trait de côte…
Compétente depuis 2017, la Communauté d’Agglomération a construit cette stratégie pendant 2 ans, associant les maires de chacune des communes du territoire, les professionnels du tourisme, ainsi que les habitants, qui ont participé à une enquête de perception du tourisme. L’Université, les acteurs de la formation (lycée hôtelier) et la Technopole se sont également impliquée de façon à nourrir les volets emploi, recherche et innovation de la feuille de route. À toutes les étapes clefs de la démarche, le Département et la Région se sont s’exprimés de façon à faire interagir leurs stratégies avec celle du territoire rochelais.
Une bifurcation progressive de tout le secteur
“Un tourisme choisi, porteur de sens et pour tous, au bénéfice d’un développement respectueux du territoire” : telle est la finalité de la stratégie d’équilibre touristique de La Rochelle. Organisée en 3 engagements et 30 chantiers embarquant tous les acteurs concernés, cette stratégie veut éviter l’élitisme que pourrait provoquer la forte attractivité du territoire rochelais. Il s’agit de monter en qualité en évitant le haut de gamme et de faire pivoter progressivement l’ensemble des activités liées au tourisme :
- les restaurateurs privés sont accompagnés, avec l’appui de la chambre d’agriculture, pour être eux aussi parties prenantes du projet alimentaire territorial et se fournir en “circuits courts”,
- l’incubateur de la Technopole soutient une jeune entreprise innovante qui propose des bilans carbones et des dispositifs d’accompagnement spécifiquement adaptés aux activités touristiques,
- un appel à projets de l’agglomération soutient la transition énergétique des entreprises touristiques,
- le lycée hôtelier organise des “job datings” pour encourager les jeunes à travailler en saisonniers sur l’agglomération rochelaise,
- la rénovation du centre de congrès de l’Encan se fait selon de stricts critères d’exemplarité environnementale, etc.
Deux caractéristiques notables : une dynamique de gouvernance et une politique de la donnée
- La dynamique de gouvernance mise en place pendant l’écriture du document se poursuit pour sa mise en œuvre : un club des professionnels du tourisme se réunit 3 fois par an pour un point d’étape et d’ajustement de la démarche, les deux offices du tourisme et la SEM chargée de l’événementiel établissent leur plan d’actions sur la base de la stratégie et le propose à la collectivité. Les équipes en charge de la démarche se réunissent toutes les deux semaines.
- Une véritable politique de la donnée nourrit et évalue le travail engagé par les différents opérateurs touristiques de l’agglomération, publics et privés. La Rochelle est partie prenante d’un programme européen visant à établir de nouveaux outils d’analyse et d’observation “durables” de l’activité touristique. Au-delà des données de fréquentation “quantitative”, il s’agit de concevoir et mettre en place des indicateurs intégrant l’activité touristique dans une véritable RSE territoriale.