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SANTÉ MENTALE DES JEUNES : L’URGENCE À AGIR

Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), un jeune sur cinq souffre de troubles mentaux dans le monde. En France, plus d’un jeune sur trois déclare avoir déjà ressenti un mal-être psychologique sévère. C’est même un jeune sur deux âgé de 18 à 24 ans qui déclare avoir souffert de troubles anxieux ou dépressifs en France 

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La pandémie de Covid-19 a amplifié ces fragilités, provoquant une explosion des demandes de consultations en psychiatrie et psychothérapie. Depuis cette crise, les passages aux urgences pour tentative de suicide chez les jeunes ont augmenté de 40%. Aujourd’hui, près de 12% des 12-18 ans présentent un trouble psychiatrique nécessitant une prise en charge. 

 Les jeunes, étudiants, issus de quartiers populaires ou en parcours migratoires, sont parmi les plus vulnérables. 

Cette problématique est particulièrement prégnante dans les territoires urbains où l’exposition aux facteurs de risque est exacerbée : densité de population, isolement social, pauvreté et précarité étudiante 

Pourtant, les dispositifs existants peinent à répondre aux besoins, aggravés par la pénurie de professionnels de santé et les inégalités d’accès aux soins. 

Face à l’urgence, la santé mentale a été déclarée « Grande cause nationale » pour l’année 2025 par le Gouvernement. Cet impératif rejoignant, dès lors, l’appel réitérée de France urbaine à faire de ce sujet une priorité partagée par l’ensemble des acteurs institutionnels.  

De la nécessité de consolider l’existant  

En la matière, l’Etat comme les territoires urbains développent, depuis plusieurs années, des outils dont la vocation et la dimension doivent être réaffirmées.  

Initiatives de l’État 

  • Le Pacte des solidarités vise quatre axes structurants. En matière de santé mentale, il promeut notamment le repérage précoce des vulnérabilités psychiques des jeunes, l’aller-vers pour les plus précaires, la création de passerelles entre santé mentale et lutte contre la pauvreté. Est ainsi promu le cofinancement de L’État, d’actions de détection dans les écoles, de lieux d’accueil et d’écoute de premier recours en santé mentale, d’équipes mobiles santé-social pour les publics précaires ;  
  • Santé Psy Étudiant propose huit consultations gratuites pour les étudiants, mais reste insuffisant pour absorber la demande ; 
  • Mon soutien Psy vise un accès facilité aux psychologues libéraux, avec des limites tarifaires. 
  • Renforcement de la prévention des violences et des addictions : soutenu par la MILDECA (Mission interministérielle de lutte contre les drogues et les conduites addictives) notamment auprès des jeunes étudiants. 

Engagement des territoires urbains 

Les grandes villes, agglomérations et métropoles agissent de manière exemplaire : 

  • Les Conseils Locaux de Santé Mentale (CLSM) se déploient fortement comme outils privilégiés et à renforcer de gouvernance locale de la santé mentale. 
  • Les dispositifs d’”aller-vers” et d’ambassadeurs en santé mentale sont multipliés : BlaBlaPsy (Toulouse), ateliers santé mentale dans les quartiers prioritaires (Saint-Étienne), équipes mobiles de rue avec infirmiers psychiatriques (Nantes). 
  • Les actions de prévention en milieu scolaire sont renforcées grâce à l’engagement des villes délégataires comme Lyon, Grenoble ou Paris​​ 
  • Lutte contre les addictions, en partenariat avec les ARS, les universités et les associations sur les campus (ex : sensibilisation aux consommations en soirées étudiantes). 
  • Prise en charge du harcèlement scolaire, dans une logique de continuum sécurité-santé-éducation. 
  • Formation massive aux premiers secours en santé mentale, aux professionnels et aux jeunes eux-mêmes (ex : Bordeaux, Lyon, Toulouse). 

Ces actions démontrent une capacité d’innovation locale forte, mais restent trop souvent freinées par le manque de financements pérennes et l’absence de reconnaissance institutionnelle suffisante. 

Nos 16 propositions pour agir plus vite et plus fort 

En écho aux travaux menés par ces différentes commissions, France urbaine formule ici 16 premières propositions concrètes pour changer d’échelle et soutenir la santé mentale des jeunes : 

Prévenir et agir dès l’enfance

1. Reconnaître et compenser financièrement les villes délégataires de santé scolaire, dont les résultats sont quatre fois supérieurs à ceux de l’État en matière de dépistage​
2. Renforcer les équipes médico-sociales en milieu scolaire (médecins, infirmiers, assistantes sociales)​ et inclure les enjeux de santé mentale dans le cadre des bilans de santé obligatoires (premier degré, collège, lycée)

Former, sensibiliser et repérer

5. Soutenir massivement la formation aux premiers secours en santé mentale (PSSM) pour les jeunes, les professionnels, les bénévoles​.
6. Créer un véritable statut du « pair-aidant » reconnu et financé​.
7. Déployer des dispositifs de sensibilisation adaptés pour les étudiants et jeunes travailleurs.

Aller vers les jeunes les plus vulnérables

8. Financer durablement les dispositifs mobiles d’aller-vers en santé mentale (maraudes santé mentale et équipes pluridsciplinaires de rue) dans les quartiers populaires et les campus​ notamment
Faciliter l’accès aux soins
11. Créer des lieux d’accueil santé mentale de premier recours, en particulier pour les jeunes, accessibles sans prescription médicale​
12. Soutenir les centres de santé non lucratifs qui poursuivent des missions de santé mentale
13. Renforcer les dispositifs de consultations psychologiques gratuites, en complément de Santé Psy Étudiant.
Gouvernance et stratégie territoriale
13. Renforcer le pilotage territorial via les CLSM, et associer systématiquement les collectivités locales dans les stratégies de santé mentale des ARS​.
14. Elaborer au sein des gouvernances locales existantes (CLSPD, Cités éducatives…) un cadre sécurisé de partage d’information en vue d’élaborer de vraies dynamiques territoriales réunissant les principaux acteurs (police, justice, associations, bailleurs, éducation nationale) pour favoriser la capacité de détection et de prévention précoce des situations à risque
15. Décliner au niveau territorial un véritable programme de soutien à la parentalité : accompagnement pratique parents-enfants, implication renforcée des parents dans les stratégies de détection précoce, soutien ciblé aux familles en situation de vulnérabilité (violences intra familiales, précarité, contexte de séparation…)
16. Créer un fonds national pérenne d’appui aux innovations locales en santé mentale, spécifiquement pour les jeunes.

Marion Tanniou
Conseillère Solidarités et cohésion sociale
Honoré Boussamba
Conseiller Sécurité et Institutions
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