PUBLICATION D’UN RAPPORT POUR BOOSTER LA RÉUSSITE RÉPUBLICAINE
Le 14 février, Vincent Léna, conseiller maître à la Cour des comptes, a remis à Juliette Méadel, ministre de la Ville, le rapport « Réussite républicaine », qui fait suite à une mission mandatée par Valérie Létard en novembre 2024.

Une mission qui s’inscrit dans la perspective d’un prochain comité interministériel des villes
Ce rapport s’appuyant sur de nombreuses auditions d’experts, de réseaux associatifs, d’administratifs et d’élus met en évidence « 10 règles d’or » issues du terrain pour « booster » la réussite républicaine des familles en situation de précarité financière dans les quartiers populaires. Il a pour objectif d’alimenter un nouveau comité interministériel des villes attendu au printemps 2025 autour duquel France urbaine se mobilise déjà notamment dans le cadre d’un évènement organisé le 13 mars 2025 à Epinay-sous-Sénart.
Le rapport dresse des constats sur la base de près de 70 exemples d’initiatives et de réussites locales qui soulignent le dynamisme associatif dans ces quartiers. Mobilisant en priorité les moyens de droit commun existants, les programmes proposés visent à mobiliser plus efficacement les dispositifs de l’Etat et les partenaires locaux autour de priorités fortes et d’objectifs atteignables. Dans la perspective du prochain comité interministériel des villes, ces exemples ont vocation à être répliqués et permettent d’éclairer l’ensemble de la chaine des acteurs de la politique pour inventer une politique nouvelle de réussite républicaine.
Les femmes, les adolescents et les enfants au cœur d’actions locales
Plus spécifiquement, ce rapport se penche sur trois groupes de population sur lesquels une attention doit être portée en raison de leur fragilité : les parents, et en particulier les femmes, les enfants et les adolescents. Le rapport cherche alors à comprendre si les nombreuses actions de la politique de la ville mobilisent toutes les ressources disponibles du droit commun de l’Etat sur ces tranches de la population.
Les familles monoparentales pauvres sont surreprésentées dans les quartiers de la politique de la ville, où elles représentent souvent entre 30 et 40% des ménages. Comme il s’agit dans 80% des cas de femmes, généralement dans des conditions financières et professionnels précaires, les effets cumulatifs de la pauvreté sur l’éducation des enfants et des jeunes sont nombreux. Pourtant, le rapport relève que les parents sont pourtant le premier atout pour faire réussir la jeunesse des quartiers, et la sortir de la machine à reproduire les inégalités. Le rapport insiste également sur la situation de la mono parentalité dans les territoires ultramarins qui auront l’occasion de signer de nouveaux contrats de ville en 2025.
Les premiers bénéficiaires et partenaires de l’action publique doivent être les parents qui comptent sur l’école et les services publics pour leur donner les conditions dont eux-mêmes n’ont pas eu la chance de bénéficier. Au-delà des parents, souvent représentés par une maman solo, c’est toute la communauté de vie des familles qu’il faut mieux prendre en compte dans les projets de coéducation. Ce sont aussi les enfants et les jeunes, qui doivent grandir dans un climat de confiance, à l’école, dans les structures de loisir ou en famille, et doivent être invités à penser le monde dans lequel ils veulent vivre. Ce rapport insiste sur les enjeux de démocratie scolaire, de mixité et d’engagement, d’équilibre entre responsabilité individuelle et collective, qui peuvent fonder des générations plus confiantes dans les institutions républicaines et des jeunes citoyens plus confiants dans leur capacité à réussir.
Alors que la reconnaissance des processus de ségrégation urbaine à l’œuvre, et de leurs effets délétères, reste difficile et que la famille est souvent présumée dysfonctionnelle dans les QPV car mono-parentale, la mission propose que la famille devienne une grande cause dans les quartiers, pour travailler ensemble à mieux accompagner les enfants, les femmes et les jeunes vers la réussite républicaine.
Bâtir des territoires de confiance
Pourtant, ces initiatives multiples ont leurs limites. Peu évaluées, difficilement réplicables, tributaires de financements annuels multiples, elles peuvent créer de la concurrence entre associations et décourager les bénévoles. C’est notamment le cas des appels à projets qui peuvent s’avérer contre-productif en annualisant les projets. Il doit impérativement être réservé à l’innovation, à des sujets orphelins et à l’ouverture de partenariats nouveaux, à sécuriser sur la durée.
Le rapport souligne l’intérêt de la décentralisation dans l’esprit du « pacte de Dijon » de 2018 avec les intercommunalités comme chefs de file en misant sur la dynamique de la signature des contrats de ville et en coordination de l’ensemble de la chaine des acteurs de la politique de la ville.
France urbaine s’inscrit dans cette démarche qui promeut notamment la structuration en programmes des politiques publiques qui présente l’avantage de rassembler les objectifs et les moyens dans une même démarche et sur une même durée. Elle permet également de territorialiser plus facilement les moyens de l’Etat, et d’évaluer l’efficience des actions. Sur la base d’objectifs partagés et évaluables, l’Etat doit apprendre à faire confiance aux territoires, en décentralisant ses moyens budgétaires.
Ces positions relatives à la décentralisation des moyens et l’évaluation du droit commun sont deux positions régulièrement portées par la commission politique de la ville inter associative au sein de laquelle France urbaine est active avec Intercommunalités de France, Ville et Banlieue, l’AMF, l’AMIF, l’APVF et Villes de France.
La politique de la ville doit franchir le pas de la structuration en programmes en misant sur des financements spécifiques pour faire levier sur le droit commun des ministères et nouer des alliances contractuelles avec les collectivités locales.
France urbaine salue la publication de ce rapport qui sera mis en lumière lors d’une matinée d’échange et de débats organisée le 13 mars 2025 à Epinay-sous-Sénart à l’initiative de la commission politique de la ville inter associative.