ENTRÉES DE VILLE COMMERCIALES : VERS UNE TRANSFORMATION URBAINE PORTEUSE DE SOLUTIONS
Face à la crise du logement et à l’urgence de transformer la ville sur la ville, les entrées de ville commerciales s’imposent comme des leviers d’action stratégique pour les collectivités locales. Deux enquêtes récentes (l’une menée auprès du grand public par IPSOS pour Icade, l’autre conduite auprès des élus et professionnels par Icade et la SCET) confirment une attente forte de mutation de ces espaces.

Des zones omniprésentes, mais à réinventer
Avec plus de 3 800 sites identifiés en France métropolitaine, les entrées de ville commerciales représentent une part essentielle du tissu urbain contemporain. Zones accessibles, pratiques, concentrant 75 % de la consommation de détail des Français, elles sont aussi des lieux souvent critiqués pour leur manque d’espaces verts, leur artificialisation massive et leur homogénéité architecturale.
Si 69 % des Français les fréquentent chaque mois, une majorité aspire à une transformation profonde. Les entrées de ville ne doivent plus se penser uniquement comme des zones commerciales périphériques, mais comme des quartiers urbains à part entière, mixtes, attractifs, durables.
Le logement en première ligne des attentes
Selon l’enquête IPSOS, 64 % des Français jugent prioritaire ou important pour les futures équipes municipales de construire des logements dans ces zones. Un quart d’entre eux se disent même prêts à y habiter – une proportion qui grimpe à 39 % chez les moins de 35 ans.
Les conditions évoquées pour rendre ces lieux attractifs sont claires : commerces de proximité (32 %), transports en commun optimisés (27 %), espaces verts nombreux et entretenus (26 %), mais aussi sécurité, mixité résidentielle et qualité architecturale.
Un potentiel de transformation colossal
Le baromètre SCET x Icade propose une modélisation inédite : la transformation des entrées de ville permettrait de créer jusqu’à 1,6 million de logements, 14 856 hectares de foncier économique et 10 011 hectares de foncier renaturé ou désimperméabilisé.
Les sites de petite taille (1 à 3 ha), qui représentent plus de 1 000 sites, sont identifiés comme prioritaires pour une requalification à l’horizon du mandat municipal 2026-2032. Leur transformation est plus rapide à engager : ils disposent souvent d’un seul propriétaire, sont proches de quartiers habités, et leur portage économique est plus maîtrisable.
Un consensus fort mais des freins bien réels
89 % des décideurs territoriaux estiment nécessaire de transformer ces sites. Leurs priorités : plus d’espaces verts (60 %), une architecture de meilleure qualité (56 %), des transports mieux adaptés (50 %).
Mais les obstacles sont nombreux : montage complexe, diversité des propriétaires, équilibre économique délicat, ou encore crainte de cannibaliser les centres-villes. Les projets doivent donc être pensés dans une logique de cohérence territoriale, en complémentarité avec les politiques de revitalisation des centralités.
Pour une stratégie collective, durable et opérationnelle
Les partenaires du baromètre, dont France urbaine, appellent à un passage à l’acte.
Quatre leviers sont identifiés :
- agir sur les sites de petite taille dès le prochain mandat municipal,
- structurer une gouvernance à long terme pour les grands sites,
- favoriser la création de foncier économique,
- bâtir une alliance public-privé solide.
Pour cela, il conviendra d’accompagner les collectivités dans la planification, la mobilisation foncière et la pédagogie locale. Les entrées de ville peuvent devenir des catalyseurs de la transition urbaine, si les élus s’en emparent pleinement.