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VOUS AVEZ DIT RÉSILIENCE ? DES INITIATIVES CONCRÈTES ET DES DÉFINITIONS PRÉCISES

La notion de “résilience” recouvre la totalité des politiques publiques nationales et territoriales actuellement aux coudes à coudes avec la notion de “souveraineté”. Sans définition précise, de tels concepts peuvent toutefois mobiliser des valeurs et des modèles tout à fait opposés en particulier dès qu’il s’agit de penser le niveau des solidarités entre territoires et le caractère soutenable des modèles de production.

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La Commission “Stratégies alimentaires territoriales” et la Commission “Alliance des territoires” se sont réunies le 6 mars dernier, avec une trentaine de participants, sous la coprésidence de Frédérique Bonnard Le Floc’h, vice-présidente de Brest métropole, et de Louis Nègre, président délégué de la métropole Nice Côte d’Azur. L’occasion de partager initiatives concrètes et des définitions précises.

La résilience d’un territoire pourrait être définie comme sa faculté à surmonter des chocs de toute nature (climatique, géopolitiques…) pour continuer à assumer certaines fonctions. Elle renvoie à des politiques permettant d’assurer cette résilience, des politiques de réponse :

  • à court terme : pouvoir nourrir une population durant une situation de crise sanitaire et de confinement,
  • et à des réponses à long terme : garantir les facultés de production et la santé globale d’un territoire en transformant les modèles alimentaires et agricoles.

La résilience, une action à court terme fondée sur la capacité à articuler État et territoires

Sur ce premier point, le projet Atlass présenté lors de la Commission “Alliance des territoires” du 6 mars par Gilles Maréchal, président de Terralim, met en avant les enjeux de diffusion au sein d’un territoire des outils de gestion de crise et l’implication de l’ensemble du tissu local.
Atlass soutient notamment une proposition de loi pour renforcer les compétences de planification au niveau territorial. À rebours d’une vision parfois très centralisatrice de la gestion de crise, il est ainsi rappelé l’impératif d’une articulation État-territoires. La prise en main de fonctions logistiques essentielles durant la crise sanitaire par les collectivités et leurs groupements en témoigne. Pénélope Komitès, adjointe à la maire de Paris, chargée de l’innovation, de l’attractivité, de la prospective Paris 2030, de la Résilience ayant établi un plan de résilience rappelle toutefois qu’une telle articulation doit être pensée en vue de garantir que les dépassements de fonction souvent constatés en temps de gestion de crise n’aboutissent pas à des transferts implicites non compensés.

La résilience, une action d’anticipation pour penser un modèle soutenable, avec l’exemple des modèles alimentaires

La notion de résilience peut parfois se centrer sur les facultés de production et stockage en laissant de côté les enjeux de durabilité. Un modèle alimentaire et agricole fondé sur la seule fonction de production immédiate qui omettrait les enjeux relatifs à la qualité et la quantité de ressource en eau, la qualité de l’emploi ou la sensibilité aux importations dans un contexte de hausse du coût des énergies fossiles et de chaînes logistiques centralisées parfois fragiles, ne pourrait être considéré comme résilient.

Souveraineté, résilience, un travail de clarification à engager, une approche développée dans le plaidoyer de France urbaine sur la commande publique

Les chercheurs du projet Atlass alertent ainsi sur l’usage d’indicateurs de résilience n’intégrant pas ces approches et sur le mélange confus existant entre les concepts de souveraineté et de résilience lorsque ces derniers ne sont pas définis.

France urbaine dans sa déclaration sur la commande publique articule de manière claire ces deux enjeux. Aziliz Gouez, vice-présidente de la métropole de Nantes, chargée de l’alliance des territoires le rappelle. La déclaration en cours de signature rappelle ainsi que nos modèles agricoles sont fragiles. Leur consolidation exige de penser une forme de territorialisation – à l’échelle variable en fonction des productions concernées – et une diversification des cultures à rebours de modèles parfois centrés sur la spécialisation et l’export plus sensibles à des chocs. La résilience d’un territoire est à mettre en lien avec l’approche “one health” dès lors qu’il s’agit bien de penser la santé d’un territoire dans toutes ses dimensions. C’est dans un tel cadre que la résilience rejoint la notion de souveraineté qui désigne la faculté d’une population à faire le choix éclairé de son propre modèle et nécessite ainsi de penser des modèles en capacité de se transformer dans le temps mobilisant l’ensemble des parties prenantes et un lien étroit avec des enjeux de citoyenneté et démocratie alimentaires.

Aux fondements de la résilience, les enjeux de coopération interterritoriales

Jean-Jacques Bolzan, adjoint au maire de Toulouse et conseiller métropolitain rappelle ainsi l’important travail de conviction et d’accompagnement nécessaire pour engager des trajectoires de conversion de la culture céréalière vers la culture des légumineuses soutenu par une restauration collective publique mise au service des débouchés des producteurs et des chartes de réciprocité entre pôles urbains et territoires ruraux.

Comme le mentionne Audrey Pulvar, adjointe à la Maire de Paris, chargée de l’alimentation durable, de l’agriculture et des circuits courts, une telle approche est au cœur des actions menées par l’association Agripariseine lancée en 2023 et procédant actuellement à une cartographie de l’offre durable disponible sur le territoire en vue d’engager une dynamique collective de création de débouchés et de consolidation des filières durables.

Nantes métropole, Toulouse métropole, Paris, sans hasard, sont toutes trois signataires du plaidoyer de France urbaine sur la commande publique.

Documenter de telles coopérations, leur diversité tant en termes de secteurs, d’échelles que de modèle, les mettre en avant pour mettre un terme aux débats nourrissant l’opposition des territoires, tel est le mandat que s’est donné la Commission “Alliance des territoires” cultivant les alliances et les articulations avec les autres réseaux de collectivités, en particulier l’Association des maires ruraux de France invitée à clôturer la séquence de la matinée. Un travail est par ailleurs engagé avec la Fédération nationales des agences d’urbanisme pour consolider les outils d’observation sur ces démarches souvent peu mises en avant dans un débat public le plus souvent assis sur des approches standardisées ou polarisantes.

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