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RENCONTRE AVEC LE PREMIER MINISTRE : FRANCE URBAINE FIXE LES GRANDES PRIORITÉS DES ADHÉRENTS

Johanna Rolland, présidente de France urbaine, maire de Nantes, présidente de Nantes Métropole, a rencontré mardi 20 février dernier le Premier ministre, Gabriel Attal à Matignon. Johanna Rolland a livré les enjeux majeurs des grandes villes et métropoles : santé, transition écologique, sécurité et logement, dans un contexte de réductions budgétaires (économies programmées de 10 milliards d’euros, annoncés dimanche dernier par le ministre, Bruno Le Maire).

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Retour en vidéo sur le rendez-vous entre le Premier ministre et la présidente de France urbaine.

Santé : lutter contre la désertification médicale, renforcer la prévention, l’offre de soins et expérimenter sur la santé mentale

La présidente de France urbaine a souligné la nécessité d’apporter des solutions sur la désertification médicale, qui touche les territoires urbains, en particulier dans les quartiers prioritaires de la ville (QPV) en attirant et en fidélisant les professionnels, sans entrer dans une logique de concurrence territoriale.

Le Premier ministre s’est montré sensible à l’accès aux soins pour tous.

Les centres de santé, dont les collectivités sont souvent les financeurs, restent fragiles sur le plan économique. « Nous nous alarmons par ailleurs de l’urgence budgétaire de l’hôpital et des EHPAD publics. Nous avons besoin d’une loi de programmation pluriannuelle permettant d’avoir de la visibilité dans l’action » a affirmé Johanna Rolland. Sur ce point, Gabriel Attal a indiqué que les marges de manœuvre financière étaient limitées. La présidente de France urbaine rencontrera le 26 mars le nouveau ministre délégué à la santé, Frédéric Valletoux, l’occasion de revenir plus en profondeur sur la situation vécue dans le secteur hospitalier.

Sur la santé mentale, France urbaine est active sur le sujet depuis plusieurs années, notamment avec l’Appel de Nantes (novembre 2022). L’association et le gouvernement sont parfaitement alignés : « Nous devons collectivement aller plus loin sur les enjeux de santé mentale et mener des expérimentations sur nos territoires, également sur les questions d’isolement et de solitude » a indiqué la présidente.

Transition écologique : relever le défi du climat par une nouvelle étape de la décentralisation et sans diminuer les crédits du Fonds vert

France urbaine représente des territoires émettant 2/3 des émissions de gaz à effet de serre (GES) et comptent 30 millions de Françaises et de Français, dont 2/3 de la population la plus modeste. Pour être efficaces et répondre notamment au défi climatique, les territoires urbains plaident en faveur de la création d’une Autorité organisatrice de la transition écologique solidaire (AOTES), qui s’appuierait sur les grandes intercommunalités et métropoles. Cette nouvelle étape de la décentralisation est une des contributions portées à l’attention du député de l’Oise, Éric Woerth, qui s’est vu confier une mission par le président de la République sur les enjeux de la décentralisation.

Le Premier ministre s’est montré attentif et sensible à la proposition et aux actions menées par les métropoles et grandes intercommunalités urbaines dans le domaine de la transition écologique.

L’occasion d’énoncer des contreparties nécessaires : « Nos territoires émettant 2/3 des GES, nous souhaitons obtenir 2/3 des crédits du Fonds vert. À cet égard, nous déplorons la réduction du Fonds vert, dès cette année, avec une diminution annoncée de 400 millions d’euros. C’est un très mauvais signal pour nos territoires engagés dans la transition écologique et énergétique » a expliqué la présidente de France urbaine. Il a été demandé au Premier ministre de reconsidérer les taux plafonds du Versement mobilités (VM) dans les grandes agglomérations pour une offre à la hauteur des enjeux.

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Nous déplorons la réduction du Fonds vert, dès cette année, avec une diminution annoncée de 400 millions d’euros. C’est un très mauvais signal pour nos territoires engagés dans la transition écologique et énergétique.

Johanna Rolland
Présidente de France urbaine

Sécurité : lutter contre le trafic de stupéfiants, en allant plus loin

En matière d’insécurité et de drogue, la présidente de France urbaine a réitéré les attentes exprimées dans l’Appel des 50 maires lancé à l’automne dernier pour un plan national et européen contre le trafic de stupéfiants. « L’annonce par le Premier ministre de nouvelles mesures pour le gel des avoirs des trafiquants va dans ce sens » a souligné Johanna Rolland qui a, en outre, rappelé l’attente des élus des grandes villes pour une territorialisation des moyens de la justice en rapport avec l’évolution démographique et le nombre de délits constatés.

Elle a également indiqué que le “plan anti-stups” qui doit être annoncé en mars prochain par le gouvernement pour les villes moyennes était nécessaire aussi pour les grandes villes. Elle a réaffirmé l’action essentielle à mener sur la prévention, notamment par la médiation sociale, la lutte contre l’errance, les marginalisations ou les addictions.

La présidente de France urbaine a enfin demandé au Premier ministre un cap clair et des moyens à la hauteur des enjeux pour la sécurité du quotidien des habitantes et des habitants des grandes villes et métropoles.

Logement : ne pas remettre en cause la loi SRU et déléguer les crédits pour la rénovation de l’habitat

Face à la crise sans précédent que traverse le secteur du logement, Johanna Rolland a rappelé la nécessité que l’État s’engage pleinement, en particulier sur l’hébergement d’urgence qui est et doit rester de la compétence de l’État. Au nom de France urbaine, elle a plaidé contre toute remise en cause de la loi SRU, qui permet de loger des ménages aux revenus modestes : « Le détricotage de cette loi fragiliserait notre pacte républicain déjà fracturé ».

Le Premier ministre a évoqué de possibles adaptations visant à valoriser le logement social historique (PLUS, PLAI), à confirmer dans les prochaines semaines.
À noter les fortes inquiétudes de France urbaine après le décret d’annulation des crédits liés au plan d’économies, paru au JO le 21 février 2024, qui supprime des crédits à hauteur de 300 millions d’euros pour les aides à l’accès au logement, à hauteur de 358 millions d’euros pour le programme 135 (habitat indigne, amélioration du parc existant) et à hauteur de 49 millions d’euros pour la politique de la ville.

La présidente a aussi proposé un renforcement des Autorités organisatrices de l’habitat (AOH) portées par les intercommunalités, sur la base du volontariat. « Il convient d’aller plus loin et plus vite, via ces AOH notamment en leur déléguant les crédits de la rénovation énergétique des logements pour plus d’efficacité ». L’amputation d’un milliard de crédits à l’Anah pour “Ma Prime rénov”, dans le cadre du plan d’économies annoncé par Bercy, est un message contre-productif, compte tenu de l’existence de 5 millions de passoires thermiques et de la dynamique déjà engagée.

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