Actualité Sécurité et prévention

QUEL CONTINUUM DE SÉCURITÉ À L’ÉPREUVE DU NARCOTRAFIC ET EN RÉPONSE AUX BESOINS DES HABITANTS ?

Dans le cadre des Journées Nationales de France urbaine, s’est tenue une session d’échanges sur la sécurité, la tranquillité publique et la prévention dans les grandes villes et métropoles. Ce temps, articulé autour de deux tables rondes successives, a été l’occasion d’interroger les politiques locales de sécurité et le continuum de sécurité à l’aune à la fois du phénomène du narcotrafic mais aussi de la question de l’objectivation des besoins de sécurité et du “sentiment d’insécurité” exprimé par les habitants. Ces débats devraient trouver leur prolongement à Aix-en-Provence, dans le cadre de la Biennale de la sécurité et de la prévention, le 29 novembre prochain.

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En préambule des discussions, David Marti, maire du Creusot, président de la communauté urbaine du Creusot-Montceau et co-président de la Commission “Sécurité et Prévention” de France urbaine, est revenu, en l’absence du sénateur Jérôme Durain (SER, Saône-et-Loire), président de la commission d’enquête sur le narcotrafic, excusé, sur les constats posés par la commission sénatoriale, dont France urbaine a non seulement suivi les travaux mais auxquels elle a contribué.

Le phénomène du narcotrafic, qui constitue un nouveau paradigme des politiques de sécurité, a conduit Mathieu Hanotin, maire de Saint-Denis et président de l’établissement public territorial de Plaine Commune, à rappeler que les maires et les communes n’avaient pas de compétence à proprement parler en matière de lutte contre les trafics mais qu’ils étaient amenés à devoir répondre aux nuisances engendrées par les trafics aux dépens des habitants.

Rappelant les actions menées dans sa ville, le maire de Saint-Denis n’a toutefois pas caché ses réserves sur l’efficacité des mesures préconisées dans la bataille contre le narcotrafic, estimant que devait être à son sens posée la question de la légalisation du cannabis.

Des propos qui ont conduit Émilion Esnault, adjoint au maire de Toulouse et co-animateur de la commission “Sécurité et Prévention”, à réagir pour “faire vivre le débat sur cette question” et à pointer “une mesure qui, indépendamment des opinions qu’elle peut susciter, arriverait sans doute déjà tard et serait condamnée à l’inefficacité du simple fait que les points de deal ne sont plus “mono-produits” aujourd’hui.”

“Occuper le terrain”

Ces échanges ont permis également à Catherine Delorme, présidente de la fédération Addictions, de présenter les actions déployées par les acteurs de la fédération qu’elle préside, animées par le fait essentiel d’ “occuper le terrain”. Mettant en exergue la nécessité de miser sur des politiques d’intervention précoce, elle en a appelé à élargir notre approche du continuum de sécurité qui ne doit pas uniquement être centré sur le partenariat entre les acteurs de la justice, de la sécurité et de la prévention mais impliquer également les politiques de santé publique.

Une coproduction des politiques de sécurité qui n’a pas toujours été de soi

Nathalie Koenders, adjointe au maire de Dijon, a eu l’occasion de revenir sur les actions mises en place dans sa ville pour répondre au sentiment d’insécurité et en particulier autour de la  “professionnalisation” de la police municipale.

Il a été précisément question du rôle des maires, au cœur aujourd’hui du continuum et de la co-production des politiques de sécurité, dans l’intervention de Sébastian Roché, chercheur au CNRS et à Sciences-Po Grenoble. Soulignant que ce rôle est loin d’avoir été toujours de soi, il a rappelé que les maires ont été longtemps perçus par l’État et les gouvernements comme des “adversaires” et que l’inflexion est notamment venue des conclusions de la mission confiée au début des années 1980 à l’élu local Gilbert Bonnemaison qui a posé les bases du rôle du maire en matière de prévention de la délinquance.

Evoquant la difficile objectivation des besoins collectifs en matière de sécurité mais aussi de la qualité du service rendu, dès lors que l’on considère la sécurité comme une politique et un service publics, il a mis en doute le fait que des réponses passant par la présence policière accrue puissent être considérées en soi comme de la “sécurité”.

La nécessité d’une acception plus large du continuum ?

Pierre Hurmic, maire de Bordeaux et président du Forum français pour la sécurité urbaine (FFSU), a tenu pour sa part à mettre en évidence l’enjeu que représente pour les maires “la pacification de l’espace public” alors que “les grandes villes, réceptacles des tensions sociales, ont un rôle d’intermédiation”. Un enjeu qui implique une collaboration étroite avec le tissu associatif, les forces de l’ordre, les acteurs médico-sociaux ou encore l’institution judiciaire.

Mais, au-delà, le maire de Bordeaux a invoqué la nécessité d’élargir le continuum de sécurité qui, dans son acception actuelle, n’intègre pas selon lui suffisamment les acteurs de la prévention, de l’éducation (Éducation nationale) ou encore de la santé publique (agences régionales de santé).

De tels propos auront ainsi fait écho à ceux tenus un peu plus tôt par Catherine Delorme.

Bientôt la Biennale de la sécurité et de la prévention à Aix-en-Provence !

Ce débat sur le périmètre du continuum devrait trouver son prolongement et sera au cœur de la Biennale de la sécurité et de la prévention organisée par France urbaine, avec la Ville d’Aix-en-Provence, le 29 novembre prochain au Centre des congrès d’Aix-en-Provence. En effet, les travaux programmés dans le cadre de la plénière l’après-midi auront vocation à répondre à la question suivante : “La sécurité, la tranquillité et la prévention à l’épreuve des enjeux de santé mentale et d’addictions : quel continuum ?”

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