MUTATIONS TOURISTIQUES : QUELLES PERSPECTIVES POUR LES OFFRES CULTURELLES ?
Les commissions “Tourisme” et “Culture” de France urbaine ont abordé la question de l’évolution des offres culturelles et touristiques dans un monde en transition.
(Re)penser les relations entre culture et tourisme
François Grosdidier, Maire de Metz et président de l’Eurométropole de Metz, a accueilli, le 24 mai 2023, une réunion commune des commissions “Tourisme” et “Culture” de France urbaine, respectivement co-présidées par Jean-Luc Bohl, premier vice-président de l’Eurométropole de Metz, et Cécile Helle, Maire d’Avignon, et par François de Mazières, Maire de Versailles, président de la communauté d’agglomération Versailles Grand Parc, et Olivier Bianchi, Maire de Clermont-Ferrand, président de Clermont Auvergne Métropole.
Une cinquantaine de représentants de collectivités se sont réunis pour aborder la place de la culture dans les stratégies touristiques des collectivités : comment la culture peut s’inviter davantage dans le parcours touristique d’un territoire ? Quels équipements, programmation et contenus culturels figurent en bonne position dans les offres touristiques des villes ? Le ministère de la Culture a dressé un panorama d’une attractivité touristique en France qui bénéficie d’une « culture à 360 degrés », invoquant notamment la gastronomie et les festivals comme deux vecteurs majeurs, complétant une diversité patrimoniale qui reste la porte d’entrée du tourisme culturel en France.
La question de l’équilibre territorial dans la répartition de l’offre culturelle figure parmi les points majeurs : 80% des touristes vont sur 20% du territoire français. Surtout, l’enjeu de mieux répartir les flux touristiques dans l’espace et dans le temps se combine à une relocalisation du tourisme.
Si les dépenses du tourisme reposent aux deux tiers sur les Français, ils sont nombreux à désirer un tourisme de proximité, inflexion forte que l’on observe depuis la crise sanitaire de la Covid-19. A Metz, 87% du public provient d’un rayon géographique de 500 kilomètres : la collectivité joue sur une fidélisation de ses publics, en capacité de revenir. En 2022, 222 000 visiteurs ont sillonné le centre Pompidou-Metz (+35% de visiteurs par rapport à 2021), 60 000 au Musée de la Cour d’Or (+110%). 22% des visiteurs sont étrangers, avec une grosse représentation du Benelux.
Cette demande de proximité appelle à une diversification des offres : Atout France, l’agence de développement touristique de l’Etat, a présenté plusieurs contenus et actions qui suivent l’évolution des demandes, à l’image des offres de médiation en réalité virtuelle ou encore des Itinéraires culturels du Conseil de l’Europe. Elle devrait d’ailleurs dévoiler en juin prochain le premier observatoire national de fréquentation des sites culturels, en partenariat avec Marseille Kedge business school. L’agence d’attractivité Inspire Metz a renouvelé ses offres autour de visites guidées thématiques, de jeux de pistes, en jouant le jeu de la promotion du territoire via des salons BtoB… mais aussi par les habitants : les « greeters », personnes bénévoles, proposent une découverte de leur territoire à leur manière. L’agence stimule également les itinérances cyclistes, fluviales ou encore pédestres.
Les villes devront-elles accueillir moins de touristes ? Cette question était à l’ordre du jour de l’atelier “Tourisme” des Journées nationales de France urbaine en 2022, en résonance avec plusieurs enjeux locaux et a fait l’objet d’un épisode du podcast Echos urbains de France urbaine. D’abord, celui de la tension immobilière et d’une « airbnbisation » des centres urbains, avec le risque d’un tourisme qui contribue à la crise du logement et à la précarisation d’une frange de la population. L’actualité des grands événements sportifs internationaux et l’accueil des Jeux olympiques et paralympiques 2024 a rappelé les problèmes de logement, matérialisés par la réquisition des chambres d’étudiants ou encore de 5 000 chambres d’hôtels occupés par des personnes sans domicile fixe et en situation de précarité.
La crise sanitaire et la décarbonation de nos modèles enjoignent par ailleurs à une requalification du tourisme, portée par des enjeux de proximité et d’une recherche de nouveaux liens avec les territoires. Selon les trajectoires de réchauffement climatique, les modèles touristiques seront largement impactés et nécessiteront des ajustements notoires. Cet axe devrait figurer en bonne place parmi les sujets de réflexion communs aux deux commissions, aux côtés de la question de la mise en circuit des parcours et l’équilibre de l’offre culturelle sur un territoire, sur la tarification des offres culturelles et le glissement des horaires d’ouverture pour mieux capter les locaux et desserrer les flux touristiques, ou encore sur le champ des possibles en matière de parcours touristiques et mobilités douces.
