MAPRIMERENOV’ : RELANCE PARTIELLE DU DISPOSITIF LE 30 SEPTEMBRE
À l’occasion de la réunion de concertation du 22 juillet 2025, la ministre du Logement Valérie Létard a précisé les conditions de réouverture du guichet MaPrimeRénov’, suspendu depuis le 23 juin. France urbaine, représentée par Honoré Puil, vice-président de la Métropole de Rennes, y a réaffirmé les attentes des adhérents en matière de gouvernance, de soutenabilité financière et de pilotage territorial de la politique de rénovation énergétique.

Un dispositif relancé de manière très encadrée
La suspension du guichet, décidée le 23 juin, s’explique par une combinaison de facteurs : une hausse importante des fraudes (avec 13 000 dossiers identifiés), un budget 2025 sous-évalué et déjà en partie consommé, et un afflux massif de dossiers en juin à la suite de rumeurs de fermeture. Cette succession d’événements a alimenté une forte instabilité, fragilisant à la fois les professionnels du secteur et les bénéficiaires.
La réouverture du guichet est désormais prévue au 30 septembre 2025, dans une logique de quota strict : seuls 13 000 nouveaux dossiers de rénovations d’ampleur seront acceptés d’ici la fin de l’année. Ces dossiers seront prioritairement réservés aux ménages très modestes, avec un élargissement possible si les objectifs ne sont pas atteints. Ces dossiers ne seront probablement pas instruits avant le premier semestre 2026, afin de permettre le traitement du stock en cours.
Les montants d’aides ont été revus à la baisse : recentrage sur les logements E, F et G, plafonnement des travaux subventionnables à 30 000 ou 40 000 euros selon le type de rénovation, et suppression du bonus de sortie de passoire thermique. Concrètement, le plafond pour les rénovations les plus ambitieuses — celles permettant un gain de 4 classes sur le DPE — passe de 70 000 à 40 000 euros. Le bonus de 10 % pour la sortie de passoire est quant à lui entièrement supprimé.
Des choix visent à élargir le nombre de projets éligibles et à contenir la dépense publique mais interrogent sur leur efficacité sociale et écologique.
Une territorialisation annoncée, mais un cadre à clarifier
Lors de la réunion, Honoré Puil a exprimé au nom de France urbaine le souhait d’un renforcement des compétences des collectivités locales en matière de rénovation énergétique, dans le cadre d’une décentralisation accompagnée de moyens financiers adaptés, notamment pour soutenir l’ingénierie.
En réponse, la ministre a indiqué que le transfert de compétence était prématuré, du fait d’une trajectoire budgétaire encore instable. Elle a toutefois confirmé une orientation vers la territorialisation progressive du dispositif, en commençant par l’ancrage local des Mon Accompagnateur Rénov’ (MAR) à partir de 2026 pour les nouveaux projets, avec une extension prévue à terme.
Maîtriser les risques : sécurité juridique, lisibilité et confiance
La réunion a également permis de rappeler l’enjeu de la lutte contre la fraude, avec 13 000 dossiers frauduleux identifiés à ce jour. La ministre a annoncé la mise en œuvre prochaine de la loi Cazenave pour renforcer les outils de contrôle. France urbaine souligne que la sécurisation des circuits d’aide et la transparence des règles sont des conditions essentielles pour maintenir la confiance des ménages comme des PME locales qui sont fragilisées par ces fraudes massives.
Anticiper la suite : projet de loi à venir et positions portées par France urbaine
Au-delà des ajustements immédiats, la rentrée sera également marquée par le dépôt attendu d’une proposition de loi portée par Sébastien Martin, président d’Intercommunalités de France, visant à transférer la compétence de rénovation énergétique du logement aux intercommunalités (hors communautés de communes). Cette initiative s’accompagnerait d’un transfert des crédits de MaPrimeRénov’ sur la base des moyennes triennales.
France urbaine rappelle son attachement à une approche contractuelle et différenciée, reposant sur le volontariat et l’adaptation aux capacités locales. À l’image du régime de délégation des aides à la pierre, le transfert de responsabilités en matière de rénovation doit s’inscrire dans un cadre de gouvernance partagé, garantissant visibilité financière, équité territoriale et accompagnement des collectivités.