Actualité Urbanisme et logement

LOGEMENT DES JEUNES : PARUTION D’UN RAPPORT COMMUN ENTRE LE CONSEIL D’ORIENTATION DES POLITIQUES DE JEUNESSE ET LE CONSEIL NATIONAL DE L’HABITAT

Dans un contexte économique et social marqué par des transformations rapides, la question du logement des jeunes ne cesse de revenir au cœur des débats publics. Les jeunes générations sont confrontées à une précarisation croissante, à une décohabitation tardive et à des ressources financières insuffisantes pour accéder à un logement stable.

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Dans son discours de politique générale, le Premier ministre annonçait d’ailleurs la création annuelle de 15 000 logements étudiants pendant trois ans mais cette crise peine pourtant à être résorbée.

C’est dans ce contexte qu’est paru le 31 janvier 2025 un rapport commun entre la commission de l’insertion des jeunes du COJ – Conseil d’Orientation des politiques de Jeunesse et le Groupe de travail « Logement des jeunes » du Conseil national de l’habitat (CNH) AVEC L’Union Nationale pour l’Habitat des Jeunes pour lequel France urbaine a été associée.

 

L’accès au logement des jeunes entre problèmes de ressources, de précarité, d’émancipation personnelle et professionnelle

La crise du logement générale qui génère un déséquilibre offre-demande est particulièrement défavorable aux ménages les moins solvables et frappe spécifiquement les jeunes. En premier lieu, leur statut, qui induit bien souvent des ressources modestes et variables, leur rend l’accès à un logement difficile, qu’il soit social ou privé. Les filets de sécurité qui existent (aides aux logements, cautionnement ou encore les aides en dernier recours pour se maintenir dans le logement) sont de moins en moins sécurisants, a fortiori pour les publics les plus vulnérables, qu’ils soient protégés ou accompagnés par les institutions, comme les jeunes de l’aide sociale à l’enfance ou ceux ayant signé un contrat d’engagement jeune.

Le rapport met en lumière le problème de la décohabitation des jeunes confrontés à des faibles ressources et des statuts précaires. En effet, près de 5 millions d’adultes (dont 1,3 millions âgés de 25 ans et plus) vivent chez leurs parents, soit un chiffre en hausse de 250 000 personnes en 7 ans.

Des dispositifs existent pourtant comme les plans Logement d’abord ou de lutte contre la pauvreté. Ainsi, France urbaine s’est saisie du sujet en créant un groupe de travail sur la politique du Logement d’Abord qui a pour but de faire de l’accès au logement, le préalable pour les personnes en situation de mal logement ou sans abris et cesser la logique de l’escalier en multipliant les étapes hébergement d’urgence/hébergement d’insertion/logement d’insertion/logement. Les Métropoles de Lyon, Grenoble ou Lille ont pu mettre en œuvre ces dispositifs proposant différents volets d’accompagnement.

 

Un manque d’offre adaptée

 

Si les jeunes manquent de ressources pour accéder au logement, l’offre proposée en face est insuffisante pour répondre aux besoins. Les jeunes se logent où ils le peuvent, en fonction des moyens financiers et des relais d’informations dont ils disposent.

La pénurie de logements impacte directement les jeunes (en particulier, le déficit de petits logements, accessibles financièrement, à proximité des bassins d’emploi). Cette offre généraliste est insuffisante en volume, de même que l’offre dédiée. L’information pour trouver cette offre dédiée n’est pas toujours accessible. Enfin, les jeunesses dans leur diversité n’ont pas les mêmes besoins et l’offre d’accompagnement ne semble pas suffisante pour permettre une insertion pluridimensionnelle.

De plus, cette crise de l’offre a été accentuée par la prolifération des meublés touristiques. Étudiants, saisonniers ou familles monoparentales sont particulièrement impactées. Plus d’1,2 millions de meublés sont aujourd’hui proposés aux visiteurs de nos territoires. Ce sont autant d’offres en moins pour les résidents de longue durée. La loi visant à réguler les meublés touristiques adoptée le 19 novembre 2024 propose de recentrer l’offre de logements sur des locations longue durée et devrait permettre de libérer des logements pour les jeunes.

 

Une production dédiée à soutenir et coordonner

Dans le contexte actuel d’une offre insuffisante de logements pour l’ensemble de la population, la situation des jeunes est encore plus complexe pour deux raisons principales.

D’une part, les jeunes disposent de ressources souvent insuffisantes pour accéder à l’offre disponible, d’autre part, ils ont davantage besoin de petits logements rapidement mobilisables du fait des injonctions à la mobilité dont ils font l’objet, en zone tendue, là où se concentrent les lieux de formation et de l’emploi. Ces difficultés d’accès au logement ont des effets concrets sur l’emploi dans les territoires. Si la production de logements dédiés apporte une première réponse, la gouvernance territoriale du développement de ces solutions pour les jeunes doit faire l’objet d’une réflexion particulière et rassembler largement les acteurs concernés localement

Récemment la ministre du logement a relancé des réflexions sur le statut du bailleur privé avec la perspective de la fin du dispositif Pinel et la possible sortie du parc de logements locatifs ne respectant pas les normes énergétiques depuis le 1er janvier 2025.

Une des mesures proposées dans le rapport concerne le renforcement des outils permettant d’appréhender une meilleure connaissance de l’état de l’offre et de la demande. France urbaine est notamment associée aux travaux menés entre l’Association des Villes Universitaires de France (AVUF) et la Fédération Nationale des Agences d’urbanisme (FNAU) au travers des Observatoires territoriaux du logement étudiant.

 

Auditionnées par l’UNHAJ dans le cadre des travaux de préparation du présent rapport, les métropoles de Brest, Nice et Rennes et la communauté urbaine d’Arras ont témoigné des initiatives mises en œuvre au niveau local (comités locaux pour l’autonomie des jeunes au soutien, projets de résidence sociale et autres dispositifs de colocations…).

France urbaine a pu souligner certaines orientations du rapport qui rejoignent ses positionnements notamment :

  • le renforcement du statut d’autorité organisatrice de l’habitat (AOH) via la mise à disposition de l’ensemble des outils de régulation de l’habitat, tenant compte des spécificités de leurs territoires ;
  • des prérogatives locale renforcées en matière d’encadrement des loyers et de régulation des meublés de tourisme ;
  • des prérogatives renforcées pour lutter contre l’habitat indigne dans la foulée notamment de la Loi du 9 avril 2024 visant à l’accélération et à la simplification de la rénovation de l’habitat dégradé et des grandes opérations d’aménagement dont France urbaine a alimenté l’élaboration ;
  • le renforcement des aides à la pierre et du soutien au logement social,
  • le renforcement du soutien national aux projets d’habitat jeunes (FJT) dont le modèle économique est fragilisé ;
  • la montée en puissance de la démarche Logement d’abord,
  • la conception d’outils renforcés pour lutter contre la pauvreté des jeunes : France urbaine a ainsi plaidé pour une expérimentation à quatre scénarios mobilisant en particulier les compétences métropolitaines en vue de soutenir une réponse territorialisée aux besoins essentiels des jeunes,

 

 

 

Pour consulter le livrable “Logement des jeunes : une urgence sociale !”, cliquez ici.

Baptiste Bossard
Conseiller Logement, politique de la ville et urbanisme
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