Actualité Stratégies alimentaires territoriales

LA COMMUNAUTÉ D’AGGLOMÉRATION DU PAYS BASQUE SOUTIENT LE LOCAL POUR DU DURABLE

Retrouvez le témoignage de Jean-René Etchegaray, président de la Communauté d’agglomération du Pays Basque, engagé dans le plaidoyer pour une commande publique rénovée.

Mobilités © Communauté Pays Basque - L.Tomassi

France urbaine : Pourriez-vous nous rappeler le contexte agricole de votre territoire et rappeler quelques chiffres clés ?

Jean-René Etchegaray : Les secteurs de l’agriculture et de l’agroalimentaire occupent une place incontournable au Pays Basque, avec près de 4 000 fermes, 9 000 actifs et environ 200 entreprises agroalimentraires. Image parlante, 40 % de notre territoire a un usage agricole et nous sommes la première agglomération française en nombre de fermes et d’agriculteurs. Autre point distinctif, la moitié de nos fermes sont engagées dans un signe officiel de qualité, et nous avons 4 AOP très forts, très ancrés : fromages Ossau-Iraty, Piment d’Espelette, jambon et viande de porc basque Kintoa, vins d’Irouléguy.

Notre territoire reste néanmoins soumis aux difficultés rencontrées par le monde agricole partout en France. En 10 ans, de 2010 à 2020, le nombre de fermes a diminué de 15 %, le nombre d’agriculteurs de 30 % et nous avons également perdu 4 000 hectares de surface agricole utile.

91 % des fermes sont d’origine familiale. Cela pose la question de la transmission des exploitations alors que 20 % sont aujourd’hui entre les mains d’agriculteurs qui ont plus de 60 ans. La moyenne de 130 installations par an est encourageante mais n’est pas suffisante. Nous venons de lancer une aide à l’installation pour les petites fermes, très présente sur notre territoire.

Autre sujet pour nous, nous avons 84 % de fermes qui font de l’élevage. La diversification est aussi un de nos objectifs.

France urbaine : Quel lien faites-vous entre les politiques agricoles et alimentaires et enjeux de résilience territoriale ? Pouvez-vous donner quelques exemples d’initiatives qui vous paraissent aujourd’hui structurantes dans votre territoire pour renforcer cette résilience ?

Jean-René Etchegaray : 38 % des émissions de gaz à effet de serre du Pays Basque sont produites par le secteur agricole. Et à travers les prairies, estives, forêts et haies, c’est 25 millions de tonnes de CO2 qui sont stockés. Nous nous devons d’accompagner le secteur agricole pour qu’il puisse jouer son rôle et atteindre l’objectif ambitieux de territoire neutre en carbone d’ici 2050.

Et je suis en effet convaincu que les politiques agricoles et alimentaires doivent être conçues ensemble. C’est en ce sens que nous parlons de terre nourricière. Comme il faut toujours faire le lien entre environnement et santé humaine, il faut aussi faire le lien entre agriculture et alimentation.

Parmi les initiatives que nous avons mises en œuvre, je retiendrai notre accompagnement pour à la fois améliorer la qualité de l’eau et diminuer son utilisation dans les exploitations, par le financement de récupérateurs notamment. Autre action, une première en France, nous avons conventionné avec la SAFER afin qu’elle préempte systématiquement pour le compte de notre institution quand le prix de vente des terrains agricoles excède les valeurs de référence. Cela vise, vous l’aurez compris, à sanctuariser nos terres agricoles.

S’agissant du développement d’une alimentation durable, nous avons soutenu la création d’une plateforme logistique et de distribution de produits fermiers et de qualité à destination des cantines du territoire, qu’il s’agisse de crèches, d’écoles etc.

France urbaine : Pourquoi pensez-vous que l’échelle territoriale peut constituer un échelon pertinent ? Il nous est régulièrement rappelé que l’on peut tout faire à droit constant et que modifier le cadre de la commande publique n’est pas un enjeu, qu’en pensez-vous ?

Jean-René Etchegaray : Traiter de sujets tels que l’agriculture et l’alimentation à l’échelle du Pays Basque fut pour nous très vite une évidence. C’est un sujet qui a même prévalu lors de la création de notre institution en 2017 et nous nous sommes immédiatement saisis de cette compétence. Nos habitants sont très attachés à la terre, à leurs agriculteurs, c’est pour eux un motif de fierté et un levier très important de préservation de notre territoire. Et c’est également un enjeu pour nous de permettre une alimentation de qualité pour tous.

Sans faire du “localisme”, du local pour du local, la Communauté Pays Basque soutient le local pour du durable. Et dans ce cadre, évidemment, la commande publique a un rôle important à jouer. Notre politique d’achats, sur le volet alimentaire, vise les circuits courts et donc favorise la santé de nos concitoyens. Et elle nous permet également de soutenir un maillage économique local dans une logique de préservation des ressources naturelles, de qualité de nos sols et de maintien de la biodiversité.

Sans faire du "localisme", du local pour du local, la Communauté Pays Basque soutient le local pour du durable.

Jean-René Etchegaray
Président de la Communauté d'agglomération du Pays Basque
Aller au contenu principal