Actualité Santé

FRANCE URBAINE LANCE SON CYCLE DE SANTÉ MENTALE

Le 28 novembre 2024, sous le pilotage de la “commission santé” de France urbaine, Grégory Doucet, maire de Lyon, et Emile-Roger Lombertie, maire de Limoges, ont ouvert avec plus de 60 élus et techniciens de grandes villes, agglomérations et métropoles de France une réflexion collégiale sur les actions concrètes à porter en matière de santé mentale, aux côtés de l’ensemble des autres commissions de France urbaine mais également de partenaires de travail incontournables et engagés sur ces sujets, comme le Réseau Français des Villes Santé OMS (représenté par Marie-Christine Staniec, adjointe à la maire de Lille) et le Centre de ressources OMS des Centres locaux de santé mentale. Pour une vision globale, précise et ancrée sur une approche de terrain.

Capture d’écran 2024-12-05 à 11.12.45
Déterminants sociaux, déterminants environnementaux : de la ville pathogène à la ville du soin

Porteurs d’une approche commune du soin, Rachel Bocher, Psychiatre, Chef de service au CHU de Nantes, Coordinatrice scientifique du colloque « Villes et santé mentale », Antoine Pelissolo, Psychiatre, Chef de service au CHU Henri Mondor, Adjoint au Maire de Créteil et Deborah Sebbane, Directrice générale du CCOMS centre de ressources des Conseils locaux en santé mentale soulignent les enjeux d’une approche en santé globale.

Environnement et vulnérabilités – des enjeux propres aux territoires urbains :

Comme l’a rappelé Antoine Pelissolo, la prévalence des troubles de santé mentale est étroitement dépendante d’un certain nombre de déterminants sociaux et environnementaux. De fait, elle apparaît plus forte dans les villes, sans qu’il soit évident de déterminer très précisément les déterminants “urbains” de cette prévalence : accueil de publics plus vulnérables (pauvreté, jeunesse, publics étudiants, parcours migratoires complexes, parcours de rue), effets de l’environnement urbain lui-même générateur de stress ou d’isolement, effets de densité…

Compétences et leviers, la ville du soin pour ses habitants et au-delà :

Face à ces constats, les territoires urbains ont un double rôle à jouer. D’abord en mobilisant leurs compétences propres pour agir sur les déterminants sociaux et environnementaux : lutter contre la pauvreté en renforçant l’accès aux droit ou l’offre de service et biens essentiels à coût modéré, lutter contre l’isolement par une politique adaptée en matière de logement, prévenir la survenue de troubles et maladies par une action sur l’alimentation, le sport, la culture ou l’engagement de stratégies de détection précoce en crèche ou via la médecine scolaire, accompagner les aidants et les personnes âgées ou en situation de handicap, penser l’ensemble de l’environnement urbain pour apaiser le quotidien par un travail adapté sur la lumière, la végétalisation, les circulations et les espaces.

Au vu de leurs ressources, de leurs infrastructures, de leur attractivité et de leur positionnement sur le territoire, les territoires urbains ont de fait une mission de contribution à la réduction des inégalités de santé et de soutien au renforcement du maillage en santé de l’ensemble au bénéfice des habitants de territoires plus excentrés.

Cette double approche des territoires urbains les conduit de fait à pouvoir assumer un rôle de coordination locale, via les comités locaux de santé mentale notamment. Au-delà de la coordination, la nécessité de penser une dynamique de formation de l’ensemble des professionnels aux approches en santé mentale et en coordination est rappelée par Rachel Bocher qui invite également en lien avec l’ensemble des intervenants à s’engager dans l’appel de Nantes et à soutenir la déstigmatisation des enjeux de santé mentale pour favoriser un meilleur accès à l’accompagnement.

De nouvelles modalités d’action territoriale à inventer ?

France urbaine a pu présenter les premiers résultats d’une enquête flash réalisée auprès de ses membres en juillet 2024, et qui a permis d’identifier des priorités partagées (formation, lutte contre la stigmatisation, accès au logement, urbanisme favorable à la santé, accès aux soins et aller-vers) mais aussi des difficultés communes.

Parmi elles, l’absence de pérennité dans le financement des actions déployées et la nécessité de repenser les modes de contractualisation contrats locaux de santé et conseils locaux de santé mentale. France urbaine défend la délégation, sur le modèle des aides à la pierre, des crédits “prévention” de l’Assurance maladie aux territoires volontaires, pour financer de manière pérenne les stratégies territoriales en matière de santé mentale et l’action des CLSM.

Une démarche pluridisciplinaire et des initiatives multiples

La santé mentale, un enjeu au cœur des travaux de France urbaine : cet enjeu transparaît dans un grand nombre de travaux émanant de l’ensemble des commissions. La commission solidarité sous l’égide de Mathieu Klein maire de Nancy, président du Grand Nancy et Florence Thibaudeau-Rainot, adjointe au maire du Havre est ainsi amenée depuis plusieurs mois à échanger sur les freins à l’emploi dans le cadre de la déclinaison de la loi plein emploi, les dispositifs visant à favoriser l’insertion des jeunes, la lutte contre l’isolement et le soutien aux aidants. Florence Thibaudeau-Rainot a ainsi pu souligner les articulations fortes entre santé mentale et vulnérabilités sociales (handicap, public en insertion, personnes âgées, aidants).

La commission éducation pilotée par Pierre Huguet, adjoint au maire de Marseille et Annick Bouquet, adjointe au maire de Versailles a régulièrement échangé aux côtés des au  handicap, — Luis Beltran Lopez, conseiller municipal délégué de la ville de Grenoble a notamment représenté France urbaine lors de la conférence nationale du handicap  qui annonçait en 2023 la mise en place un service du repérage et de  l’accompagnement  précoce pour les enfants de 0 à 6 ans – ou les actions à mener en vue de répondre aux préoccupations croissantes face à la hausse de la prévalence des troubles du comportement au sein des classes ou les actions mises en place en matière de détection précoce.

Stéphanie Léger, adjointe au maire de Lyon, et Pierre André Juven, adjoint au maire de Grenoble étaient récemment auditionnés par le cabinet Ernst and Young en vue de mettre en avant les bénéfices de la médecine scolaire déléguée à 11 villes en France pour assumer une fonction de prévention et d’accompagnement des familles.

Au sein du groupe de travail logement d’abord copiloté par Renaud Payre, Vice-président de la métropole de Lyon et Anthony Borée, Vice-président de Nice Côte d’Azur s’articulent les enjeux d’accompagnement et d’offre de logement tandis que la commission sécurité / prévention de France urbaine coprésidée par David Marti maire du Creusot, président du Creusot-Montceau et Emilion Esnault, adjoint au maire de Toulouse est de plus en plus régulièrement interpelée par la question des troubles à l’ordre public générés par les phénomènes d’addiction, errance et décompensation.

Enfin la commission politique de la ville coanimée aux côtés des associations partenaires par Frédérique Leturque, président de la communauté urbaine d’Arras et maire d’Arras et Michel Bisson président de Grand Paris Sud, en voie d’élaborer sa programmation 2025, observe une montée en puissance des préoccupations sur ce champ en quartier prioritaire politique de la ville.

Quelques initiatives territoriales à prendre en compte
  • Limoges, Versailles : détection et prise en charge des troubles, notamment des troubles du spectre autistique, accompagnement et soutien aux familles
  • 11 villes bénéficient de la délégation en médecine scolaire
  • Lille : déploiement d’un projet territorial de santé mentale
  • Paris : aller vers et formation des gardiens d’immeubles et bailleurs sociaux, déploiement de consultations psy gratuites pour les jeunes en centre de santé aujourd’hui éligible au dispositif « mon soutien psy »
  • Bordeaux : grands débats métropolitains, cartographie de l’offre de santé grâce au dispositif “Ta Carte Santé”
  • Toulouse : BlablaPsy, travail en lien avec le service interuniversitaire de santé, travail sur accès et maintien dans le logement,
  • Le Havre : sensibilisation des élus à la santé mentale et aux soins sans consentement, formation des étudiants aux premiers secours en santé mentale ;
  • Nantes Métropole : stratégie santé mentale avec notamment une focale sur le public adolescent ;
  • Eurométropole de Strasbourg : mise au travail des coordinations possibles avec l’ARS dans le cadre du pacte local des solidarités.
Actions et suite à donner

Les éléments de plaidoyer de France urbaine sur ces questions sont déjà nombreux et s’enrichiront des travaux à venir :

  • Le maillage en santé en consolidant les outils existants (médecine scolaire et centres de santé non lucratifs notamment)
  • La gouvernance et la coordination territoriale
  • L’observation territoriale
  • La lutte contre l’isolement
  • Le renforcement des financements alloués aux démarches territoriales de prévention et la délégation des crédits de l’assurance maladie aux politiques territoriales de santé

À ces propositions déjà soutenues par le réseau s’ajoutent les actions plébiscitées par les intervenants : renforcement des équipes mobiles, formation interinstitutionnelles et interprofessionnelles…

Un cycle de travail prochainement engagé avec les autres commission conduira à une plateforme enrichie dans les prochains mois.

Aller au contenu principal