ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR – QUELLE ARTICULATION ÉTAT-TERRITOIRES FACE À LA NOUVELLE DONNE DÉMOGRAPHIQUE ET ÉCONOMIQUE ?
Lors des Journées nationales de France urbaine, les congressistes ayant participé à l’atelier « Enseignement supérieur » se sont retrouvés à l’IUT du Creusot, où collectivités et acteurs de la formation ont échangé sur les leviers d’action locaux permettant d’adapter la recherche et la formation aux nouvelles contraintes démographiques et aux défis territoriaux.
Lors des Journées nationales de France urbaine, les congressistes ayant participé à l’atelier « Enseignement supérieur » se sont retrouvés à l’IUT du Creusot, où collectivités et acteurs de la formation ont échangé sur les leviers d’action locaux permettant d’adapter la recherche et la formation aux nouvelles contraintes démographiques et aux défis territoriaux.
Une force de l’ancrage local reconnue par l’ensemble des intervenants
Les IUT constituent le creuset de coopérations territoriales et d’innovation. Le profil économique de certains territoires comme celui du Creusot a supposé un travail de long terme dans la construction de filières attractives et adaptées aux attentes des jeunes. L’IUT du Creusot, 50 ans après sa création, est ainsi un exemple de cet engagement local d’un écosystème liant les acteurs de la formation, les collectivités et les entreprises rappelle Olivier Aubreton, son directeur. La gouvernance des IUT constitue en outre un terreau fertile pour permettre la rencontre entre le tissu économique et institutionnel.
La structuration de la recherche s’opère à la croisée des échelles locales, internationales et nationales. Jean-Luc Delpeuch, président de la Communauté de Communes du Clunisois, ancien DG de l’ENSAM, revient pour sa part sur un écosystème profondément ancré où les collaborations avec la recherche sont directement issues des questionnements locaux. La Communauté de communes en lien avec l’École des Arts et Métiers et notamment l’École d’architecture de la Villette a ainsi déployé des partenariats pour innover sur diverses techniques de construction. Différentes échelles sont en conséquence à considérer en matière de recherche et des effets de concentration nécessaires à l’obtention d’une taille critique.
Une articulation Etat / acteurs économiques / territoires devenue indispensable au vu de la mutation des publics et des besoins
La baisse inéluctable des effectifs étudiants et la pénurie chronique de talents dans les entreprises nécessitent de repenser les manières de mobiliser et d’agir localement pour éviter de nouvelles concurrences entre territoires et de fortes tensions sur le marché de l’emploi.
Laëtitia Martinez, vice-présidente Région Bourgogne Franche Comté rappelle l’importance des antennes de proximité en vue de lever les freins financiers et psychologiques à l’accès à l’université. L’adéquation entre offre et demande nécessite en outre ainsi que le rappelle Laurent Milland de remettre en avant les trajectoires de mobilité interne en entreprise et de mettre fortement l’accent sur le niveau bac + 3 particulièrement demandé par les acteurs économiques.
Jean-Philippe Porcherot, président du MEDEF Côte-d’Or, membre du club des métropoles au Medef souligne quant à lui, que l’attractivité de l’emploi comme de la formation, dépendent étroitement de l’offre locale en matière de mode de garde, mobilité, logement, voire de la faculté du territoire à offrir un emploi au conjoint : désormais on ne recrute plus un candidat mais le plus souvent une famille.
Une nouvelle donne en matière d’enseignement supérieur et de recherche est à envisager
Les nouveaux Contrats d’Objectifs, de Moyens et de Performance sont expérimentés dans différents territoires. Mohamed Amara, maire adjoint à la ville de Pau et ancien président d’université en témoigne. Toutefois, ces contractualisations ne sont pas toujours pleinement adossées à des perspectives financières lisibles dans un contexte où l’équilibre financier des universités est préoccupant.
La territorialisation de la compétence se heurte en outre à différentes difficultés relayées par les intervenants notamment. Le flou est persistant décentralisation et déconcentration. L’absence de levier local pour ouvrir de nouvelles formations dans un système encore très centralisé et la fragilité des systèmes d’observation et des données pour déterminer l’adéquation entre offre et besoins restent des freins au déploiement d’une politique pleinement ancrée. La lourdeur des procédures d’accréditation ministérielle est enfin susceptible de limiter la réactivité aux évolutions du marché du travail.
Le volontarisme politique et les contraintes locales peuvent toutefois constituer un puissant fermant de coopération comme en témoignent les différentes initiatives de mise en réseau des territoires universitaires ou encore l’articulation fine de l’ensemble des politiques publiques en vue de garantir un développement économique durable. Michel Bisson, maire de Lieusaint et Président de Grand Paris Sud rappelle ainsi l’investissement historique d’une intercommunalité présentant de fortes vulnérabilités sociales dans une démarche globale. « Les jeunes c’est trop important : il ne peut pas y avoir de concurrence entre acteurs sur ces questions« .
Ce dernier met en avant dans son intervention conclusive une position défendue de longue date par France urbaine : les politiques de l’emploi et de la formation, loin d’être déconnectées des réalités territoriales constituent des politiques de cohésion sociale et d’aménagement du territoire.