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DÉCARBONATION DES MOBILITÉS DANS LE SPORT ET LA CULTURE : UN ÉLAN COLLECTIF AUX TRANS MUSICALES DE RENNES

En marge des rencontres professionnelles des Trans Musicales de Rennes, France urbaine et le Syndicat des musiques actuelles (SMA) ont organisé un atelier dédié à la décarbonation des mobilités dans le sport et la culture.

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Décarbonation des mobilités : un élan collectif à investir

Alors que les acteurs associatifs sportifs et culturels élaborent leur stratégie visant à réduire leur empreinte carbone, quel élan investir désormais pour une démarche plus collective ? France urbaine et le SMA ont souhaité à Rennes, le 5 décembre dernier, jeter les bases d’une association globale autour du projet de décarbonation des mobilités dans le sport et la culture.

En effet, si la part des mobilités figure parmi les plus importantes – comme l’a révélé le projet Declicdécarbonons le live collectivement – parmi les impacts carbones, que l’on évoque l’accès à l’événementiel sportif (sport professionnel, GESI…) et culturel (concerts…) ou encore l’accès aux équipements facilitant la pratique physique et sportive ou artistique du quotidien, que peuvent les responsables culturels et sportifs ? Jusqu’où contribuer, à l’heure de l’éco-conditionnalité et de la critérisation des aides, aux modèles de soutenabilité sociale et environnementale du sport et de la culture qui se cherchent encore ?

Cette démarche d’ensemble que souhaite poursuivre France urbaine est d’autant plus utile à l’échelle des villes et métropoles françaises, qui abritent une part importante de l’animation et des équipements sportifs et culturels, et sont par ailleurs émettrices des 2/3 des GES en France. En outre, alors que l’assise des EPCI et des régions en tant qu’autorité organisatrice de mobilité (AOM) est désormais définie, comment les acteurs du sport et de la culture peuvent-ils mieux être investis dans les enjeux propres aux offres de mobilité urbaines et aux besoins d’investissements importants, alors que les SERM s’organisent dans les territoires métropolitains ?

À cet égard, la domiciliation des 30 millions de Français dans les grandes agglomérations, métropoles et grandes villes, partagées entre des dynamiques urbaines, périurbaines et rurales, doit poser de manière conjointe la question de la décarbonation et de l’accessibilité.

Zoom sur les Trans Musicales

Ces réflexions ont été au centre de l’atelier dédié en marge des Trans Musicales de Rennes, dont le directeur délégué, Erwan Gouadec, a étayé les dispositifs de mobilité douce ou partagée développés par le festival depuis plusieurs années.

Outre la facilité d’accès aux flottes de vélo ou encore l’incitation au covoiturage, la mise à disposition des navettes figure parmi les plus grandes réussites d’accès, avec 71% des festivaliers qui l’utilisent. « 160 agents du réseau Star sont mobilisés » précise Armel Guenneugues, directeur Commercial, Marketing & Innovation de Keolis, qui estime que, si les Trans sont l’un des temps-forts culturel annuel de Rennes, il est aussi celui du réseau avec un véritable engouement. Ce dispositif d’envergure est amorti financièrement et parvient à un équilibre avec les recettes des tickets.

À l’image des Trans, d’autres événements culturels et sportifs figurent dans la délégation de services publics de Keolis. Ce rapport des métropoles aux les opérateurs de mobilité et la place du sport et de la culture dans les contrats constitue l’un des objectifs de réflexion à venir pour France urbaine. Cédric Cheminaud, directeur-adjoint du Cabaret Vert, à Charleville-Mézières, a mis quant à lui en avant les difficultés qui sont les siennes pour la mise en place de navettes (date du 15 août, peu de navettes et de chauffeurs à disposition, typologie géographique particulière…), compensées par des dispositifs développés à rebours des habitudes du territoire et des habitants : desserte de l’agglomération par deux navettes, desserte de lignes de nuits (5 grandes lignes de cars déployés sur un territoire hors-agglomération, d’où sont issus les ¾ des festivaliers), coopération avec la région pour les trains de nuit (retour à 1€ pour le public).

Benoît Careil, adjoint à la maire de Rennes en charge de la culture, a fait part de la manière dont les enjeux de décarbonation du secteur culturel pouvaient se répercuter sur la politique artistique et culturelle de la ville et métropole rennaise avec, outre l’accompagnement des acteurs culturels par la collectivité, le recalibrage des événements culturels, plus petits mais mieux implantés en proximité et ouverts à un public bien ancré sur le territoire.

Enclencher davantage les dynamiques nationales et locales

Les différentes expérimentations menées parmi les dispositifs de mobilité dans le cadre d’événements culturels et sportifs permettent à terme de les considérer de manière plus pérenne : comment la logique de services des festivals par exemple peut être appliquée au quotidien ? Comment faire changer les biais cognitifs, les comportements et donner à voir auprès des usagers de nouvelles habitudes de déplacement ?

Karine Duquesnoy, haute-fonctionnaire à la transition écologique et au développement durable au ministère de la Culture, a indiqué qu’il fallait donner à voir ces initiatives. France urbaine et le SMA ont posé la question du positionnement de l’Etat (accompagnateur ? prescripteur ?) à l’égard de la décarbonation, avec un effet avant tout « systémique » qui est le sien pour mettre en cohérence les réflexions de chacun des secteurs.

Outre la connaissance des publics et des flux, la part du financement dans cet effort global est indispensable, à la fois pour accompagner l’investissement des collectivités à l’égard du changement et de la mutation des réseaux, ainsi que l’innovation des mobilités du quotidien pour accéder aux loisirs, aux événements, aux activités sportives et culturelles.

Karine Duquesnoy estime que la culture et le sport auront un impact décisif dans le changement des mentalités et des approches sur les mobilités. À terme, outre le ministère de la Culture, le ministère des Sports et surtout le ministère des Transports avec la DGITM devront être des interlocuteurs indispensables. Concernant le sport, Flavie Joly, co-responsable des programmes CEE au cabinet Rozo, a décliné le programme CEE Mob’Sport porté par l’Union sport et cycle (USC), lequel travaillera jusqu’en 2027 à des actions globales de décarbonation pour le sport du quotidien, le sport professionnel et les grands événements sportifs internationaux (GESI).

Des initiatives inspirantes à venir, qui seront autant d’opportunités pour démultiplier les jonctions avec les acteurs du sport et des mobilités, mais aussi du tourisme. A terme, les services déconcentrés devront également être mieux associés pour envisager des coopérations et des expérimentations communes.

Sébastien Tison
s.tison@franceurbaine.org
Etienne Chaufour
e.chaufour@franceurbaine.org
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