DATA CENTERS : AU SIMI, UN ÉCHANGE SUR LA PLACE DES TERRITOIRES DANS LA RÉGULATION DES IMPLANTATIONS
France urbaine participait ce jeudi 11 décembre au Salon de l’Investissement Immobilier (SIMI) 2025 pour présenter son analyse des enjeux liés à la multiplication des data centers et des moyens dont disposent les collectivités pour en assurer la maîtrise.
Axelle Champagne, Directrice générale adjointe de la Communauté d’agglomération Paris-Saclay, et Lionel Delbos, conseiller économie à France urbaine, ont rappelé que ces infrastructures, essentielles au stockage des données et au développement de l’intelligence artificielle, exercent une pression croissante sur l’énergie, le foncier et l’environnement (consommation d’eau, pollution de l’air, bruit).
Une dynamique nationale soutenue, des arbitrages locaux complexes
La politique nationale d’attractivité des data centers s’est fortement intensifiée. Si elle s’accompagne de perspectives de développement économique (notamment pour les super-calculateurs), elle crée aussi des contraintes importantes pour les communes et intercommunalités : fortes demandes de raccordement électrique, occupation de surfaces significatives, consommation de ressources et retombées économiques parfois limitées.
À Paris-Saclay, où se concentrent activités de recherche et projets liés à l’IA, les sollicitations des opérateurs se multiplient, requérant l’équivalent en puissance électrique d’un réacteur nucléaire ! Cette situation conduit l’agglomération à organiser plus finement l’accueil de ces installations dans les documents d’urbanisme afin d’assurer une cohérence d’ensemble et de préserver une capacité d’accueil locale limitée.
Vers une doctrine territoriale de l’IA et des infrastructures numériques
L’échange a montré l’intérêt pour les collectivités de définir une ligne claire sur les conditions d’implantation, en l’absence d’une stratégie nationale d’aménagement numérique. Plusieurs points ressortent : besoin de visibilité sur les exigences énergétiques des projets, articulation avec les activités déjà présentes, valorisation possible de la chaleur produite, maîtrise du rythme d’installation, perspectives de reconversion du site. Cette clarification est une condition sine qua non de l’acceptabilité des projets par des habitants de plus en plus méfiants. Un comité d’éthique territorial vient d’être installé et sollicité pour éclairer les choix du territoire sur les data centers.
France urbaine souligne que l’intercommunalité constitue un niveau pertinent pour organiser cette régulation et porter une approche collective, à condition d’être pleinement associée aux discussions nationales.
Un cadre juridique à clarifier pour renforcer la capacité d’action des territoires
Aujourd’hui, l’absence de catégorie spécifique pour ces « data centers » dans les documents d’urbanisme limite la possibilité pour les collectivités d’encadrer ces projets. Cette situation est d’autant plus problématique que les demandes en énergie, en eau et en foncier sont élevées.
France urbaine plaide pour une évolution du cadre juridique permettant une meilleure intégration de ces infrastructures dans la planification territoriale — énergétique, environnementale et foncière — et offrant aux collectivités des outils adaptés pour anticiper les effets de long terme et éviter l’apparition de sites difficiles à reconvertir.