AVIGNON : UNE POLITIQUE TOURISTIQUE ET CULTURELLE ADAPTÉE AUX ENJEUX CONTEMPORAINS
À l’occasion du Festival d’Avignon, la commission Culture de France urbaine s’est réunie pour faire le point sur l’état des politiques culturelles portées par les grandes collectivités. Cette séquence, organisée à l’Hôtel de Ville, a mis en lumière des tendances convergentes : fragilisation des financements, montée des incertitudes, mais aussi affirmation d’un engagement politique local fort.

Un recul net des budgets culturels
Les premiers éléments issus d’une enquête nationale présentée lors de la réunion indiquent un recul significatif des budgets culturels, amorcé dans les régions et désormais visible à d’autres échelons. Si certaines intercommunalités et métropoles maintiennent leur effort, la tendance globale reste marquée par un repli, lié à la fois aux contraintes budgétaires et à l’instabilité des cofinancements.
Ce contexte rend plus difficile la projection dans des actions pluriannuelles, pourtant essentielles à la structuration du secteur culturel. La fin de certaines contractualisations avec l’État fragilise l’ensemble de l’écosystème local. Un travail est actuellement en cours pour formaliser ces constats dans un Livre blanc qui servira de base de dialogue avec les pouvoirs publics.
Une culture de plus en plus politisée
Plusieurs participants ont alerté sur la montée d’un discours politique de remise en cause des politiques culturelles, parfois au sein même des collectivités. Dans certains cas, des coupes budgétaires ou des réorientations idéologiques témoignent d’une volonté de redéfinir les priorités culturelles selon des critères identitaires ou économiques.
Le rapport à la culture évolue : elle n’est plus seulement vue comme un bien commun ou un levier de cohésion sociale, mais comme un sujet de débat politique à part entière. Cela suppose, pour les collectivités, un positionnement plus affirmé et un travail renforcé sur les récits, les alliances et la pédagogie des politiques publiques culturelles.
Des fractures territoriales accentuées
Le sentiment d’inégalité dans l’accès aux offres culturelles est accentué par une gouvernance territoriale parfois incomplète. Certaines intercommunalités regrettent de ne pas disposer de compétences claires sur le champ culturel, ce qui limite leur capacité d’action, en particulier dans les zones périphériques.
En parallèle, la montée de l’offre privée non régulée (événementiel, escape games, parcs immersifs, etc.) interroge le rôle des collectivités dans la structuration d’un cadre de référence culturel. Dans un contexte de tension sur les financements, cette concurrence diffuse renforce l’urgence d’une politique culturelle pensée comme service public.
Pour une stratégie nationale renouvelée
Un souhait fort a émergé de cette commission : celui de construire une stratégie nationale partagée, articulée autour d’un cadre clair, d’une vision à long terme et de financements lisibles. Plusieurs pistes ont été évoquées : mise en place de contrats pluriannuels, renforcement de l’évaluation, meilleure articulation entre l’État et les collectivités.
Les élus ont également insisté sur la nécessité d’élargir la vision de la culture à des enjeux transversaux : transition écologique, inclusion, santé mentale, jeunesse. Dans cet esprit, la culture ne peut être considérée comme un simple poste budgétaire, mais comme une politique publique à part entière, au même titre que l’éducation ou la santé.
Une vigilance collective et des perspectives de travail
La commission poursuivra ses travaux à l’automne, en lien avec les associations d’élus, pour contribuer activement à la rédaction d’un plaidoyer. Un objectif partagé émerge de ces échanges : affirmer la culture comme un bien commun, essentiel à la démocratie, à la cohésion sociale et à la vitalité des territoires.