AVIGNON : ENTRE RAPPEL ET RÉAJUSTEMENT DU SERVICE PUBLIC DE LA CULTURE
La première semaine du Festival d’Avignon a coïncidé avec les résultats du scrutin législatif. Habitué aux rencontres professionnelles, l’événement a fédéré les acteurs culturels, entre prises de position et expressions (re)considérant l’impact de la culture au quotidien.
Dans la perspective de la rentrée politique et au-delà : rappeler les engagements locaux pour la culture
En présence de François de Mazières, maire de Versailles, président de la Communauté d’agglomération Versailles Grand Parc, co-président de la Commission Culture aux côtés d’Olivier Bianchi, maire de Clermont-Ferrand, président de Clermont Auvergne Métropole, et de la maire d’Avignon, Cécile Helle, la Commission Culture de France urbaine a réenclenché le 10 juillet dernier certaines pistes de réflexion et d’actions, corrélées à l’actualité politique et à la fonction des politiques artistiques et culturelles dans les villes et métropoles en particulier.
Sous couvert du renforcement du service public de la culture, la Commission Culture, en présence de l’Association des directeurs des affaires culturelles des grandes villes et métropoles (ADAC-GVF), présidée par Gilles Guey, directeur de la culture de la ville de Roubaix, elle a rappelé les travaux en cours et les pistes à (re)considérer pour démontrer la capacité des villes et métropoles à infléchir une politique culturelle qui s’associe à une politique d’aménagement du territoire, permettant une offre d’accès à la culture la plus aboutie et la plus accessible possible.
L’importance de rendre audible l’action culturelle dans les territoires a été déclinée sous plusieurs formes, à savoir considérer une politique artistique et culturelle en fonction des parcours de vie, en passant d’une politique de l’offre à une politique de ressources. Cet engagement tient plus que jamais compte de la porosité de l’action culturelle avec les politiques de solidarité, de mobilité et en premier lieu éducatives, avec des actions d’Éducation artistique et culturelle (EAC) a consolidé tout au long du parcours scolaire, avec le regret d’une compartimentation trop prononcée encore avec l’Éducation nationale. La complexité de nouer le dialogue avec l’État et les services déconcentrés, enjoignant des réflexions sur les modes de gouvernance et les manière de travailler avec les DRAC, complète le tour de table.
Budget et émiettement des ressources
Dans la nouvelle configuration de l’Assemblée nationale, avec un travail parlementaire qui devra faire ses preuves dès la rentrée par l’ouverture des discussions sur le Projet de loi de finances (PLF), les réflexions vont bon train sur la manière dont les collectivités territoriales et les associations nationales représentatives pourront dégager un débat structurant pour les orientations politiques à convenir… en particulier en matière de service public de proximité et de l’attribution de moyens afférents.
Hormis la question du volume budgétaire de l’État fléchée à la culture, l’allocation des ressources aux structures labelisées ou encore la remise en perspective des cahiers des charges des différents labels apparaissent comme des objets de réflexions urgents. Elles engagent en outre à reconsidérer une nouvelle fois les missions des partenaires culturels et des artistes, et de la capacité à l’échelle des territoires à disposer de projets artistiques et culturels mis à profit des politiques sociales, écologiques et éducatives avant tout.
Le sujet a d’ailleurs été au cœur de la restitution du Baromètre des budgets des collectivités territoriales par l’Observatoire des politiques culturelles (OPC), faisant figurer une relative stabilité budgétaire des villes et métropoles à l’égard des politiques artistiques et culturelles.
L’étude relaie l’appel des grandes villes à s’émanciper des cadres budgétaires et des appels à projets édictés par le ministère de la Culture, tandis qu’elle appuie l’évolution de la conditionnalité financière avec quelques marges de progression néanmoins dans cette “contractualisation” collectivités-acteurs culturels.
Une opportunité de rappeler et reconsidérer l’ambition politique pour la culture
La rentrée politique sera dès lors une séquence importante pour poursuivre le plaidoyer des missions attribuées à la culture. La question de la liberté artistique et des enjeux de censure seront également au cœur des préoccupations, avec le travail portant sur la “recevabilité” des contenus culturels.
Les prochains mois pourraient en outre coïncider avec une remise en question de certaines actions culturelles, avec en toile de fond l’importance de rénover la qualité des politiques artistiques et culturelles comme celle avant tout du vivre-ensemble. Ces attributs seront au cœur des échanges entre maires, présidents, élus à la culture et professionnels et syndicats, qui se réuniront à Lyon, le 9 octobre prochain à la veille des Journées nationales de France urbaine. Ces structures partenaires ont d’ailleurs pour beaucoup rappelé leur rôle politique et sociale, à l’instar d’Accord Majeur organisé à Aix-en-Provence le 9 juillet dernier.