ALIMENTATION ET AGRICULTURE : LES TERRITOIRES URBAINS REPENSENT LE FONCIER
Les villes, agglomérations et métropoles redoublent d’ingéniosité pour reterritorialiser les systèmes alimentaires et agricoles.
France urbaine s’implique depuis plusieurs années en vue de promouvoir des systèmes agricoles et alimentaires durables. Le levier de la commande publique est de plus en plus mobilisé pour solvabiliser les producteurs locaux développant des pratiques durables. Allotissement fin, critères de saisonnalité, labels, valorisation des pratiques visant la préservation des bassins de captage, description fine des processus de production… les villes, agglomérations et métropoles redoublent d’ingéniosité pour contribuer à des dynamiques globales de développement territorial en dépit d’un cadre juridique particulièrement contraignant. L’initiative Terres de source mise en place sur le territoire rennais en constitue un exemple marquant.
Une action renforcée sur la gestion de l’eau et la ressource foncière
Les enjeux de gestion de l’eau et d’accès au foncier constituent des préoccupations croissantes des territoires urbains. Dans un contexte de renouvellement particulièrement fort des exploitants, les producteurs de demain sont pour partie urbains. Plusieurs territoires se sont engagés dans la mise en place d’espaces tests agricoles (Eurométropole de Metz, Communauté urbaine Le Havre Seine Métropole, Grenoble Alpes Métropole, Bordeaux Métropole…) soutenant l’accompagnement mené dans des lieux tests sur le territoire.
Toutefois, l’efficacité des espaces tests est directement corrélée à la capacité d’un territoire à mobiliser du foncier à la sortie de la phase accompagnement. Pour anticiper les reprises d’exploitation et favoriser l’identification de porteurs de projet, diverses stratégies sont mobilisées telles que la présence au conseil d’administration ou le conventionnement avec la Société d’aménagement foncier et d’établissement rural (SAFER), développement de cellules foncières (Brest Métropole, Le Havre Seine Métropole…), déploiement de périmètres de protection (Métropole Aix-Marseille-Provence, Bordeaux Métropole, Saint-Etienne Métropole…), appui sur des sociétés coopératives d’intérêt collectif (SCIC) en vue d’assurer le portage foncier et les investissements (Clermont-Auvergne-Métropole, Le Havre Seine Métropole…) ou encore la coopération avec l’enseignement agricole (Eurométropole de Strasbourg, Saint-Etienne Métropole…).
Dessiner une trajectoire lisible
De telles stratégies se tissent à la faveur en lien étroit avec les orientations du projet alimentaire territorial. Sur le territoire de Rennes Métropole, les projets alimentaires durables 2023-2027 de la Ville de Rennes et le projet alimentaire territorial métropolitain, approuvé en 2022, mettent en avant des objectifs ambitieux et chiffrés pour viser 45% de surfaces agricoles en bio.
A l’échelle de la métropole, chaque filière est examinée en vue d’anticiper les besoins futurs en main d’œuvre et en nombre d’exploitations sur le territoire. La réponse aux besoins en volaille et œuf nécessite d’installer 2 fermes par an en bio. Atteindre 25% de production de légumes sur le territoire nécessite 35 fermes par an d’ici 2030 et la mobilisation de plusieurs centaines de maraîchers.
Les objectifs affichés dessinent une trajectoire de transition lisible et anticipée et sont assortis d’outils en vue d’accompagner les producteurs en place et les porteurs de projet. Un diagnostic est proposé aux agriculteurs pour analyser leurs pratiques.
Cet alignement d’une démarche prospective et des outils et instances de régulation est particulièrement stratégique dans des pôles urbains marqués par une concurrence forte autour de la ressource foncière.
Une série de concertations est ouverte en prévision des pactes et projet de loi orientation et avenir agricoles : concertation nationale, concertations régionales et consultations citoyennes. Dans ce cadre, France urbaine met en avant la capacité des pôles urbains, en articulation avec les autres acteurs du territoire, à construire une dynamique d’ensemble autour des enjeux alimentaires et agricoles et rappelle les orientations déjà développées dans le cadre de sa contribution dans le cadre de l’élection présidentielle 2022.