À PLAINE IMAGES, FRANCE URBAINE OUVRE UN CYCLE DE RÉFLEXIONS SUR LES INDUSTRIES CULTURELLES ET CRÉATIVES
Avec le concours de la Métropole européenne de Lille (MEL), France urbaine a organisé mercredi 11 décembre dernier une immersion sur le site de Plaine Images, à la jonction des communes de Tourcoing et Roubaix. Un site qui, incarnant la stratégie ICC métropolitaine, a abrité des réflexions opportunes pour ces prochains mois.
Plaine Images : site emblématique de la stratégie « industries créatives » de la MEL
51.000 m2, 5 pôles d’excellence (santé, textile, alimentaire/foodtech, numérique et industries créatives), 140 entreprises, 1800 emplois, 50 entreprises incubées et/ou accompagnées par an… Ces chiffres, ce sont ceux de Plaine Images, site vieux de deux siècles qui, inauguré en 2012 dans sa configuration actuelle, incarne désormais la stratégie économique de la métropole sur le pôle « ICC ».
Bernard Haesebroeck, vice-président délégué à l’économie, à l’enseignement supérieur et au numérique de la MEL et Emmanuel Delamarre, directeur de Plaine Images, ont témoigné de l’ancrage territorial du site, dont l’effet régénérateur à l’échelle du quartier génère désormais des croisements de plus en plus naturels avec les équipements et aménités aux alentours. Lieu de vie ouverte sur les villes de Roubaix et Tourcoing, Plaine Images accueille également un contingent important d’étudiants, logés sur site à proximité du Fresnoy, établissement de formation, de production et de diffusion artistiques, audiovisuelles et numériques, et d’ARTFX, école supérieure d’enseignement artistique dans les domaines du cinéma, de l’animation ou encore des jeux-vidéos. Des offres de formation importantes pour un territoire métropolitain qui compte environ 6.000 emplois et 700 entreprises dans les ICC sur la MEL.
Plaine Images a été conçu pour être le bateau amiral de la stratégie ICC de la Métropole européenne de Lille, avec la volonté de positionner durablement la métropole et les Hauts-de-France comme territoire de premier rang des industries créatives en Europe, sur les pans de l’innovation et du développement économique. « Malgré tout la volonté politique, il y a besoin d’une locomotive pour structurer une démarche ICC » a jugé Emmanuel Delamarre, reprenant l’exemple d’Ankama, entreprise de jeux-vidéos qui n’a cessé de se développer ces 20 dernières années tout en restant fidèle à son ancrage local. Plaine Images dispose désormais d’une forte identité qui repose sur l’audiovisuel, mais aussi le jeu (vidéo, gamification, serious game, jeux de société…), la musique, le design (Lille Capitale mondiale du design en 2020) en lien avec les grandes entreprises implantées sur la région (Décathlon, Auchan, etc.).
Avec un fonds de 50 millions d’euros, Inside Invest, Plaine Images a entre ses mains un outil d’accompagnement et d’aide à l’activité pour les 150 entreprises implantées sur le site, de 1 à 400 salariés, et ce principalement pour un déploiement hors-marché européen.
De nouvelles ambitions
Plaine Images est en veille pour préfigurer les nouvelles opportunités promises avec l’IA ou encore la blockchain, tandis que l’écosystème reste alerte quant aux enjeux de décarbonation et de mesures d’impact carbone de l’économie créative. Une inflexion nécessaire si l’on considère les fragilités du secteur, en particulier les entreprises confrontées aux répercussions de l’IA générative sur les métiers de la création.
En se dotant d’une stratégie ICC, la MEL souhaite pouvoir poursuivre le renforcement de la filière en capitalisant sur le rayonnement de Plaine Images, accompagner sa montée en gamme technologique en mettant en réseau la filière avec les autres écosystèmes afin de la projeter à l’international. La création d’un GIP EuraCreative by Plaine Images devrait y veiller, chargé de fédérer les acteurs publics et privés, économiques et académiques, de la filière.
Quel état de l’art des industries créatives par les villes et métropoles françaises ?
Inspirante, l’immersion de la Plaine Images a permis d’ouvrir les échanges l’après-midi avec les membres de la commission Culture et Economie des territoires de France urbaine*, et de rappeler l’intérêt d’ouvrir un cycle en mesure de reconsidérer la place des ICC dans les territoires métropolitains, avec en suspens plusieurs interrogations : quels sont les porteurs de projets ? Assiste-t-on à des spécialisations territoriales ? Quelles sont les offres de services proposées par les territoires ? Les ICC peuvent-elles participer de l’Alliance des Territoires ou au contraire renforcent-elles la métropolisation de la France ? N’est-il pas plus pertinent de parler de creative industries comme le font les anglo-saxons ? Quelles articulations entre l’Etat et les collectivités, et entre régions et EPCI en particulier ? Quelle est la contribution de cette filière à la réduction des fractures sociales et territoriales (inclusion, parité, politique de la ville, etc…) ? En bref, les ICC sont-elles une économie à part entière, porteuse de pratiques innovantes et de modèles économiques durables et solides ?
Jean Arnaud, chargé de projet PIA « Culture, patrimoine et numérique » à la Caisse des Dépôts, a rappelé le portage du secrétariat général pour l’investissement (SGPI) à hauteur d’1 milliard d’euros pour les ICC. Par l’impulsion de France 2030, 25 territoires sur 134 candidatures ont été retenus comme « pôles territoriaux d’industries culturelles et créatives » (https://www.culture.gouv.fr/presse/communiques-de-presse/France-2030-Annonce-des-25-laureats-de-l-appel-a-manifestation-d-interet-Poles-territoriaux-d-industries-culturelles-et-creatives) pour se structurer et accompagner le développement territorial des industries créatives. En suspens désormais, l’attribution pour une quinzaine de lauréats d’une enveloppe maximale de 4 millions d’euros par projet, avec pour objectif d’amener un pôle à maturation à échéance de 5 années.
France urbaine accompagnera la valorisation de ces pôles territoriaux, conçus comme des pôles d’équilibre entre territoires mais aussi de valorisation dans la formation, l’enseignement artistique et les métiers d’art quel qu’il soit. Des enjeux qui font pleinement écho aux interrogations actuelles sur la structuration de l’enseignement supérieur artistique, sur la reconduction ou la requalification du soutien aux filières économiques locales ou encore sur la découvrabilité des œuvres et la place des ICC dans la stratégie culturelle d’un territoire.
À l’occasion d’un prochain rendez-vous, France urbaine prolongera ces immersions en invitant également EY pour une valorisation d’un nouveau panorama des ICC, après la publication il y a 5 ans de la 3e édition (https://www.culture.gouv.fr/Media/Medias-creation-rapide/EY-France-Creative-Panorama-des-ICC-2019.pdf), tandis que l’association questionnera également la place des ICC dans les partenariats des villes et métropoles françaises à l’international, en coopération avec l’Institut français notamment.
Les ICC en quelques chiffres
Cette filière, plébiscitée il y a une douzaine d’années (Etude EY 2013), convoitée et affichée par la plupart des métropoles et grandes agglomérations (ou plus modestes, à l’image d’Angoulême), est en effet à réinterroger au regard de son impact réel sur les économies locales, du retour sur investissement public et des jonctions qu’elle était censée opérer entre acteurs de la culture, de l’innovation et de l’entrepreneuriat. Riche de 300 000 entreprises réparties en une dizaine de secteurs et concernant près de 600 métiers, cette filière est un parfait exemple de concordance présumée entre ancrage local de l’emploi et rayonnement international de la France et de ses territoires. Avec un chiffre d’affaires de plus de 91 Milliards d’euros en 2019, les ICC sont plus puissantes que la filière automobile et pèsent 1,3 millions d’emplois directs ou indirects.
Les commissions sont respectivement co-présidées par Olivier Bianchi, maire de Clermont-Ferrand, président de Clermont Auvergne Métropole, et François de Mazières, maire de Versailles, président de la CA Versailles Grand Parc, ainsi que par Michèle Lutz, maire de Mulhouse, et Anne Vignot, maire de Besançon, présidente de la CU Grand Besançon Métropole.