À LYON, LES NOUVELLES ÉCONOMIES DE PROXIMITÉ S’INVENTENT
Les membres des commissions “Économie circulaire & ESS” et “Économie des territoires” de France urbaine ont croisé leurs visions et rencontré les acteurs de terrain.
Mieux appréhender les problématiques des territoires
L’objectif de cette réunion conjointe des commissions “Économie circulaire & ESS” et “Économie des territoires” de France urbaine, qui s’est tenue le 24 février 2024 à Lyon, à l’invitation d’Émeline Baume, première vice-présidente de la Métropole de Lyon, était de montrer et mieux appréhender les imbrications entre les nouvelles économies de proximité que sont l‘économie circulaire, l’économie sociale et solidaire et le développement économique plus généralement, résultant en de nouveaux modèles économiques au niveau local. Ce type de réunion permet également de faire vivre la transversalité dans les travaux de France urbaine avec ses diverses commissions thématiques.
Les travaux de la journée ont été lancés avec les mots d’accueil d’Émeline Baume, en tant que co-présidente de la commission “Économie circulaire & ESS”, et de Michèle Lutz, maire de Mulhouse et co-présidente de la commission “Économie des territoires”. Toutes deux ont appuyé l’importance de pouvoir échanger sur les sujets d’intérêt commun pour les deux commissions, et ce n’est qu’un début, d’autres réunions conjointes seront organisées à l’avenir à l’invitation de l’une ou l’autre des commissions.
Étaient également présents les vice-présidents de la commission Jean-Patrick Masson, vice-président de Dijon Métropole et Cyrine Makhlouf, conseillère municipale de la Ville de Saint-Étienne. Jean-Patrick Masson, qui est président du Cercle national du recyclage, a officialisé avec Émeline Baume le partenariat de travail avec France urbaine, en signant la convention entre les deux organisations. Dans le cadre de ce partenariat, un groupe de travail “Déchets” conjoint entre France urbaine et le Cercle National du Recyclage (CNR) a été mis en place.
Cela illustre la volonté de France urbaine de travailler avec d’autres associations ayant une expertise sur des sujets ciblés, afin d’apporter une complémentarité avec ses propres travaux, et conduire ensemble des projets. France urbaine avait ainsi déjà officialisé son partenariat de travail avec le Réseau des collectivités territoriales pour une économie solidaire (RTES) en 2021, sa présidente Mahel Coppey, également présente à Lyon, a ainsi pu revenir sur celui-ci et présenter les priorités actuelles de travail du RTES, dont la reconnaissance du rôle des collectivités dans l’ESS, notamment pour développer et accélérer une transition juste, à l’aune des 10 ans de la loi relative à l’économie sociale et solidaire de 2014.
Le développement économique « à impact », la stratégie économique de la Métropole de Lyon
Ont notamment été abordés les croisements entre développement économique, économie circulaire, économie sociale et solidaire, commande publique durable et responsable, et notamment comment les approches ESS et économie circulaire infusent l’ensemble des actions économiques de la Métropole de Lyon.
Émeline Baume a expliqué le changement opéré en matière de stratégie économique de la Métropole de Lyon, avec le recentrage autour d’une approche ressources plutôt que d’hyper attractivité, avec une considération forte de l’impact environnemental, social (dont les parcours insertion et reconversion) et coopératif, mettant en avant l’idée de « resserrer les chaines de valeur ». Les enjeux principaux de ce développement économique à impact sont : le capital naturel et l’utilisation soutenable des ressources (limites planétaires) ; préserver le bien-être et la santé des habitants et du vivant ; décarboner le territoire tout en favorisant l’emploi durable pour tous, et faire émerger ou renforcer des coopérations vertueuses entre les différents acteurs économiques du territoire.
Pour Axel Riehl, directeur de l’action et de la transition économique, le développement économique devient un outil pour la transformation du territoire et pas seulement une finalité. La problématique du rééquilibrage territorial est aussi à prendre en compte avec des projets qui se développent en périphérie. Certains secteurs d’activités ont été identifiées comme prioritaires, l’industrie en fait toujours partie, on note par ailleurs un essor du textile, de l’alimentation en encore du bâtiment durable. L’approche filière est privilégiée car c’est “une entrée à impact”.
L’ESS et l’économie circulaire sont ainsi respectivement passés des services “emploi et insertion” et “écologie” à la direction de l’action et de la transition économique, devenant deux entrants majeurs pivots. En matière d’économie circulaire, l’objectif pour les activités déjà existantes est de « passer au palier supérieur » (financement, foncier, programme d’accélération…), mais aussi de massifier les projets transversaux de circularité. L’ESS, qui se définit notamment par la coopération et une lucrativité limitée, est également perçue comme un accélérateur économique de proximité, en lien avec les flux circulant sur le territoire, et faisant fortement écho à la RSE des entreprises, et le sujet des achats responsables. La direction a rencontré près de 2500 acteurs afin de mieux connaitre leurs besoins et les accompagner dans leurs transitions, les faire “pivoter” vers plus de circularité, tout en renforçant la dimension RSE.
La Métropole de Lyon a mis en place l’outil de mesure de l’impact “kelimpact”, créé avec les acteurs du territoire, visant à appréhender la performance économique et sociétale de l’activité, résultant en une sorte d’autoévaluation et permettant de dégager des axes de progrès. L’économie, tout en se transformant, vient ainsi se mettre au service des politiques publiques au niveau local (ex. climat, énergie, déchets, insertion…). L’outil est en accès libre, 20 % de la grille utilisée est toutefois à adapter au territoire.
Isabelle Caron, directrice de la commande publique à la Métropole de Lyon, a souligné quant à elle l’importance de l’achat, considéré comme “un levier de transformation du territoire avec une ambition tournée vers l’économie circulaire et l’ESS”. Pour ce faire, la Métropole se base sur son schéma de promotion des achats responsables (SPAR) adopté en 2021. Adossé au SPAR, un programme d’action a été établi, avec des actions structurantes mises en œuvre dès 2022. Un partenariat a été noué avec la Chambre régionale de l’Économie Sociale et Solidaire (CRESS), et un annuaire local, outil pour référencer les acteurs de l’ESS, a été réalisé. Pour ce qui est de l’économie circulaire, la fonction achat peut venir soutenir la structuration de filières (exemple : l’achat de matériel informatique reconditionné, une première !). Les acheteurs sont d’ailleurs en lien régulièrement avec les experts économie circulaire et ESS de la direction de l’action et de la transition économique. Avec les marchés passés, la stratégie d’achat contribue ainsi au développement du territoire.
Visite de sites : une opportunité de voir l’action sur le terrain
Après la réunion conjointe, les membres de France urbaine se sont rendus sur deux sites :
- Viva Fabrica ! – L’usine extraordinaire (site ex-Fagor / Gerland), pour aborder les sujets de la réindustrialisation verte en ville ou encore de l’implantation d’activités productives durables.
- Les Ateliers Briand à Saint-Priest : Tiers lieu pour une économie sociale, solidaire et circulaire. Le site (un exemple d’urbanisme transitoire) accueille 24 structures réparties en 4 pôles d’activités : services ; arts et artisanat ; économie circulaire et mobilité durable.
La prochaine réunion de la commission “Économie circulaire & ESS” sera le 21 avril 2023, de 16h à 18h en visioconférence. Les membres de la commission sont également invités à participer à la réunion en présentiel de la commission “Économie des territoires”, qui sera accueillie le 17 mai prochain, de 10h à 17h, par la Métropole du Grand Paris, pour aborder le sujet du foncier et de l’immobilier productif.