Actualité 3 questions à Sécurité et prévention

3 QUESTIONS À DAVID MARTI ET ÉMILION ESNAULT, CO-PRÉSIDENT ET CO-ANIMATEUR DE LA COMMISSION “SÉCURITE ET TRANQUILLITÉ PUBLIQUE”

David Marti, maire du Creusot et président de la Communauté urbaine du Creusot-Montceau et Émilion Esnault, adjoint au maire de Toulouse, saluent l’adoption de la PPL “visant à sortir la France du piège du narcotrafic”. Explications.

WhatsApp-Image-2024-05-31-at-10.28.20-1-e1717678775110-860x1024

France urbaine : Pourquoi l’adoption de cette PPL constitue-t-elle, selon vous, une avancée majeure ?

David Marti : Cette loi marque une étape décisive dans la reconnaissance de la gravité du narcotrafic comme menace structurelle pour nos territoires. En tant qu’élus locaux, nous en mesurons chaque jour les effets sur le terrain, que ce soit en matière de sécurité, de cohésion sociale ou de santé publique. L’État se dote enfin d’un véritable arsenal pour frapper au cœur de l’économie des réseaux criminels, notamment à travers la création d’un parquet national dédié, le gel des avoirs ou encore le renforcement des capacités d’enquête.

Émilion Esnault : C’est aussi un signal fort envoyé aux collectivités locales, qui sont en première ligne. Cette loi est le fruit d’un travail parlementaire transpartisan, nourri de notre expérience de terrain. Elle répond à une attente forte que nous avions exprimée dès 2023, à travers une tribune signée par plus de 50 maires, et réaffirmée récemment à la Biennale de la sécurité et de la prévention.

France urbaine : Vous insistez sur le fait que cette loi, bien que nécessaire, ne saurait être suffisante. Que manque-t-il selon vous pour véritablement enrayer le narcotrafic ?

Émilion Esnault : Il ne faut pas se tromper de combat. La répression est indispensable, mais sans une politique ambitieuse de prévention et de sensibilisation, nous n’endiguerons pas durablement le phénomène. Il est crucial de s’attaquer à la demande, c’est-à-dire à la consommation elle-même, en menant des campagnes nationales de santé publique, à l’image de ce qui a été fait pour le tabac ou l’alcool.

David Marti : Il faut aussi renforcer l’accompagnement des personnes souffrant d’addictions, intégrer les enjeux de santé mentale, et surtout mobiliser tous les acteurs de proximité : éducateurs, travailleurs sociaux, associations, familles… Ce sont eux qui peuvent prévenir l’enrôlement des jeunes par les réseaux. Les collectivités doivent être pleinement reconnues comme partenaires stratégiques de cette politique de prévention.

France urbaine : Quelle vision portez-vous pour l’avenir de la lutte contre le narcotrafic dans les territoires urbains ?

David Marti : Nous devons construire une réponse globale et cohérente, sur tous les fronts : judiciaire, policier, social, éducatif et sanitaire. Cela implique un véritable continuum de sécurité et de solidarité. Loin des approches ponctuelles ou sectorielles, c’est d’un partenariat renforcé entre l’État, les collectivités et la société civile dont nous avons besoin.

Émilion Esnault : La lutte contre le narcotrafic est aussi une question d’efficacité. France urbaine continuera de plaider pour une action publique équilibrée, ambitieuse, à la hauteur des enjeux que nous rencontrons dans nos quartiers. C’est une bataille de longue haleine, mais nous avons collectivement les moyens d’agir avec efficacité et détermination.

Aller au contenu principal