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JOURNÉES NATIONALES DE FRANCE URBAINE : CRISE DU LOGEMENT ET SURTOURISME, LES TENSIONS URBAINES SOUS L’ANGLE DES MEUBLÉS TOURISTIQUES

Un atelier programmé aux Journées nationales de France urbaine a permis d’illustrer la difficulté des collectivités à trouver les outils pour encadrer une activité dont l’impact dépasse la seule offre de logement et porte sur les mobilités, les commerces, les équipements publics et les espaces publics.

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Dans un contexte de crise accentuée du logement, générée par le renchérissement des coûts de construction, la difficulté d’accès aux prêts bancaires, les délais d’attente pour accéder au logement locatif social, les nouveaux modes d’habiter et de travailler à la suite de la crise de la covid 19, etc., le développement exponentiel des meublés touristiques exacerbe les tensions entre résidents, visiteurs, hébergeurs et collectivités locales.

Un atelier programmé aux Journées nationales de France urbaine a permis d’illustrer la difficulté des collectivités à trouver les outils pour encadrer une activité dont l’impact dépasse la seule offre de logement et porte sur les mobilités, les commerces, les équipements publics et les espaces publics. Avec le concours de plusieurs intervenants, il a ainsi pu mettre en perspective les leviers qui permettraient d’encadrer une activité portée par la tendance actuelle au surtourisme, pour ne plus subir mais anticiper et responsabiliser l’ensemble des acteurs concernés.

Les espaces ruraux du Béarn ont vu les résidences secondaires et les anciennes fermes des centres des villages se transformer peu à peu en hébergements touristiques, mettant à bas les longues et difficiles politiques de revitalisation menées par les collectivités (école, commerce de proximité, équipement)

Inaki Echaniz
député des Pyrénées-Atlantiques

Une crise dans la crise

Avec près d’un tiers de vente en moins sur une année dans le logement neuf, des temps d’accès au logement social en forte augmentation et une bi-résidentialisation renforcée par la crise sanitaire, le logement se heurte à une double crise de l’offre et de la demande. Le meublé touristique lui est fleurissant, conséquence d’une demande qui explose dans la première destination touristique mondiale, d’un contexte normatif en construction et d’une fiscalité très favorable.

Entre 2020 et 2022, le nombre de meublés touristiques a augmenté de 175 % dans le centre de La Rochelle alerte Marie Nédellec, adjointe au maire en charge du commerce, du cœur de ville et de l’attractivité locale responsable. Cette vague s’est accompagnée d’un doublement des prix de l’immobilier en 10 ans, reléguant employés, familles, étudiants et saisonniers hors du centre. Ce phénomène s’étend désormais au-delà des espaces littoraux et de station de ski : les arrière-pays ruraux et les espaces villageois d’intérêt touristiques sont frappés de plein fouet.

Un impact urbain et sociétal lourd

Inaki Echaniz, député des Pyrénées-Atlantiques, témoigne : « les espaces ruraux du Béarn ont vu les résidences secondaires et les anciennes fermes des centres des villages se transformer peu à peu en hébergements touristiques, mettant à bas les longues et difficiles politiques de revitalisation menées par les collectivités (école, commerce de proximité, équipement) ». Les besoins des consommateurs touristiques déséquilibrent très fortement une offre de proximité développée au bénéfice des habitants et usagers permanents, forcés à se disperser sur des territoires éloignés. Les futurs projets locaux sont également pénalisés, tributaires de valeurs foncières et immobilières qui explosent.

Une mise en application de solutions urgentes et durables pour la régulation des meublés de tourisme

Tous les acteurs s’accordent sur la nécessité de mettre en place des cadres volontaristes qui permettent aux collectivités d’engager des actions de maîtrise sécurisée du développement des meublés touristiques.

Pour l’heure, les initiatives menées par les collectivités se heurtent à une judiciarisation systématique : à chaque décision de l’exécutif local son contentieux. En sus, à chaque tentative d’encadrement le constat de détournements de la règle : nomadisme de plate-forme locative à plate-forme locative pour éviter les contrôles, mise en place de baux précaires illégaux jouant de la saisonnalité du tourisme et précarisant les locataires « classiques ». Les meublés touristiques entravent une partie de notre économie et de nos politiques locales pointe Jean-Luc Bohl, premier vice-président de l’Eurométropole de Metz et co-président de la commission Tourisme de France urbaine.

Dominique Faure, ministre chargée des Collectivités territoriales et de la Ruralité, s’est dit consciente de ces pratiques et de la fragilité du contexte réglementaire actuel. Elle a dit avoir engagé dès novembre 2022 un groupe de travail autour de l’hébergement touristique, qui a notamment travaillé sur leur fiscalité et l’obligation de leur accompagnement en rénovation énergétique, prolongé depuis septembre 2023 par des réflexions sur la majoration de la Taxe d’Habitation sur les Résidences Secondaires (THRS).

« Un signe positif mais insuffisant » selon Frédéric Hocquard, adjoint à la maire de Paris en charge du tourisme et de la vie nocturne, ajoutant qu’« il faut revenir aux mécanismes vertueux de l’hébergement touristique qui permettait de louer un espace vacant de son logement, de créer un petit revenu et de permettre une rencontre entre habitants et touristes ».L’Etat doit pouvoir sécuriser l’action des collectivités en fixant des cadres stables et solides, un outil de régulation qui mette fin au contentieux permanent.

Dominique Faure confirme que le PLF 2024 s’appuiera sur la PPL transpartisane portée par les députés Anaïg Le Meur et Inaki Echaniz, qui vise à une revoyure de la fiscalité, une responsabilisation des plates-formes et une sécurisation des outils de maîtrise du développement des meublés touristiques sur les territoires en tension.

Il y a urgence à agir car le mouvement est violent et tous les territoires sont concernés. L’opportunité de la mise en œuvre d’une législation européenne en la matière doit être saisie pour coordonner les efforts et que la France soit force de proposition face au « surtourisme ».

Une indissociable réflexion sur la qualité du « Tourisme »

« Surtourisme ». Le coupable est désigné. Mais le terme n’est peut-être pas approprié pour désigner une pratique de visite populaire, ouverte à un grand nombre, et génératrice de retombées positives sur les économies nationale et locale. Sans doute un travail de fond doit-il être mené sur les formes de tourisme à privilégier et valoriser : comment rapprocher le tourisme et les touristes des habitants et des usages locaux ? Comment privilégier un tourisme de découverte où priment la qualité de l’accueil, le lien social, la promotion des patrimoines locaux ? En synthèse, comment développer un tourisme intégré qui ne s’impose pas au territoire, ne cannibalise pas les villes d’Art et d’Histoire, et vive l’expérience d’un territoire au plus proche de ses réalités ?

Sans doute, à moyen terme, la réponse à l’explosion incontrôlée des meublés touristiques passera-t-elle par cette évolution qui engagera des acteurs bien au-delà de la seule sphère du logement. Cécile Helle, maire d’Avignon et co-présidente de la commission Tourisme de France urbaine, le confirme : « l’urgence est là. La crise des territoires peut aussi s’appréhender à travers la crise du logement et le prisme des meublés touristiques ».

L’urgence est là. La crise des territoires peut aussi s’appréhender à travers la crise du logement et le prisme des meublés touristiques.

Cécile Helle
Maire d'Avignon
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