POLITIQUES DE L’EMPLOI : QUEL ATTERRISSAGE DES DISPOSITIFS NATIONAUX EN QUARTIER PRIORITAIRE DE LA POLITIQUE DE LA VILLE ? RETOUR SUR LE WEBINAIRE DU 3 DÉCEMBRE ET LES TRAVAUX DU CONSEIL NATIONAL DE L’EMPLOI.
Le 3 décembre, France urbaine, Intercommunalités de France et Alliance Villes Emploi réunissaient lors d’un webinaire plus de 150 participants, l’occasion d’interroger l’effectivité des outils locaux alors que se poursuivent à l’échelle nationale les travaux du Conseil national de l’emploi.
Un financement des politiques de l’emploi en question : alors que le bloc communal joue un rôle clé dans la levée des freins à l’emploi, l’accompagnement des entreprises et des bénéficiaire ou le portage de coordinations locales, Bernadette Abiven, vice-présidente de Brest Métropole en charge des ressources humaines, de l’emploi et de l’insertion, représentant France urbaine au Conseil national de l’emploi et membre du bureau d’Alliance Ville Emploi, aux côtés d’Anne Terlez, Vice-Présidente en charge de la Politique de la ville de l’agglomération de Seine Eure Agglo, et vice-présidente déléguée à la cohésion sociale d’Intercommunalités de France, ont fait part de leurs préoccupations sur le financement de ces outils : apprentissage, soutiens aux jeunes (missions locales, contrat d’engagement jeune, parcours contractualisé d’accompagnement vers l’emploi et l’autonomie), resserrement du fonds social européen (FSE+)… Les effets des gels de crédits et retraits financiers se font sentir. Les perspectives futures sont opaques.
Les quartiers prioritaires de la politique de la ville concentrent pourtant les enjeux : Benjamin Maurice Délégué général à l’emploi et à la formation professionnelle et Thibault Guilluy, Directeur général de France travail, rappellent le déploiement des 350 comités territoriaux pour l’emploi. Les quartiers prioritaires constituent un enjeu bien pris en compte. Le chômage y reste 2,3 fois plus élevé qu’en moyenne nationale. Plusieurs actions sont engagées par France travail : “12 000 clubs sportifs”, “Places de l’emploi”, “Stade vers l’emploi”, mobilisation du mouvement Les Entreprises s’Engagent. Le dispositif « Patrons dans ma ville » vise ainsi à aller à la rencontre des habitants en vue de proposer des immersions.
Une dynamique territoriale pleinement engagée : retour sur les témoignages de Grand Paris Sud et du Grand Narbonne
Grand Paris Sud, réunit 361 000 habitants dont 26% résident dans 18 quartiers prioritaires. Dans ce territoire où la politique de l’emploi est pilotée via un outil intégré (mission locale, PLIE, maison de l’emploi), l’ensemble des outils sont mobilisés : schéma de promotion des achats publics socialement et écologiquement responsables (SPASER), clauses sociales, dispositif Cité Lab et “clause data” dans le contrat de ville. L’accès à la formation linguistique constituent un enjeu majeur.
Au sein de la communauté du Grand Narbonne à dominante plus rurale, 10 000 habitants résident dans trois quartiers prioritaires. L’aller vers est déployé en lien avec les « team entreprises » en partenariat avec France travail. Des matinées de l’emploi (200–300 participants par quartier) ou le déploiement de « sas de préformation » créent un lien direct avec les habitants. Une plateforme mobilité (diagnostic, aides à la location, primes à l’achat) est également déployée. Cette démarche, qui s’appuie sur le comité territorial de l’emploi co-présidé par le vice-président du Grand Narbonne, se décline en trois groupes de travail : industrie verte, métiers en tension, quartiers prioritaires et ruralités.
Une activation des dispositifs dépendante de certains facteurs clés : restructuration de l’offre et coordination. La connaissance des besoins et compétences du territoire sont un enjeu clé, de même que l’articulation entre comités territoriaux de l’emploi, contrats de ville et cités de l’emploi en vue de partager une orientation commune sur l’offre à déployer. En dépit d’une grande diversité de territoires, les besoins sont le plus souvent similaires (mobilité, logement, garde d’enfant, compétences linguistiques, santé…). Les premières données issues du nouveau système d’information pour l’emploi récemment présentées en commission du Conseil national de l’emploi confortent des réalités connues dont les enjeux d’accompagnement intensif pour la population seniors et/ou résidant en quartier prioritaire de la politique de la ville. L’offre peut toutefois peiner à être mobilisée faute de lisibilité sur les financements. La mise au travail de conférences des financeurs récemment annoncée a vocation à déterminer comment coordonner les fonds disponibles à l’échelle locale.
Des évaluations attendues. Alors qu’une étude est menée par l’Inspection générale des affaires sociales sur les politiques locales de l’emploi, le conseil scientifique en charge d’évaluer la loi en faveur du plein emploi faisait paraître début décembre une revue de la littérature académique sur l’accompagnement des demandeurs d’emploi. Les données d’évaluation de ce texte ne pourront être disponibles à court terme.
Le conseil national de l’emploi poursuit ses actions, Son bureau, réuni le 15 décembre, a engagé plusieurs travaux en vue de lever les freins à l’emploi (logement, garde d’enfant, compétences linguistiques) dont le conventionnement avec Action logement et avec l’Office français de l’immigration et de l’intégration, le déploiement d’une stratégie à destination de la jeunesse ou encore le renouvellement du label des crèches « à vocation d’insertion professionnelle » (AVIP).