CRISE DU COMMERCE DE PROXIMITÉ : FRANCE URBAINE APPELLE À UNE ACTION PUBLIQUE RENFORCÉE
Le commerce de proximité connaît aujourd’hui une crise profonde et multifactorielle, qui frappe aussi bien les centralités urbaines que les zones commerciales de périphérie. La vacance commerciale atteint désormais 14 % dans les centres-villes et 16 % dans les galeries de périphérie et cette vacance apparaît de plus en plus comme structurelle.
Face à ce constat, France urbaine réaffirme la nécessité d’une stratégie publique ambitieuse et de long terme, articulée autour de propositions concrètes. Partie prenante du Conseil National du Commerce, France urbaine a pu, par la voix de Michèle Lutz, Maire de Mulhouse et co-présidente de la commission Economie des Territoires, présenter ces positions et propositions aux représentants de la mission sur le commerce de proximité récemment mandatés sur ce sujet par les ministres du commerce et de la ville.

Une crise aux causes multiples
La fragilisation du commerce physique, constatée dans toutes les villes, découle de plusieurs facteurs conjugués :
- Une suroffre commerciale : depuis 2000, la France a gagné 50 millions de m² de surfaces de vente, pour une consommation physique qui n’a progressé que de 5 %.
- De nouvelles habitudes de consommation, avec la montée du marché de la seconde main et le recul de l’équipement de la personne (habillement), qui ne représente plus que 20 % de l’offre en centre-ville.
- L’essor du e-commerce, qui capte désormais 10 % du marché et voit apparaître de nouveaux acteurs ultra-compétitifs (Shein, Temu).
- Une rétraction des zones de chalandise : les consommateurs n’acceptent plus de longs déplacements, poussant à un maillage plus local et multipolaire de l’offre.
Ces évolutions, auxquelles s’ajoute le comportement spéculatif des grands propriétaires immobiliers des espaces commerciaux les plus attractifs, marquent la fin du modèle traditionnel du « shopping » en centre-ville. Les nouvelles implantations, notamment depuis la fin de la crise Covid, concernent principalement la restauration, les services et les loisirs, transformant les centralités en lieux de services et de convivialité plutôt qu’en simples galeries marchandes. Les collectivités prennent actuellement conscience de cette mutation et font pivoter l’action publique pour proposer une approche de long terme et transversale.
Les propositions de France urbaine : six thématiques à faire converger
Face à ce bouleversement structurel, France urbaine avance plusieurs axes d’action prioritaires :
- Équité fiscale : instaurer une véritable égalité entre commerce physique et commerce digital, notamment via l’élargissement de la Taxe sur les Surfaces Commerciales (TSC) au e-commerce.
- Outils de revitalisation : consolider le rôle des foncières commerciales, permettre l’expérimentation d’un encadrement des loyers dans les secteurs les plus tendus, pérenniser les managers de centre-ville et donner plus de latitude aux élus locaux pour moduler la TSC.
- Réforme des instances d’autorisation (CDAC/CNAC) : adapter ces dispositifs aux enjeux actuels, simplifier ou supprimer les CDAC dans les territoires les plus avancés en matière d’urbanisme commercial, et adapter les seuils pour mieux encadrer les nouveaux formats.
- Logistique urbaine : reconnaître et soutenir le rôle des intercommunalités ; favoriser des stratégies public-privé pour gérer l’explosion des flux de marchandises et de livraisons.
- Sécurité : renforcer les pouvoirs de police des maires pour lutter contre le blanchiment lié au narcotrafic dans le commerce de proximité.
- Dans les Quartiers Politique de la Ville (QPV) : concentrer et amplifier les moyens financiers pour soutenir la revitalisation commerciale sur le temps long et financer des managers dédiés.
Un nouveau récit pour les centralités
France urbaine insiste sur la nécessité de dépasser une vision strictement commerçante des centres-villes. L’avenir des centralités réside dans leur capacité à devenir des lieux de bien-être, mêlant services marchands et publics, patrimoine et tourisme, au service des habitants comme des visiteurs.