ENTRE LA DIMINUTION DU PASS’SPORT ET UNE BAISSE DES CRÉDITS ALLOUÉS AU SECTEUR, UNE FÊTE DU SPORT EN DEMI-TEINTE DANS LES VILLES ET MÉTROPOLES
La Fête du Sport, l’un des héritages symboliques des Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024, se tiendra ce dimanche 14 septembre. Cet événement intervient dans un contexte marqué par une diminution des financements du secteur et de l’intérêt même porté aux politiques sportives, un sujet de préoccupation pour les villes, grandes agglomérations et métropoles.

La Fête du Sport, plusieurs animations dans les grandes villes et métropoles
Parmi les plus de 4.000 événements compilés par le CNOSF pour la Fête du Sport, les grandes agglomérations et métropoles françaises seront assez nombreuses à faciliter les animations sportives, ce dimanche 14 septembre. De l’avis de plusieurs élus, elles le feront principalement et d’abord dans une approche visant à valoriser l’animation sportive locale, l’une des premières missions des collectivités en collaboration avec le mouvement sportif.
A l’image de la Journée des associations, le 6 septembre dernier, la Fête du Sport sera surtout prétexte à remettre en perspective l’effritement graduel du financement du sport par l’État, corrélé aux difficultés budgétaires des villes et métropoles – confrontées à une contribution sans précédent.
Le rabotage du Pass’Sport pour les 6-13 ans : un risque de rupture éducatif et sportif
Le contexte budgétaire restreint considérablement la capacité d’actions et de promotion de l’activité physique et sportive (APS), à l’image de la suppression du Pass’Sport pour la tranche d’âge 6-13 ans.
France urbaine a souhaité, dès la préfiguration du Pass’Sport, un fléchage prioritaire à l’égard des associations sportives afin de poursuivre la dynamique d’un service public du sport mis en lumière à l’approche des Jeux olympiques et paralympiques (JOP) 2024, qui plus est à destination des habitants en quartiers prioritaires de la politique de la ville (QPV). A l’image du Pass’Culture, si plusieurs collectivités projetaient à l’égard du Pass’Sport un risque de déstabilisation des dispositifs locaux mis en place pour la prise de licence sportive, force est de constater que le “Pass’” a su s’affirmer progressivement auprès du mouvement sportif et des clubs, qui en ont fait un levier de choix pour attirer des publics éloignés de la pratique physique et sportive. France urbaine estimait également judicieux la mise en place d’un Pass’Sport en mesure de redonner de l’élan dans certains quartiers prioritaires, où l’offre sportive associative et clubs affiliés aux fédérations délégataires avaient parfois déserté le terrain.
Pourtant identifié par les collectivités, les clubs et les familles, la suppression du Pass’Sport pour les 6-13 ans met à mal la lisibilité du dispositif et déstabilise le travail de fond engagé par les acteurs de la politique de la ville – en particulier dans les cités éducatives . Au-delà de la pratique sportive, le Pass’Sport s’est en effet affirmé comme un chaînon éducatif entre les jeunes, les familles et les institutions sportives et éducatives. Si l’État a récemment convenu d’une rallonge de 2,5 millions d’euros à destination des clubs sportifs, elle ne compensera pas la perte financière et symbolique que représente le rabotage du Pass’Sport pour les 6-13 ans, public stratégique pour la pratique physique et sportive tout au long de la vie. Le passage du Pass’Sport de 50 à 70 euros pour les jeunes à partir de 14 ans devra bénéficier d’une étude d’impact à moyen-terme, censée réajuster au besoin la politique de l’offre du Pass.
Une circulaire de mise en accessibilité des équipements sportifs scolaires pour masquer les besoins en investissement
France urbaine a également pris connaissance de la circulaire qui sera adressée aux services compétents concernant la mise en accessibilité des équipements sportifs situés en milieu scolaire. Si des ajustements sont nécessaires quant à la maximisation de l’occupation des équipements, le champ des possibles reste insuffisant pour pouvoir absorber la demande, entre pratique encadrée et pratique libre. En d’autres termes, le débat doit se recentrer sur le besoin de financement à l’égard des équipements sportifs, en particulier au sein des équipements structurants des grandes agglomérations et métropoles en France. France urbaine avait plaidé à cet égard pour une visibilité pluriannuelle des financements pour la construction et la rénovation des équipements sportifs, à l’image du rapport du député Belkhir Belhaddad de 2022, qui motivait une loi de programmation 2025-2030 à hauteur de 500 millions d’euros par an.
Dans la perspective des discussions budgétaires à venir autour du prochain projet de loi de finances, cette demande est plus que justifiée pour la rénovation des complexes aquatiques en France, particulièrement concentrés dans les agglomérations et métropoles : les territoires urbains comptent 885 piscines, soit une moyenne de 2,84 piscines pour 100 000 habitants. Après la réussite du dispositif 5.000 terrains de proximité dont les critères ont été élargis, il faut compléter cette politique par du financement à l’attention des équipements structurants : entre 2018 et 2023, si les parcours de sport-santé (+48) ou encore les plateaux et terrains de jeux extérieurs (+121) ont augmenté de manière substantielle dans les territoires urbains, on dénombre la fermeture d’une dizaine de bassins aquatiques. A l’heure où les crédits « sport » se tassent, et alors que les dispositifs financiers de droit commun semblent peu échoir aux équipements sportifs, c’est l’animation sportive locale et le service public du sport qui sont éprouvés.