UNIVERSITÉS : QUEL MODÈLE ÉCONOMIQUE AU SERVICE DE TOUS LES TERRITOIRES ?
Le 2 juillet 2025 s’est tenue la troisième rencontre du réseau des collectivités locales pour l’enseignement supérieur (AVUF, Villes de France, Régions de France, Intercommunalités de France, FNAU et France urbaine), consacrée aux leviers d’action des territoires pour soutenir un enseignement supérieur public fort, ancré et durable.

Après avoir exploré lors de précédentes rencontres le modèle économique des établissements et la place des collectivités dans leur financement, cette nouvelle étape a permis de tracer les perspectives d’un partenariat financier à la hauteur des enjeux à venir.
Une contractualisation d’État en pleine transformation
Olivier Ginez, Directeur général de l’enseignement supérieur et de l’insertion professionnelle, a présenté l’évolution des nouveaux contrats d’objectifs, de moyens et de performance (COMP), expérimentés dès 2026 dans les régions Sud et Nouvelle-Aquitaine avant leur généralisation. Ces contrats quinquennaux visent à renforcer la territorialisation des politiques de l’enseignement supérieur, en impliquant davantage les recteurs ESRI et en intégrant les collectivités dans des ateliers par bassins universitaires. L’ambition : co-construire des trajectoires de formation, de recherche et d’investissement adaptées aux territoires.
Les Régions sur tous les fronts, mais inquiètes pour l’avenir
Laëtitia Martinez, vice-présidente de la région Bourgogne-Franche-Comté, s’exprimant au nom de Régions de France, a rappelé que les régions investissent près de 1 Md€ par an dans l’enseignement supérieur, via les CPER mais aussi à travers des politiques transversales (transports, santé, développement économique…). Les SRESRI leur permettent de décliner leurs priorités, souvent en lien avec les EPCI. Si elles partagent les principes des COMP, elles excluent en revanche toute participation financière directe à ces nouveaux contrats, pointant les incertitudes budgétaires et les risques de fermeture de certains sites universitaires.
L’Europe : une ressource sous-utilisée
Karine Daniel, sénatrice de Loire-Atlantique, a mis en lumière les potentiels encore insuffisamment exploités des financements européens, tels qu’Erasmus+ ou Horizon Europe. Alors que les organismes de recherche performent, les universités françaises restent à la traîne, notamment par manque de services dédiés. La sénatrice a insisté sur la nécessité d’une meilleure articulation entre les financements européens et le programme France 2030, tout en soulignant les risques de recentrage national qui affaiblissent les réseaux transnationaux. La construction actuelle du prochain cadre financier pluriannuel est un moment clef pendant lequel les territoires et le gouvernement français doivent jouer leur rôle à Bruxelles.
Les universités à la croisée des chemins
Pour Hélène Boulanger, vice-présidente de France Universités, la diversification des ressources est une nécessité, mais elle suppose de concilier des missions multiples et parfois en tension. Elle appelle à une approche d’“intelligence territoriale” qui articule rayonnement international et service public local. L’expérience menée avec la Région Grand Est, qui a quadruplé en deux ans les financements européens collectés grâce à une mutualisation des moyens dédiés à leur recherche, en est un exemple inspirant. Elle a également alerté sur les contraintes budgétaires croissantes qui menacent la capacité d’investissement des établissements et, de fait, obèrent l’avenir de l’ensemble du système d’enseignement supérieur français.
Une dynamique à structurer collectivement
En clôture, plusieurs intervenants ont souligné les conditions de réussite des COMP : complémentarité avec les CPER, renforcement des coopérations locales, mutualisation des réponses aux appels à projets. Le congrès de l’AVUF à Dijon (8-10 octobre) devrait prolonger ces échanges, de même que les Journées nationales de France urbaine au Creusot-Montceau les 16 et 17 octobre prochains. Dans un contexte de raréfaction des financements, seule une alliance renforcée entre État, collectivités et Europe permettra de construire un avenir soutenable pour l’enseignement supérieur public.