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RENNES ET LA ROCHELLE SOUTIENNENT LE PLAIDOYER POUR UNE COMMANDE PUBLIQUE ALIMENTAIRE RENFORCÉE : FOCUS SUR L’EAU

Engagés dans le plaidoyer de France urbaine pour libérer la commande publique en matière d’alimentation, Ludovic Brossard, conseiller municipal à la Ville de Rennes, délégué à l’alimentation durable et l’agriculture urbaine et vice-président de la Collectivité Eau du Bassin Rennais, chargé de l’adaptation au changement climatique, recherche et développement, Yannick Nadesan, conseiller métropolitain délégué à l’agriculture et à l’alimentation et vice-président de la Collectivité Eau du Bassin Rennais, chargé de Terres de Sources et des captages métropolitains et Mathilde Roussel, vice-présidente de la Communauté d’agglomération de La Rochelle, chargée du Projet Alimentaire de Territoire et Guillaume Krabal, vice-président de la Communauté d’agglomération de La Rochelle, chargé de l’eau potable, de la gestion des eaux pluviales urbaines et de ruissellement témoignent du rôle structurant de stratégies alimentaires localisées pour promouvoir un territoire plus résilient. Focus sur l’eau.

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La politique alimentaire, un levier pour favoriser une meilleure résilience du territoire 

Encourager une agriculture qui préserve des humains et des écosystèmes, favoriser la production locale d’aliments bons pour la santé et accessibles à tous les revenus, permettre aux agriculteurs et aux acteurs de la chaîne alimentaire de bien vivre de leur travail…

Autant d’objectifs qui sont portés par la stratégie pour l’agriculture et l’alimentation durables de Rennes Métropole, ainsi que dans sa déclinaison spécifique à Rennes à travers un plan alimentaire durable“, rappelle Ludovic Brossard.  

Cette préoccupation s’est d’abord traduite par la préservation des capacités à produire notre alimentation, via la protection du foncier agricole, car sur le territoire de Rennes Métropole, qui compte près de 450 000 habitants, 54,5 % du territoire est dédié à l’agriculture. Près de 718 fermes sont présentes et constituent, avec les 25 000 emplois que comptent les filières alimentaires sur notre territoire, un atout pour répondre aux défis de la souveraineté alimentaire. La résilience doit se construire en passant de dépendances subies à des dépendances choisies, donc en accompagnant la transformation de notre système alimentaire de façon à favoriser le développement d’une agriculture plus autonome, résiliente et économe en intrants tout en permettant à tous les citoyens d’avoir un accès digne à une alimentation choisie.

La politique alimentaire des territoires, par le biais de la restauration collective publique notamment, dont les personnes morales de droit public ont la charge, constitue un réel levier pour favoriser une meilleure résilience des territoires, et davantage d’autonomie“, souligne Mathilde Roussel. “D’après le rapport de l’Agence nationale sécurité sanitaire alimentaire nationale (ANSES) (INCA2) de la maternelle au lycée, deux enfants sur trois en moyenne, soit plus de 7 millions d’enfants, mangent à la cantine au moins une fois par semaine, et les enfants ne sont pas les seuls à prendre leur repas dans un restaurant collectif (EHPAD, hôpital…). 

À l’échelle du Projet alimentaire de territoire (PAT) La Rochelle-Aunis-Ré, près de 22 400 repas sont servis par jour pour l’intégralité de la restauration collective hors domicile, soit près de 15 000 repas scolaires servis par jour dans les cantines du territoire. Parmi ces 22 400 repas, nous nous sommes engagés à distribuer 50 % de produits durables et de qualité, dont au moins 40 % de produits locaux biologiques (soit 2 fois plus que ne l’envisage la loi EGALIM). C’est grâce à un engagement sur le volume, sur le prix et dans la durée sur l’achat alimentaire que nous pourrons activer une transition agroécologique dans les champs.”

Qualité de l’eau et de l’alimentation 

Yannick Nadesan et Ludovic Brossard rappellent que sur le territoire rennais, Terres de Sources est une démarche qui fait justement le pari de relier qualité de l’eau, qualité de l’alimentation dans l’assiette et juste rémunération des agriculteurs. 

Notre eau potable est prélevée sur des territoires limitrophes et des bassins versants qui peuvent être impactés par certaines pollutions d’origines agricoles. L’enjeu est donc d’accompagner les acteurs agricoles vers des pratiques plus durables, en œuvrant notamment sur la diminution des intrants comme les pesticides de synthèse.

Afin de valoriser ces démarches, nous avons en conséquence recours à une innovation de dimension européenne, dont Rennes a été à l’initiative, qui offre la possibilité aux restaurations collectives d’acheter des denrées alimentaires aux fermes situées en amont des captages d’eau potable et qui s’engagent dans une démarche de progrès de leur mode de production. La marque Terres de Sources permet également de commercialiser les produits de ces mêmes exploitations dans tous les circuits de distribution du territoire. Enfin, la démarche accompagne le développement de nouvelles filières de production et de transformation agricoles pour répondre à l’évolution de la consommation (blé noir, légumineuses, etc.). 

Le démarche Terres de sources permet de répondre aux ambitions de nos stratégies alimentaires, en accompagnant le monde agricole pour faire de notre Métropole un territoire zéro pesticide de synthèse en 2030 ou en favorisant l’attractivité des métiers agricoles grâce aux débouchés et aux filières que la démarche vient conforter. La dynamique d’installation en agriculture biologique est également encouragée sur notre Métropole et cela porte fruits : en 2022, nous dénombrions 9 installations bio sur le territoire métropolitain sur les 15 nouvelles installations.   

Le principal enjeu réside désormais dans la capacité à continuer à développer le modèle actuel en faisant adhérer une plus grande part des agriculteurs situés sur le bassin versant et hors bassin versant. Également de s’assurer que les politiques agricoles européennes et nationales puissent aussi contribuer à cet objectif, ce qui n’est pas suffisamment le cas actuellement“, expliquent les deux élus rennais.    

Cet enjeu de développement résonne avec les objectifs et orientations de la Communauté d’agglomération de La Rochelle. Guillaume Krabal et Mathilde Roussel rappellent ainsi qu’une difficulté réside dans la pérennité économique de la transition. 

Une étude réalisée avec le Center Environnemental Economics de Montpellier (CEE-M) sur le développement d’outils économiques incitatifs innovants a ainsi mobilisé 6 groupes de travail et  plus de 50 répondants sur les bassins (soit 15 % des agriculteurs).  

La difficulté reste de valoriser financièrement les produits de cette transition pour et par les agriculteurs. La coopérative du territoire (Terre Atlantique) travaille avec 7 meuniers locaux et avec ses clients industriels au développement de filières d’excellence environnementales tracées. Des contrats annuels ou pluriannuels permettent de sécuriser un volume et un prix pour chacun des maillons de la chaîne. Six cahiers des charges (4 en blé, 1 en lin et 1 en pois) avec des pratiques innovantes (allongement de la rotation culturale, couverture des sols en interculture longue et courte, utilisation d’OAD pour piloter la fertilisation, préservation de la biodiversité, réduction du travail du sol…) sont mises en œuvre.  

Le projet Terres de sources est un outil très pertinent pour répondre à ces difficultés. Ce groupement de commandes innovant qui allie un marché de prestation environnementale à l’achat de denrées alimentaires, avec un engagement de la collectivité dans la durée, permet une accélération de la transition agroécologique par un soutien aux débouchés. La communauté d’agglomération souhaite dupliquer ce modèle qui regroupe des communes et les Établissements publics de coopération intercommunale (EPCI) désireuses de protéger la qualité de l’eau et de l’air tout en favorisant les approvisionnements locaux durables de leurs restaurants scolaires et autres. Il s’agirait de développer un projet similaire co-construit avec Eau17, les agglomérations de Saintes Grandes Rives et Rochefort Océan ainsi que la communauté de communes Aunis Sud adapté aux caractéristiques et acteurs du territoire de la Charente Maritime. 

Les autres mesures de soutien sont bien sûr activées mais présentent des limites. Sur les 3 aires d’alimentation de captage de 23 300 ha dont 72 % de surface Agricole Utile, nous sommes sur le troisième programme d’actions financé par l’agence de l’eau Loire Bretagne, la région et le département. Les outils mobilisés auprès des 300 agriculteurs sur 30 communes sont l’accompagnement individuel, les journées collectives et l’animation de groupe d’agriculteurs, la sensibilisation et la communication et le levier foncier pour réduire l’usage des pesticides et nitrates.

La mise en œuvre des actions est partagée entre acteurs professionnels agricoles (chambre d’agriculture, coopératives, gab, association environnementale). En 2005, l’acquisition de parcelles a permis l’installation du premier agriculteur en bio sur les AAC en maraichage et céréales bio.  

En parallèle, un plan d’action pour le développement de la bio a été mobilisé. Aujourd’hui, 15 ans après, la surface agricole utile en bio est de 652 ha (3,3%). L’animation d’un groupe d’échange sur les Plantes Aromatiques Médicinales mis en place dès 2009 a contribué à la naissance de la coopérative Biolopam en 2018.  

Les Mesures Agro-Environnementales à Enjeu eau ont été mobilisées dès 2009. En 4 ans,1895 ha (12%) avaient été contractualisés en mesures réduction de fertilisation et remise en prairie,  sur les campagnes suivantes, seulement  400 ha en moyenne ont été contractualisés.  

Cet outil financier ne permet pas d’enclencher une dynamique pérenne de transition sur les AAC. Les agriculteurs sont confrontés à des retards de paiement qui ne favorisent pas le processus.  

Les exploitations agricoles sont principalement orientées vers les grandes cultures irriguées ou non : céréales (blé, orge et maïs) et oléo-protéagineux (tournesol, pois, colza). L’élevage est également un peu présent mais en régression.

Des coopérations à tous les niveaux  

Aux yeux de Ludovic Brossard et Yannick Nadesan, la coopération est essentielle et doit se traduire par l’adéquation de plusieurs niveaux d’interventions pour faire réussir la transformation écologique de notre système alimentaire. “Nos projets alimentaires territoriaux portent ainsi des valeurs de réciprocité d’abord entre producteur et consommateur, puis au sein de nos stratégies d’achat en restauration collective la nécessité d’utiliser la commande publique comme un outil au service de la transformation écologique de nos territoires. Ces politiques portent également des logiques de solidarité entre mangeurs, de démocratie alimentaire dans un contexte d’augmentation de la précarité alimentaire. La mobilisation de France urbaine est essentielle pour montrer la manière dont nos métropoles peuvent s’emparer de ces enjeux et proposer des solutions viables aux défis environnementaux et sociaux que pose l’alimentation dans nos rapports aux autres et au vivant.

Pour Mathilde Roussel et Guillaume Krabal, ces modèles de coopération locaux, adossés à une stratégie territoriale élaborée dans le cadre d’une gouvernance interacteurs, permettent d’établir un diagnostic juste des besoins territoriaux et des ressources locales (en matière de restauration de la biodiversité, de préservation des sols et de l’eau, de réimplantation de filières nécessaires à la diversification des cultures sur le territoire, de sécurité des approvisionnements, ou encore de rémunération des services écosystémiques rendus…). “Un tel modèle trouve notamment à s’illustrer dans les projets alimentaires territoriaux en France. Sur notre territoire et à l’échelle des PAT La Rochelle-Aunis-Ré, ces modèles de coopération locaux peuvent constituer de vrais atouts pour la transformation des systèmes alimentaires et agricoles dans la mesure où ils fournissent un diagnostic territorial définissant les pratiques à valoriser en vue de garantir la résilience du territoire dans une perspective de sécurité alimentaire et de santé globale – objectifs de relocalisation, développement des circuits courts de distribution, des filières biologiques durables, préservation et restauration de la biodiversité, juste rémunération des producteurs, gestion de l’eau, des sols, des déchets, gestion durable des ressources halieutiques… – et orientent alors la politique achat associée en matière de restauration collective publique. Ce diagnostic met en avant les différentes échelles d’action et précise dans quelle mesure le pouvoir adjudicateur inscrit son action en articulation avec les autres échelles.

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