"Territoires solidaires", un guide pratique pour développer vos projets locaux d’innovation sociale

Elaboré par un collectif d’acteurs impliqués dans le domaine de l’innovation sociale, le guide a été présenté le 8 juin 2022.
Le 8 juin 2022, s’est tenu au 21, incubateur de la Croix-Rouge française, un évènement pour présenter “Territoires solidaires, guide pratique d’innovation collective” et pour discuter de l’innovation territoriale dans sa dimension sociale. L’ouvrage a été élaboré par un collectif d’acteurs impliqués dans le domaine de l’innovation sociale : la Croix-Rouge française, AG2R LA MONDIALE pour la Retraite complémentaire, Bleu Blanc Zèbre, Croix-Rouge Insertion, Familles Rurales, Kawaa, l’Avise et Yes We Camp.
Comprendre l’innovation sociale et territoriale
Le livrable met d’abord en contexte la thématique de l’innovation sociale, concept aux définitions multiples selon l’histoire et la culture des pays mais qui répond presque toujours à quatre critères : la satisfaction d’un besoin, le caractère innovant de la solution, la transformation de l’organisation et des rapports sociaux et l’accroissement du pouvoir d’agir dans la société. Alors que ce guide s’adresse tant aux porteurs de projets qu’aux collectivités et leurs groupements, la dimension territoriale est au centre des réflexions, nous ramenant ainsi vers le terme d’innovation territoriale désigné comme « une réponse nouvelle à une problématique et/ou un besoin identifiés collectivement dans un territoire, en vue d’apporter une amélioration du bien-être et un développement local durable ». En d’autres termes, c’est une méthode où une initiative partenariale est menée par des acteurs locaux, avec une grande place prise par les citoyens qui expriment leurs besoins et co-construisent des solutions durables pour répondre aux défis du territoire.
Le guide allie donc innovation sociale et innovation territoriale en explorant des dispositifs à visée sociale qui comprennent un fort ancrage territorial et une prise en compte des spécificités locales tels que des tiers-lieux, plateformes de coopération numérique, commerces coopératifs en circuit-court, initiatives d’économie circulaire, monnaies locales, alternatives pour une mobilité durable, services itinérants, etc.
Un guide opérationnel et évolutif pour développer un projet d’innovation sociale local
Le guide apporte des connaissances théoriques mais se place surtout en tant que ressource pratique pour tout acteur souhaitant participer à rendre son territoire plus solidaire, attractif et résilient. Les atouts de ce travail collectif sont notamment sa boîte à outils méthodologique qui offre un accompagnement pas à pas dans le lancement d’un projet social innovant, depuis le cadrage jusqu’à son déploiement, mais également ses nombreux exemples concrets de projets liés à des enjeux d’alimentation, de santé, d’handicap, de longévité, d’isolement, d’insertion, de mobilité, ou encore, de numérique inclusif.
Non-exhaustif, le guide liste aussi des ressources à utiliser pour aller plus loin, et il est possible, afin de le faire vivre et l’enrichir, de déposer une fiche projet sur la plateforme en ligne (contact). A noter les membres de France urbaine parties prenantes ou co-porteurs de projets cités tels Toulouse Métropole (QPV et couture) et la Métropole Aix-Marseille-Provence (parc métropolitain).
Les messages clés de la table ronde
L’évènement était également l’occasion d’échanger avec des acteurs du terrain (Groupe SOS, AG2R LA MONDIALE et Bleu Blanc Zèbre) afin de partager leurs expériences sur les leviers pour maximiser les chances de succès de projets d’innovation sociale locaux.
- Le diagnostic territorial ou capitaliser sur l’existant
Avant toute chose, il a été souligné à plusieurs reprises la nécessité de diagnostiquer les besoins spécifiques des habitants du territoire afin de repérer les réponses déjà en place à améliorer ou simplement les “trous dans la raquette” à combler. L’identification des parties prenantes qui travaillent sur le sujet ou qui sont susceptibles d’avoir un rôle à jouer fait aussi partie de cette phase de préfiguration qui permet de capitaliser sur l’existant et d’innover à partir de ce qui se fait déjà.
- La coopération inter-acteurs ou comment créer du collectif
Le processus de diagnostic s'intègre au temps de la mobilisation derrière un projet commun avec la constitution d’un collectif partenarial qui va co-construire la solution. Le citoyen bénéficiaire devra être impliqué dans toutes les phases du projet car cette dimension est une des clés de réussite. Les intervenants ont exprimé un réel besoin d’innovation dans la manière de communiquer et de créer du collectif, ce qui implique nécessairement une capacité d’adaptation, à faire des concessions, ou encore à accepter le changement de posture de la part des porteurs de projet. Un point d’attention a été porté sur la mobilisation des élus locaux qui est particulièrement importante, toutefois il est indispensable qu’il n’y ait pas une “appropriation” du projet, de garder un portage collectif avec l’ensemble des parties prenantes, y compris les citoyens.
- Les moyens de mise en œuvre
La temporalité longue et les moyens à mettre en œuvre avec ce genre de méthode innovante peuvent représenter un grand défi. Le temps nécessaire à l’ingénierie collective n’est en effet pas à négliger mais plutôt à assumer, il est en effet essentiel de faire comprendre l’intérêt majeur de ce processus aux futurs financeurs publics et privés. Outre les canaux traditionnels de financement, a aussi été évoqué le mode de financement participatif citoyen, qui peut sembler peu pertinent au vu des sommes récoltées, mais qui peut s’avérer être un moyen de donner de la visibilité au projet auprès des habitants et par les habitants eux-mêmes. Des acteurs comme Collecticity ou Human&Go ont été cités concernant la mise en place de ce type de financement.
- Les mesures d’impact social
Mesurer l’impact des projets pour comprendre ce qu’ils apportent au territoire et ses habitants est une dimension importante et de nombreux référentiels sont disponibles en ligne. Les éléments opérationnels quantitatifs et les données qualitatives doivent pouvoir montrer le rôle social et durable du projet, même s’il faut garder en tête que ces mesures sont en général possibles qu’après des mois voire des années de mise en œuvre. De plus, l’impact d’un projet focalisé sur un type de public va généralement bien au-delà, contribuant au développement territorial général (par exemple, l’accompagnement des personnes âgées va créer de l'emploi etc.).