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Commande publique

Piscines publiques : les grandes villes tentent de contenir la flambée des prix de l'énergie

06/09/2022

Près de 10% des collectivités membres de France urbaine envisagent une fermeture partielle ou totale d'au moins une de leur piscine cet hiver.

Avant la crise de l’énergie, France urbaine avait alerté l’Etat durant la crise du Covid-19 sur le coût des grands équipements sportifs, plus particulièrement les piscines, en pleine période de restrictions sanitaires : la mise en œuvre des mesures sanitaires avait augmenté les charges d’exploitation des communes et des intercommunalités ainsi que de leurs délégataires, et la limitation de l’accès au seul public prioritaire avait réduit leurs recettes. Sur les 4 000 complexes aquatiques existants en France, près de 400, soit 10 % d’entre eux, sont en délégation de service public. Les délégataires avaient évalué à 250 000 € la perte moyenne par équipement pour l’année 2020.

Post-crise sanitaire : la situation financière tendue des territoires urbains

L'impact de la crise sanitaire s'est particulièrement fait sentir dans les territoires urbains métropolitains, où l'épargne brute et les recettes ont reculé fortement. Inflation, coût de l'énergie, hausse de la masse salariale suite à l'augmentation du point d'indice de 3,5 %... les collectivités font face à de nombreuses dépenses imprévues.

La hausse des prix de l'énergie, du chlore et de la ventilation a des conséquences bien concrètes sur le fonctionnement des piscines, et des piscines publiques en particulier. La facture énergétique moyenne des villes, agglomérations et métropoles membres de France urbaine a doublé voire plus, par rapport à l’année dernière. A Rennes, la facture d'électricité et de gaz va bondir cette année de 5,3 millions d'euros pour la ville, pour atteindre 13 millions d'euros, et de 1,7 million pour la métropole, et s'élever à 6,6 millions.

Quelques cas de fermetures de piscines sont comptabilisés ces derniers mois pour cause de contraintes budgétaires. Mais ces solutions extrêmes ont été très rarement envisagées cet été. Très peu d’exploitants ont décidé une fermeture totale ou une fermeture durant la saison d'été. En revanche, les prévisions de fermetures durant la saison d'hiver sont plus élevées, tout comme les fermetures partielles : près de 10% des collectivités membres de France urbaine envisagent une fermeture partielle ou totale d'au moins une de leur piscine cet hiver.

Un patrimoine vieillissant et gourmand en énergie

Si les collectivités ont lancé de vastes plans de rénovation, comme Toulouse et son « Plan piscine » engagé dès 2017, l’augmentation des prix retardent de nombreux projets de réhabilitation.
Les équipements aquatiques sont des espaces structurants d’un territoire où différents usagers (grand public, scolaires) se rencontrent. Divers usages sont regroupés au sein de ces équipements fortement règlementés où plusieurs impératifs permanents demeurent, tels que la maîtrise des charges de fonctionnement et le maintien d’une qualité de service pérenne.
Plus de 3 400 établissements aquatiques publics en France sont marqués par une ancienneté remarquable : plus de 60 % des piscines publiques françaises ont plus de 30 ans et nécessitent, de fait, des efforts de modernisations conséquents. Avec une consommation allant jusqu’à 2 800 kilowattheure /m²/an, les charges de fonctionnement de ces établissements constituent un budget lourd pour les collectivités. Il est toutefois possible de maîtriser ces dépenses en mettant en œuvre des actions d’économie d’eau et d’énergie.

Le gaz, première source d’énergie employée dans les piscines publiques

S'il existe un mix énergétique, le gaz est de très loin la source d'énergie la plus employée dans les piscines, devant l'électricité et le bois. Parmi les énergies renouvelables utilisées, la chaudière biomasse est la plus fréquente. Par ailleurs, la majorité des collectivités urbaines disposent d'espaces disponibles (toitures, pelouse, ombrières, parkings…) pour accueillir des sources d'énergies renouvelables.

Les collectivités se mobilisent pour réduire la facture

Face à l’inflation, les collectivités usent d’ingéniosité pour réduire la consommation d’énergie des piscines. Parmi les actions mises en œuvre :

  • Diminuer les températures de l’air et de l’eau
  • Réduire les plages horaires d’ouverture
  • Décaler la date de réouverture des bassins extérieurs
  • Supprimer certaines activités comme les bébés nageurs
  • Fermer l’accès aux scolaires durant le mois de septembre
  • Réduire le budget de fonctionnement en reportant des achats
  • Répercuter les coûts de l'énergie sur les tarifs d'accès aux équipements aquatiques (augmentation de 1€ sur le prix d’entrée)

A plus long terme :

  • Isoler les bâtiments
  • Développer les « bassins nordiques »
  • Investir dans les innovations vertes, comme l’énergie solaire, la géothermie ou la biomasse

Du système de chauffage à la pompe de filtration, en passant par l'éclairage LED, les piscines collectives disposent à présent d'un large panel d'options pour alléger drastiquement leur facture énergétique sur le long terme. Certaines font d'ailleurs preuve d'une créativité intéressante, comme en témoigne la piscine de la Ville de Paris, à la Butte-aux-Cailles chauffée par un datacenter : les deux bassins, intérieur et extérieur, de la piscine de la Butte-aux-Cailles sont chauffés par des serveurs informatiques. Les six chaudières installées permettent de réaliser une économie de 45 tonnes de CO2 par an.

Cherche maîtres-nageurs-sauveteurs désespérément

En parallèle de la hausse des prix de l’énergie, les grandes villes, agglomérations et métropoles sont confrontées à de fortes difficultés de recrutement, notamment de maîtres-nageurs. Les principales raisons des difficultés de recrutement sont le salaire, les horaires décalés, la concurrence d'autres équipements ou encore la situation géographique.
La période Covid-19 n’a pas aidé. Si l'harmonisation des salaires et la valorisation du métier font partie des axes de travail des acteurs concernés, la question de la formation, et notamment de la mise en place d'une maquette unique assurant une qualité uniforme sur l'ensemble du territoire national, reste centrale. Des réunions de travail devraient avoir lieu avec le ministère des Sports d'ici la fin de l'année 2022.