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Santé

Métropoles : une place incontournable dans la santé de demain !

05/04/2022

Dans une tribune parue dans Les Echos, France urbaine et Frédéric Bizard appellent à la mise en œuvre d’une approche territoriale et démocratique de la santé de demain.

Jean-Luc Moudenc, Maire de Toulouse, Président de Toulouse Métropole, 1er Vice-président de France urbaine, Grégory Doucet, Maire de Lyon, co-président de la commission « Santé » de France urbaine, Emile-Roger Lombertie, Maire de Limoges, co-président de la commission « Santé » de France urbaine et Frédéric Bizard, Professeur d'économie, ESCP, Président de l'Institut Santé, ont publié une tribune le 4 avril 2022 dans Les Echos. Ils appellent à la mise en œuvre d’une approche territoriale et démocratique de la santé de demain. Découvrez la tribune :

« La crise Covid a placé pendant deux ans la santé au coeur du quotidien des responsables des collectivités territoriales, dont les maires et présidents de métropoles. Cependant pour de nombreux élus, alertent les signataires de cette tribune, c'est la crise systémique de la santé qui est la plus préoccupante.

Elle conduit un nombre croissant d'administrés d'exiger auprès de leurs élus un droit fondamental, dont la France fut un modèle, le droit d'être soigné. Certains élus ont même dû 'porter plainte contre X pour mise en danger de la vie d'autrui' en 2021 pour faire pression sur l'Etat, dont c'est la compétence. La question de l'accès aux soins pour tous est devenue une préoccupation majeure des élus. Si les réponses sont multifactorielles, l'approche territoriale et démocratique de la santé facilitera la résolution de cette faille. Cependant, c'est la nouvelle promesse du futur système de la santé, passer de l'accès aux soins pour tous à l'accès à la santé globale pour tous, qui placera les métropoles comme des acteurs incontournables du futur système de santé.

Le SOS des élus locaux face aux déserts médicaux

Alors que seulement 1 % de la population (600 000 personnes) habitait dans un désert médical en 2007, ce chiffre est aujourd'hui de 11 %, soit près de 7 millions de personnes. Plus de 150 cantons n'ont plus de médecins généralistes et 80 % des cantons ont connu une baisse de la densité de leurs médecins généralistes depuis 10 ans, un phénomène qui après avoir d'abord touché le milieu rural, ne cesse de frapper en milieu urbain désormais. Outre la médecine de ville, la crise hospitalière et la faible présence médicale dans les Ehpad mettent en péril l'accès à un médecin pour nos concitoyens. Si les causes sont multifactorielles, l'essentiel est lié à la démographie, à la suradministration de la santé et à une gouvernance inadaptée.
La hausse du nombre de professionnels formés ne réglera rien à court terme du fait de la longueur des études. Elle sera à faible impact à moyen terme si l'attractivité de l'installation en ville et dans les établissements n'est pas pleinement restaurée et si la répartition des installations ne correspond pas au volume des besoins. Avec plus de 15 % du temps médical dédié aux tâches administratives, la suradministration de la santé est source de perte des vocations.

Spirale décliniste du système de santé

En 2020, 25 % des nouveaux inscrits à l'Ordre des médecins n'étaient pas en activité régulière. Avec l'acte le plus courant en ville valorisé 25 € (12 € net de charges), cette dévalorisation de la prestation intellectuelle médicale est délétère à tous les niveaux.
Ce que les élus ont ressenti dans la crise Covid avec des injonctions souvent contradictoires des pouvoirs Publics et déconnectées des réalités du terrain, les professionnels de santé le vivent au quotidien depuis une décennie. La faiblesse de la démocratie participative en santé, excluant du processus de décision ceux qui ont la compétence médicale et ceux qui ont la connaissance des territoires, est une faiblesse majeure du système actuel. Elle explique la spirale décliniste du système de ces dernières années.
Pour une approche territoriale et démocratique de la santé de demain
Dans le futur système de santé, la nouvelle gouvernance devra piloter le système avec une approche globale de la santé, à partir des besoins de santé de la population et à travers des institutions démocratiques de proximité.
Cette triple évolution stratégique impliquera une territorialisation aboutie de la santé qui se traduira par des territoires de santé communs à tous les professionnels de santé. Ces territoires apporteront des réponses concrètes aux besoins de santé des citoyens. Tous les professionnels de santé, du privé comme du public, délivreront un service public territorial de santé qui se substituera au service public hospitalier actuel. »