Le tourisme urbain en pleine (r)évolution

La commission « Tourisme » de France urbaine, co-présidée par Cécile Helle, Maire d’Avignon et Jean-Luc Bohl, Premier vice-président de l’Eurométropole de Metz, a récemment accueilli une délégation d’ADN Tourisme, fédération des offices, comités départementaux et régionaux du tourisme.
 
Lors de cet entretien, Christian Mourisard, Président d’ADN Tourisme, a présenté son organisation et le « Manifeste pour un tourisme responsable », paru en septembre 2021, qui présente les grandes orientations engagées par les professionnels du tourisme pour transformer le secteur en profondeur au sortir d’une crise sanitaire et économique particulièrement violente et répondre ainsi aux enjeux liés aux transitions écologique et énergétique. Les échanges avec plus de vingt territoires urbains ont permis de dégager quelques tendances et des objectifs partagés.

Le tourisme urbain en pleine (r)évolution

Lourdement impacté par la crise et injustement décrié, le tourisme urbain se repense actuellement de façon plus transversale, sobre et engagée. La capacité d’accueil et d’hospitalité des grandes villes se régénère autour d’une approche plus apaisée, revenant vers la clientèle de proximité, s’appuyant sur les résidents et qui a pour objectif de « remettre de l’humain dans un secteur qui a besoin de retrouver du sens », comme l’a précisé Sylvie Tomic, Adjointe au Maire de Lyon, lors de l’échange.

Pour Cécile Helle, Maire d’Avignon et co-présidente de la commission « Tourisme » de France urbaine, « la crise a permis de consolider ou créer des solidarités et de nouveaux communs » pour rapprocher les visiteurs et les habitants et développer des politiques d’hospitalité qui intègrent l’ensemble des visiteurs d’un territoire, comme les personnes malades et leurs familles.  « Ces nouvelles proximités remettent en évidence la responsabilité sociale du tourisme » précise Jean-Luc Bohl, Vice-président de l’Eurométropole de Metz et co-président de la commission « Tourisme » de France urbaine. Le tourisme doit savoir s’adresser aux touristes français et étrangers mais aussi aux populations locales, notamment celles qui se tiennent à distance des lieux touristiques de leur propre territoire. Les villes se remodèlent autour de ces enjeux. De fait, l’aménagement de l’espace public ou les mobilités participent directement de l’écriture des nouvelles stratégies touristiques et de nouvelles formes d’hébergements apparaissent, moins standardisées.

« Transmettre, innover, protéger » 

Le patrimoine, la culture, le sport et les loisirs font partie des fondements de ce tourisme urbain en réinvention. Pour Roger-Yves Chartier, Adjoint au Maire de Montpellier, « Transmettre, innover et protéger sont les nouvelles priorités d’un accueil touristique qui doit aussi prendre la forme d’un « accompagnement du visiteur ». Actuellement, la dimension festive et populaire des villes renaît, de manière plus qualitative et innovante.

Travailler en réseau pour plus d’efficacité

Pour amplifier et déployer ces transformations, le paysage institutionnel doit lui aussi changer de logiciel, en basculant vers la transversalité et le dépassement des frontières administratives. Pour Sylvie Tomic, « le leadership n’a pas de sens ». La multiplicité des dimensions concernées (espace public, mobilités, hébergement, sécurité, animation…) suppose d’impliquer l’ensemble des acteurs publics et privés dans ces nouvelles stratégies touristiques. Le travail en réseau, de manière horizontale, est plus pertinent que la quête d’un chef de file ou d’un interlocuteur unique. La diversité des territoires et, par conséquent, de leurs politiques touristiques, plaide en faveur de cette approche souple et différenciée. ADN Tourisme soutient cette approche où « les responsabilités doivent s’adapter aux spécificités des territoires » estime son président Christian Mourisard.

Le tourisme comme incarnation de l’alliance des territoires

Au cœur de cet environnement plus flexible et agile, « les villes se repensent comme camps de base de parcours touristiques qui incarnent l’alliance des territoires et permettent de dépasser les oppositions stériles entre territoires urbains et territoires ruraux » confirme Jean-Claude Dardelet, Vice-président de Toulouse Métropole. Les opérateurs touristiques construisent actuellement des offres groupées plus transversales et « trans-territoriales ». Cette diversification des offres permet aussi de développer un « tourisme des quatre saisons », actif 365 jours par an, qui suppose de repenser l’activité horaire du tourisme pour tenir compte d’une fréquentation plus étalée tout au long de l’année.
Quant au tourisme d’affaires, le secteur doit lui aussi investir et se renouveler sur la base de ce nouveau paradigme. Les grandes villes sont évidemment en première ligne dans l’impulsion et l’accompagnement de ces transformations. La rénovation et la transformation des équipements de congrès et d’expositions mobilise actuellement de nombreux territoires urbains, qui repensent ces lieux pour les rendre, là aussi, plus flexibles et adaptables à des usages multiples et variés.
 
Sur la base de ces convergences, France urbaine et ADN Tourisme poursuivront dans les prochains mois leurs échanges, en portant leur attention sur deux dimensions méthodologiques importantes. En premier lieu, l’adaptation des outils nationaux à ces nouveaux enjeux, tels que la revalorisation du tourisme domestique, via l’évolution d’Atout France, adossée à un Ministère de plein exercice organisé autour de ces transformations vers un tourisme durable et responsable et non plus autour d’objectifs quantitatifs. Les deux associations se mobiliseront aussi sur le renforcement et la diffusion d’outils d’observation et de collecte de données, définis avec les collectivités et leur permettant de disposer d’informations fiables et comparables. Le renforcement de France Tourisme Observation fait partie de de ces attentes partagées.