L'attractivité, une notion en question dans les métropoles

L’attractivité laisse peu à peu la place à l’hospitalité, la mise en visibilité prend le pas sur la promotion et le marketing, l’agilité et l’humilité deviennent des valeurs importantes.
A l’invitation de la Fédération des Etablissements Publics Locaux (EPL), réunie du 4 au 6 octobre 2022 pour son congrès annuel à Tours, France urbaine a pu partager ses réflexions et travaux sur l’attractivité avec les acteurs de l’économie mixte. Ces derniers sont fortement impliqués dans ces questions par l’intermédiaire de plusieurs Sociétés publiques locales (SPL) et Sociétés d'économie mixte (SEM), agences de développement, de promotion, de prospection ou d’attractivité.
L’attractivité, une notion fortement bouleversée
L’occasion de rappeler combien cette branche du développement économique, dédiée au marketing des territoires et à l’implantation d’activités exogènes (entreprises, événements, talents…) est actuellement bouleversée par les transformations en cours et en perspective : le « modèle » barcelonais des années 1990, décliné ensuite à Lyon puis dans les principales métropoles et agglomérations françaises dans les années 2000, laisse progressivement la place à des stratégies et des outils de plus en plus différenciés. Les métropoles conquérantes et ambitieuses s’ouvrent progressivement à des thématiques qui font rentrer certaines d’entre elles dans une nouvelle ère, un « âge de raison » : l’attractivité laisse la place à l’hospitalité, la mise en visibilité prend le pas sur la promotion et le marketing, l’agilité et l’humilité deviennent des valeurs importantes.
Les outils se transforment à leur tour
Pour accompagner ces mutations, les outils se transforment aussi : des agences disparaissent, d’autres se créent ou se transforment, les équipes des grandes intercommunalités urbaines évoluent elles aussi en conséquence. Les cibles mutent également, les territoires sont plus sélectifs et attentifs en priorité à la consolidation des chaînes de valeur locales, les argumentaires s’adaptent aux transformations sociétales et entrepreneuriales : la qualité de vie, celle de l’appareil de formation, la solidité du système de santé et de solidarité deviennent les paramètres clefs d’implantation des entreprises. Les objectifs des agences ne sont donc plus uniquement quantitatifs et se mesurent désormais sous l’angle de leur impact durable sur les territoires accueillants. La présence sur les grands salons dédiés au marketing et à l’investissement, comme le Marché international des professionnels de l’immobilier (MIPIM), n’est plus aussi évidente que durant les années 2000 et 2010 et s’apprécie, elle aussi, au regard des bénéfices durables pour les territoires.
Un impact sur le positionnement et le fonctionnement des intercommunalités
Ces évolutions impactent également le positionnement des intercommunalités urbaines : l’attractivité ne peut pas être perçue comme une politique publique solitaire et égoïste. Elle nécessite d’embarquer l’ensemble des compétences de la collectivité : la performance du système de transports collectifs, l’offre scolaire, la sécurité ou la propreté de l’espace public sont des déterminants clefs de l’attractivité. Comme le développement économique induit par ces nouvelles formes d’attractivité impacte directement le fonctionnement des territoires, il est primordial de mobiliser également les « capacités relationnelles » du territoire et de faire de l’attractivité un des pivots de l’Alliance des territoires : plusieurs métropoles (Nantes, Montpellier, Grenoble…) impliquent désormais les intercommunalités riveraines dans les stratégies et outils d’attractivité.
France urbaine poursuivra le travail autour des enjeux d’attractivité en organisant prochainement deux ateliers sur les évolutions en cours dans les territoires urbains.