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Santé

Lancement du volet Santé du Conseil national de la refondation : les grandes villes, agglomérations et métropoles prêtes à jouer le jeu

20/10/2022

France urbaine entend s'investir dans les prochains mois pour une meilleure couverture médicale, de nouvelles prises de responsabilités en matière de prévention et d’éducation à la santé.

Le 13 octobre 2022, la commission « Santé » de France urbaine est revenue sur le lancement du Conseil national de la refondation (CNR) spécifique à la Santé, organisé le 3 octobre dernier au Mans et sur les propositions que l’association entend défendre dans les prochains mois auprès des pouvoirs publics, pour une meilleure couverture médicale, de nouvelles prises de responsabilités en matière de prévention, d’éducation à la santé ou encore de santé sexuelle et une représentation des élus dans les instances territoriales de santé. Le nouveau président de la Fédération hospitalière de France (FHF), Arnaud Robinet, Maire de Reims, a participé à cette réunion.

Lancement du CNR Santé : une organisation en rodage, des leviers d’action à investir

Christian Lacoste, adjoint au Maire du Mans délégué à la Politique de sécurité, prévention et santé, est revenu sur les échanges du CNR, tant dans le format « ateliers » du 30 septembre que lors de la plénière du 3 octobre, en présence du Ministre François Braun. La séance plénière, en présence du Ministre et avec la participation de 500 personnes, a permis une restitution des ateliers avec une focale mise par François Braun sur l’approche territoriale, la réponse aux besoins identifiés, la responsabilité partagée et l’évaluation des projets innovants. Le renforcement de l’attractivité des territoires via un accès aux soins ajusté était un des éléments-clé du discours du ministre, avec l’importance de s’appuyer sur des Communautés professionnelles territoriales de santé (CPTS) et Agences régionales de santé (ARS), notamment leurs délégations départementales, en proximité avec les territoires. Si le ministre souhaite un maillage des Communautés professionnelles territoriales de santé en 2023 sur tout le territoire, l’implication des collectivités locales est surtout attendue sur la mobilisation de locaux adaptés à la pratique médicale et l’aller-vers des publics en fragilité et précarité, en particulier les jeunes.

Ce premier Conseil national de la refondation sur le thème de la santé prouve que les grandes villes, agglomérations et métropoles ont vocation demain à davantage investir les conseils territoriaux de santé (CTS) et Communautés professionnelles territoriales de santé qui se révèlent les instances stratégiques de décision et d’arbitrage, où les élus urbains sont globalement peu représentés, contrairement aux ARS. Aussi un partenariat entre élus et CPTS doit pouvoir être noué au risque d’un fonctionnement hors sol de ces dernières, en déconnexion avec les besoins des populations et bassins de vie.

Reste à déterminer la manière dont les territoires urbains pourront apporter le plus efficacement et concrètement leur voix. Les sujets de travail qui ont rythmé les ateliers de la journée territoriale du 30 septembre 2022 sont au cœur des responsabilités des élus urbains : l’accès aux soins, l’attractivité des métiers, la continuité des soins et le rôle et missions des communautés professionnelles territoriales de santé (CPTS) dans les territoires, notamment dans le dialogue hôpital privé et public. France urbaine entend être force de propositions et s’investir au mieux dans ces échanges, avec plus de visibilité à l’avenir.

Santé infantile, médecine scolaire, prévention sexuelle… Comment aller plus loin ?

Les travaux de la commission « Santé » ont aussi permis de revenir sur les échanges des Journées nationales de France urbaine, à l’occasion desquels Eve Plenel, directrice de la santé à la Ville de Paris a pu présenter les responsabilités prises par Paris en matière de prévention et d’accompagnement social et sanitaire. Véritable laboratoire, la Ville de Paris est très investie dans la santé des enfants et adolescents et mène un travail actif et volontariste sur les déterminants socio-environnementaux. Sa politique de repérage précoce de pathologies chez les plus jeunes comme d’accès à la santé sexuelle avec la contraception et la prévention des infections sexuellement transmissibles en fait une ville en pointe en matière de promotion de la santé dès le plus jeune âge.

L’engagement de la Ville de Paris, qui déploie des plans de prévention et de suivi jusque 16 ans en articulant ses missions départementales de protection maternelle et infantile (PMI), de médecine scolaire et de planning familial a permis d’illustrer les initiatives renforcées que pourraient prendre demain grandes villes et métropoles, en coopération étroite avec les conseils départementaux, pour consolider un continuum d’éducation à la santé et de prévention dès le plus jeune âge.

Du reste, les villes et les métropoles de Nantes, Grenoble ou Lyon sont alignées, chacune dans leur registre, sur les pratiques parisiennes, avec l’objectif à terme d’encourager ces expérimentations avec les financements afférents qui pourraient provenir des cotisations sociales et des fonds nationaux de prévention de l’Assurance maladie. Assurer le fléchage d’une partie des cotisations sociales vers les territoires qui s’engagent dans la santé globale est un projet que France urbaine souhaite pousser à moyen et long terme, en dialogue et concertation étroite avec les conseils départementaux.

France urbaine et la Fédération hospitalière de France, un diagnostic partagé

Arnaud Robinet, nouveau président de la Fédération hospitalière de France (FHF) est revenu sur la crise des recrutements dans la fonction publique hospitalière (ndlr : il manquerait environ 25 000 soignants), avec la nécessité d’augmenter le montant de l’Objectif national de dépenses d'assurance maladie (ONDAM) d’au moins 1 milliard d’euros au titre du Projet de loi de finances de la Sécurité sociale, au regard notamment du contexte inflationniste. Rappelant que 11% des Français n’avaient pas de médecin traitant, le président de la FHF a aussi utilement signalé que l’espérance de vie en France était désormais plus faible qu’en Italie et Espagne, mettant l’accent sur des territoires désormais dépourvus de tout spécialiste.

Avec trois priorités centrées sur la recherche et l’innovation, le numérique par la télémédecine et l’autonomie des territoires, la FHF entend travailler en étroite coordination avec les associations d’élus dont France urbaine afin de faire évoluer la médecine de ville et muscler la formation des soignants et médecins hospitaliers. Loin de tout « hospitalo-centrisme », le président de la FHF s’est déclaré ouvert aux expérimentations territoriales, en lien avec les grandes villes et métropoles, autour par exemple de la responsabilité populationnelle afin de mieux lutter contre les affections longue durée (diabète, maladies cardio-vasculaires…). Le bilan positif établi sur les cinq villes moyennes-pilotes invite à aller plus loin sur ce plan.

Faciliter l’accès aux soins de l’ensemble de nos concitoyens, accompagner le vieillissement de la population, améliorer le dialogue entre les préfets et les Agences régionales de santé, repenser l’offre en EHPAD, renforcer les dispositifs de prévention et de détection, traiter les zones blanches et déserts médicaux des grandes villes et métropoles sont autant de chantiers sur lesquels la Fédération hospitalière de France entend s’investir dans les prochains mois, en dialogue étroit avec France urbaine.