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Sport

La nouvelle gouvernance du sport à l’épreuve de la crise énergétique

26/10/2022

La commission « Sport » de France urbaine a réuni le 18 octobre 2022 plus de 60 élus et cadres des grandes villes, agglomérations et métropoles ainsi que le mouvement sportif.

Dans le cadre de sa commission « Sport », France urbaine a réuni, le 18 octobre 2022, le mouvement sportif représenté par le Comité national olympique et sportif français et quelques fédérations sportives pour échanger sur l’actualité énergétique, avec en toile de fond le plan de sobriété dédié.

La nouvelle gouvernance du sport à l’épreuve de la crise énergétique

La commission « Sport » de France urbaine, co-présidée par Roselyne Bienvenu, Vice-présidente d’Angers Loire Métropole, et de Pierre Rabadan, adjoint à la Maire de Paris en charge des Sports, des Jeux olympiques et paralympiques et de la Seine, a invité le 18 octobre dernier le mouvement sportif, fort de l’actualité dédiée à la crise énergétique. Autour de la table : le Comité national olympique et sportif français (CNOSF), l’Association nationale des ligues de sport professionnel (ANLSP), le Syndicat national des patinoires, ainsi que les fédérations de basketball, d’athlétisme ou encore de natation, associés aux représentants des grandes villes, grandes agglomérations et métropoles présents.

Cette séquence est intervenue quelques jours après les annonces du Plan de sobriété du ministère des Sports, des Jeux olympiques et paralympiques, pour lequel Anne-Marie Heugas, vice-présidente d’Est Ensemble déléguée aux sports et vice-présidente de la commission Sport de France urbaine, représentait conjointement France urbaine et l’Association Nationale des Elus en charge du Sport (ANDES). Elle est revenue à ce titre sur une partie des propositions, condensées dans 10 principaux axes, portant notamment sur la diminution du chauffage, la réduction des temps d’éclairage, la mise en œuvre de politiques d’incitation en termes de mobilités douces ou partagées.

Des propositions qui vont dans le sens du court terme pour répondre à la crise énergétique, avec l’ambition désormais affichée d’apporter des réponses plus structurelles en termes de sobriété énergétique, tout en intégrant la lutte contre le réchauffement climatique et la capacité de résilience du monde sportif. Maël Besson, spécialiste de la transition écologique du sport, a justement exprimé la responsabilité du monde du sport à travailler à la transformation des comportements, avec des pratiques sportives qui deviennent des symboles d’injustice climatique. Parmi les perspectives dressées, celle de la remise en question du modèle économique sportif dans le cadre de la nécessaire régulation du sponsoring et de l’interdiction de la publicité de produits néfastes pour la planète.

Assurer la continuité du service public du sport

Cette configuration inédite de la commission sport est symbolique à plusieurs égards : elle dénote d’abord la responsabilité politique assumée collectivement par les collectivités, l’Etat et le mouvement sportif. La continuité du service public du sport est revenue ainsi largement dans les échanges, en miroir notamment de la séquence relative, il y a quelques semaines, à la fermeture de piscines gérées en délégation de service public, tandis que des équipements aquatiques en régie subissaient également des fermetures partielles ou des tranches d’ouverture restreintes.

Bénédicte Compois, vice-présidente de la Fédération française de natation (FFN) en charge des questions écologiques, a relayé l’impact de ces décisions sur le savoir-nager, alors que les noyades des plus jeunes augmentent et que l’apprentissage de la nage est battu en brèche, notamment dans les territoires et quartiers les plus défavorisés. Malgré le Pass sport, la perte de pratiquants et licenciés est un sujet à prendre en compte pour l’avenir, avec des répercussions sur la santé des personnes, alors que les conséquences de la sédentarité notamment chez les plus jeunes après deux ans et demi de crise de Covid-19 sont connues. A noter les premiers arbitrages instructifs remontés des collectivités dont celui de la métropole Aix Marseille qui a du supprimer récemment les créneaux dédiés aux bébés nageurs.

La Fédération française de natation accompagne les collectivités engagées dans des travaux de rénovation ou construction pour développer des piscines moins énergivores, malgré la vétusté des équipements et les répercussions sur leur coût énergétique et leur empreinte carbone. Elle travaille par ailleurs à la diversification de son offre, en accompagnant les collectivités sur l’aménagement des plans d’eaux pour pratiquer l’activité aquatique sur des espaces naturels. Une activité qui met également en lumière les enjeux relatifs à l’eau (sécheresse, qualité, etc.).
Réunir les conditions de la continuité du service public sportif, c’est ce à quoi s’est également engagé le Syndicat national des patinoires, qui a décliné un plan d’actions visant à des économies d’énergie, présenté par son président, Yann Pesando. Emmanuelle Jaeger, vice-présidente de la Fédération française d’athlétisme en charge de la vie des clubs et de la sobriété énergétique ainsi que Jean-Pierre Hunckler, trésorier de la Fédération française de basket-ball, se sont inscrits dans le sillage de ces interventions.

La FFBB a dressé depuis 2017 un bilan carbone, s’engageant depuis plusieurs années à l’organisation d’événements éco-responsables. A l’occasion de sa dernière Assemblée générale, à laquelle France urbaine a pris part, elle a créé un groupe de travail « sobriété énergétique » et décidé la nomination de référent dans chacune des ligues régionales.

Un appel au financement massif

En plein Projet loi de finances, l’occasion pour France urbaine d’appeler le gouvernement à inclure un bouclier énergétique d’urgence pour les collectivités les plus impactées. A l’unisson, les participants de la commission « Sport » ont appelé de leurs vœux des financements massifs pour la rénovation du parc sportif, en lien avec le « Fonds vert » doté désormais de 2 milliards d’euros. Il s’agit là de 320 000 équipements structurants au service du sport pour tous et du sport scolaire qui font face à des faiblesses énergétiques et structurelles et qui appellent à agir en urgence, en complément des équipements sportifs de proximité du plan 5 000 équipements.

Dans un récent rapport, I4CE estime que les collectivités doivent réaliser au moins 12 milliards d’euros d’investissements chaque année d’ici 2030 pour atteindre les objectifs de la Stratégie nationale bas carbone (SNBC), soit 20% de leur budget d’investissement. Une enveloppe budgétaire considérable qui demandera une mobilisation sans équivalent et un accompagnement puissant et significatif de l’Etat. En ce sens, collectivités et mouvement sportif doivent agir de concert : cela passe par des réflexes d’échanges et des séquences de travail périodiques, l’essence même de la nouvelle gouvernance du sport, en complément et bonne intelligence avec les initiatives et décisions déjà prises par le ministère des Sports et Jeux olympiques et paralympiques.