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Politique de la ville
Alliance des territoires
Participation citoyenne

Futurs contrats de ville : France urbaine rappelle sa philosophie

26/01/2022

Michel Bisson, président de Grand Paris Sud, était auditionné le 20 janvier 2022, par la commission chargée de préparer les futurs contrats de ville.

Michel Bisson, président de Grand Paris Sud et co-président de la commission "Politique de la ville et cohésion sociale" était auditionné le 20 janvier 2022 par la commission installée fin 2021 par Nadia Hai, ministre déléguée à la politique de la ville, chargée de préparer les futurs contrats de ville après 2023. L’occasion pour Michel Bisson de rappeler la philosophie de France urbaine sur ce dossier tant sur le plan de la méthode que de l’accompagnement prioritaire par l’Etat des villes les plus en difficulté et de la nécessité de faire confiance aux solidarités du bloc local.

Faire confiance aux habitants et poser un regard nouveau sur la participation citoyenne

Le président de Grand Paris Sud a insisté sur l’importance de redonner confiance aux habitants des quartiers populaires, en considérant les personnes, quel que soit leur statut social, comme des ressources et des richesses pour le collectif et la société. Et de valoriser bien commun et parcours personnels, singulier et universel. 

Regrettant la dictature de l’urgence, Michel Bisson considère que la notion de participation des habitants devait être revisitée, à l’aune des priorités nouvelles de nos concitoyens et de leurs capacités de mobilisation sur des projets ponctuels et bien circonscrits (ZAD, lutte contre la maladie, cancer...). De fait, les modes de fonctionnement sont aujourd’hui très horizontaux, caractérisés par un certain éloignement de la politique, tant au niveau national que local. C’est souvent sur des projets concrets mettant en place des solidarités nouvelles que les citoyens se mettent en mouvement, à l’instar d’une gratuiterie lancée récemment à Grand Paris Sud, qui permet à toute personne d'apporter les objets dont elle ne se sert plus et/ou de regarder ce qu'il y a en stock et de se servir.

Michel Bisson est également revenu sur un écoquartier récemment labellisé par l’Etat et la Région à Grand Paris Sud, avec une maison des projets qu’un bailleur social a mis à disposition.  Des brocantes y sont organisées comme des ateliers de sensibilisation au geste écologique. Le vivre/agir ensemble en est le marqueur principal, avec à l’appui un tiers-lieu qui met la culture au service du plus grand nombre, avec des stages proposés aux jeunes. Comment changer donc l’image des quartiers et de leurs habitants ? Si nos quartiers ont d’incontestables talents, il s’agit surtout de s’appuyer sur leurs capacités d’innovation et d’expérimentation et mettre l’accent sur des sujets stratégiques comme la lutte contre l’illettrisme et l’illectronisme.

Pacte de Dijon 2018, pacte pour l’inclusion urbaine et républicaine 2021, contribution présidentielle 2022 : pour une vision intégrée, pragmatique, territorialisée et efficace de la politique de la ville

Interrogé sur les futures contractualisations, alors que les actuels contrats de ville ont été prolongés jusqu’en 2023, Michel Bisson a insisté sur la nécessaire équité territoriale, avec le besoin de donner une dimension plus sociale aux actuels contrats de relance et de transition écologique (CRTE).

Les politiques-pansement ou curatives ne suffisent pas ou plus à régler les problèmes d’aujourd’hui : un nouveau logiciel doit s’imposer, avec une pensée et des actions plus territorialisées qui dépassent les zonages-carcans. A ce titre et pour illustration, il est bon de rappeler que 50% des habitants vivant sous le seuil de pauvreté à Grand Paris Sud habitent hors des frontières administratives et géographiques de la politique de la ville, ce qui démontre l’importance d’envisager une géographie prioritaire prenant en compte les nouvelles vulnérabilités issues de la crise sanitaire, au-delà du seul revenu par habitant.

Aujourd’hui, une centaine de territoires en très grande difficulté aurait besoin de l’aide augmentée et sur la durée de l’Etat, à l’instar de Grigny qui bénéficie d’une ORCOD-IN, où l’accueil des habitants doit être organisé en début de parcours, avec des accompagnements conséquents. Ici, les politiques de droit commun, en matière d’éducation et d’emploi doivent être puissamment mobilisées, avec l’ensemble des acteurs, dont les CAF, dans le cadre des cités éducatives et de l’emploi.  A Grand Paris Sud, les CAF de l’Essonne et de Seine-et-Marne permettent l’accès aux données statistiques, pour les aides à la parentalité qu’elles apportent aux acteurs locaux et associatifs, ce qui permet à la collectivité de mieux ajuster ensuite ses interventions.

Pour ce qui est des autres villes et agglomérations, c’est là le projet de territoire qui doit s’imposer, avec une géographie prioritaire validée à l’échelle de l’EPCI, en lien étroit avec les villes, au titre de la différenciation territoriale et de la confiance au bloc local. C’est dans ce cadre que doit s’envisager la délégation de tout ou partie des crédits du BOP 147 aux communautés et métropoles volontaires, notamment pour la réussite éducative et la prévention spécialisée, avec un contrôle de l’Etat a posteriori.

Il en découle pour l’avenir plusieurs prérequis : un arrêt des appels à projet et appels à manifestation d'intérêt (AMI) à répétition avec une approche descendante, la nécessité de partir du projet de territoire et de construire des politiques publiques différenciées, un travail sur la chaîne de l’action publique et son continuum. Comme beaucoup d’autres dispositifs, « Un jeune, une solution » et le Contrat d’Engagement Jeune apparaissent aujourd’hui comme les contre-exemples de ce que sont des dispositif "top-down" qui ont bien du mal à être mis en musique sur le terrain, faute d’une concertation suffisante en amont avec les acteurs locaux.