France urbaine et Karl Olive se rejoignent sur l’insertion par le sport des jeunes des quartiers prioritaires

Pierre Rabadan, adjoint au sport auprès de la Maire de Paris et co-président de la commission "Sport" de France urbaine était auditionné, le 14 janvier 2022 en visioconférence, par Karl Olive, Maire de Poissy, chargé par le gouvernement d’établir un rapport sur les voies et moyens d’améliorer l’insertion par le sport des jeunes des quartiers de la politique de la ville (QPV). L’occasion de présenter les premières conclusions de ce rapport…et de valoriser l’étude réalisée par France urbaine sur le sujet il y a un an.

Vers des contrats locaux du sport

A l’instar des contrats locaux de sécurité et de prévention de la délinquance (CLSPD), le maire de Poissy souhaiterait promouvoir des contrats locaux spécifiques au sport afin de rassembler tous les acteurs publics et privés intéressés et faire du sport un enjeu global et intégré de cohésion sociale, de développement économique et urbain et de transition écologique des territoires. L’ANRU et l’Agence nationale du sport (ANS) auraient, dans ce cadre, une place prépondérante pour accompagner les projets d’équipements et d’infrastructures.
Partant, il s’agit de hisser le sport au bon niveau comme vecteur d’épanouissement individuel et collectif, de prévention et de lutte contre la délinquance, réunissant Etat, collectivités locales et acteurs associatifs. De fait, dans les grandes villes et agglomérations, force est de constater que la pratique du sport contribue largement à l’amélioration du vivre et agir ensemble, au brassage et mixité des populations, alors que les lieux de rencontre et d’échange sont de plus en plus restreints et déterminés socialement.
La promotion du sport doit être également un moyen de consolider l’adhésion aux valeurs républicaines de solidarité et de respect de la laïcité : le maire de Poissy, lucide, ne s’est pas privé de souligner les cas d’entrisme et de communautarisme observés ces dernières années dans certaines disciplines.

Un enjeu de santé publique

Dans son rapport définitif, Karl Olive devrait largement insister sur la dimension santé des activités physiques et sportives (APS). Sport/santé, sport sur ordonnance : les dispositifs existent comme les initiatives locales, sauf qu’une impulsion nouvelle mérite d’être donnée, alors que le nombre de pratiquants plafonne encore dans notre pays, en comparaison de la Grande Bretagne ou l’Italie.
Il est proposé que la question du sport figure en bonne place dans les orientations stratégiques des futurs contrats locaux de santé (CLS), de niveau communal et/ou intercommunal, à l’instar de l’alimentation, de la santé mentale ou des politiques de prévention. Nombre d’études européennes et internationales ont, en effet, montré les bienfaits dans la durée du sport sur la santé des pratiquants. S’appuyant sur son expérience de maire, Karl Olive a souligné que la pratique encouragée du sport chez les agents de la ville de Poissy avait amélioré la productivité des services, les conditions de travail et la satisfaction des personnels, avec des taux d’absentéisme en nette baisse.
Tous les acteurs de l’écosystème de soins doivent intégrer les enjeux sport dans leur gouvernance et recommandations, à l’instar des groupements hospitaliers de territoire (GHT) ou des communautés professionnelles territoriales de santé (CPTS). Enfin, les mutuelles doivent être embarquées dans ces orientations, avec une prise en charge améliorée des prescriptions délivrées par les médecins et soignants.

Des propositions de France urbaine bien accueillies

En février 2021, France urbaine publiait une étude sur thème : « Sport et QPV : état des lieux et recommandations », qui identifiait des lignes de force communes à de nombreux territoires et emportait des préconisations structurantes. Karl Olive s’est déclaré ouvert à l’idée de reprendre plusieurs d’entre elles dans son rapport, notamment celle visant à attribuer une enveloppe de 1 % du budget global des Jeux olympiques et paralympiques 2024 sur des projets ou dynamiques présentes dans les villes en QPV, afin que le sport (professionnel et médiatisé) puisse financer le sport (amateur et local) et l’héritage territorial des JOP. 
Le maire de Poissy s’est dit également sensible à l’idée d’adapter et consolider les offres de formation, autour d’un corpus dédié à la raison sociale et éducative des associations sportives et extra-sportives : les médiateurs se doivent d’avoir une forte culture sportive et des qualités d'animateurs, tout en disposant des outils nécessaires pour mener à bien leurs missions. La formation des encadrants en QPV est un sujet majeur de même que le soutien aux bénévoles intervenant dans ces territoires. Symétriquement, la présence et l’action des fédérations au sein et à destination des QPV sont essentielles.
 
En phase avec France urbaine et Pierre Rabadan, le maire de Poissy souhaite maintenir disponibles et accessibles les équipements sportifs de proximité, avec l’ouverture des stades et gymnases à des horaires décalés. Les équipements scolaires doivent pareillement pouvoir être laissés ouverts hors temps scolaire : aujourd’hui, ces bonnes pratiques reposent seulement sur la bonne volonté des chefs d’établissement…
 
L’audition fut particulièrement fructueuse, avec la volonté d’inscrire le sport au bon niveau comme un enjeu transversal et interministériel de société. A ce titre, le secteur privé est très attendu : dans la conférence des financeurs au sein des nouvelles conférences régionales du sport (CRS) ou à travers un fonds dédié de dotation des entreprises. Le sport handicap comme le sport adapté ont été  abordés, avec la nécessité là aussi de personnels encadrants bien formés. A deux ans des JOP 2024, le maire de Poissy souhaite à l’évidence profiter de la séquence pour dessiner des politiques sportives nationales et locales ambitieuses, visant à faire de la France une authentique nation sportive dans le concert mondial.