Formation des policiers municipaux : France urbaine et le CNFPT appellent à faire « cause commune »

Le groupe de travail relatif aux polices municipales de France urbaine s’est réuni afin de poursuivre les réflexions sur les tensions de recrutements que subissent les collectivités locales.
Le 4 octobre 2022, le groupe de travail « Polices municipales » de France urbaine piloté par Nathalie Koenders adjointe à la ville de Dijon, s’est réuni afin de poursuivre ses réflexions dans l’objectif de pouvoir identifier des solutions collectives quant aux tensions de recrutements que subissent les collectivités locales en la matière. Au menu de cette séance, une audition du Centre national de la Fonction Publique Territoriale (CNFPT) sur les enjeux d’organisation et de déroulement de la formation.
L’enjeu clé de la formation
A la suite de la première réunion du groupe de travail en juin dernier, le constat avait été fait qu’il existe une multitude de facteurs qui pèsent sur le recrutement des policiers municipaux (concours, statut et grille indiciaire, avantages octroyés, présence de brigades municipales spécialisées dans la collectivité, matériel mis à disposition des agents et armement, formation initiale et continue, qualité de vie…).
Etant donné que les enjeux relatifs à la formation des agents sont au cœur des préoccupations des élus et de l’attractivité des métiers, les membres de France urbaine ont rencontré Laurent Trijoulet, directeur de cabinet auprès du président et Noémie Angel directrice générale adjointe en charge du développement et de la qualité de la formation du Centre National de la Fonction Publique Territoriale (CNFPT).
Pour rappel, les employeurs urbains - dont les 10 plus grandes polices municipales sont logiquement des territoires membres de France urbaine - ont pu collectivement confirmer qu’ils étaient actuellement en période de recrutement de nouveaux policiers municipaux et qu’ils sont aujourd’hui confrontés à des difficultés aiguës de recrutement, au même titre que d’autres métiers, dans le secteur médico-social ou de la petite-enfance par exemple. Une enquête encore en cours devrait d’ailleurs le chiffrer, même si l’on sait déjà que la majorité des grandes villes ont connu des effectifs en nette progression sur la période 2020-2021.
Des délais d’attente toujours plus longs
Par ailleurs, plusieurs territoires ont partagé leurs inquiétudes face aux forts délais d’attente, qu’il s’agisse de l’assermentation des policiers municipaux, qu’au cours de leur carrière lorsqu’il s’agit de suivre une formation continue avec le CNFPT ou même lors de leur titularisation. A titre d’exemple, certains agents fraichement recrutés attendent parfois plus de neuf mois avant de pouvoir partir en Formation Initiale d’Application (FIA) et ne peuvent même pas, en attendant d’aller sur la voie publique, faire de la police administrative avec des agents titulaires. Parallèlement, il existe dans les grandes villes une augmentation des demandes de formation s’agissant des formations au maniement des armes.
Accompagner les agents, une priorité
Lors des discussions, les participants ont également mentionné qu’il y avait de plus en plus de recrutements par voie de détachement d’agents de l’Etat, déjà formés afin de faire face aux besoins accrus d’effectifs. De plus, il a été rappelé que les agents de police municipale sont pour la plupart en relation directe avec le public et travaille dans un environnement particulier. La spécificité de ces métiers, propre à la fonction publique territoriale et les risques qui y sont associés (contraintes organisationnelles, techniques, exposition à des violences physiques et verbales, risques psycho-sociaux…) doivent alors être davantage pris en compte notamment dans les modules de formation.
Face à ces constats et aux difficultés rencontrées par l’établissement en sa qualité d’opérateur unique, les participants au groupe de travail ont fait part de l’importance pour eux de pouvoir suivre étroitement un plan d’action national offrant un service territorial de la formation le plus optimal possible.
Un plan d’action opérationnel lancé
Avant de présenter la stratégie du CNFPT, Laurent Trijoulet et Noémie Angel ont rappelé quelques éléments de diagnostic. En 2021, les agents de police municipale (1,8% des effectifs de la fonction publique territoriale) représentent près de 10% de l’activité et des moyens engagés par l’établissement public : « Il existe une forte augmentation des effectifs à former avec une projection de 11 000 nouvelles recrues d’ici 2026 » ont-ils indiqué.
« La hausse sans précédent des agents à former et de nouvelles obligations de formation mettent en tension l’établissement (…) à cela s’ajoute le fait que les policiers municipaux sont devenus majoritairement armés ce qui induit un très fort impact sur l’attractivité et la formation (…) sans compter l’impact de la création de la police municipale parisienne » alors qu’elle-même est concernée par des difficultés de recrutement.
Cette pression inégalée sur les effectifs et les objectifs de formation pousse ainsi le CNFPT dans « ses limites opérationnelles » avec un socle de formation qui s’élargit, de nouvelles obligations de formation initiale d’application ainsi que les nouvelles possibilités de formations spécialisées liées aux avancées législatives. Dans ce contexte, les représentants du Centre National de la Fonction Publique Territoriale sont revenus sur différentes leviers visant sur le court et le moyen terme, à renforcer la capacité de l’institution à absorber le nombre d’agent qui arrive, à déployer une nouvelle organisation territoriale de la formation ou encore, à réorganiser la formation par le levier pédagogique.
Durant ces riches échanges, les membres du groupe de travail ont pu rappeler quelques pistes de réflexion qui devaient être prises en compte dans la déclinaison opérationnelle du plan d’action :
- favoriser davantage le recours à des intervenants issus des rangs de la police municipale durant les modules de formation ;
- permettre une prise de fonction des agents plus rapide avec par exemple la possibilité d’inclure directement à la FIA la formation à l’armement de l’agent ;
- privilégier des pôles de formation régionaux adaptés et modernisés ;
- développer le nombre de moniteurs en matière de maniement et d’armement.
Au cours de ces discussions nourries, les participants du groupe de travail ont pu alors mesurer les propositions d’orientation et partager ce qui constitue une « cause commune » avec le CNFPT, qui consiste à pouvoir offrir des formations de qualité, à la fois territorialisées, en lien avec les besoins structurels des collectivités et leurs spécificités, dans le cadre d’une offre pédagogique agile et modernisée.